20 avril 2024

Dakar, Étape 9, Wadi Ad Dawasir – Wadi Ad Dawasir, Cornejo et De Villiers prennent date

L’ŒIL DANS L’OBJECTIF

pht. Red Bull

Pensée pour offrir un peu de répit aux concurrents après les « grosses » étapes 7 et 8 jalonnées chacune d’environ 400 km de spéciale, l’étape 9 faisait descendre la barre de secteur sélectif à moins de 300 km.  Au programme du jour, une boucle autour de Wadi Ad-Dawasir en direction de la Province de Aseer et ses pistes le long des canyons du Plateau de Wajid. Une spéciale de 287 km entre 800 et 1200 mètres d’altitude avec plus de la moitié de sable et 14% de dunes en guise de dessert. Les candidats à la victoire à l’étape 12 le savent déjà, c’est ce type de distance de spéciale qu’ils vont retrouver demain et après-demain. Certains espéraient profiter de cette étape pour se regrouper avant les deux tours de piste des étapes 11 et 12 et en vue d’un éventuel sprint final le 14 janvier. Mais ni les motards ni les autos n’ont commis d’erreur de navigation et la caravane est revenue au bivouac sans grand chamboulement.

Stage 9

L’ESSENTIEL

Ils n’ont pas dit leur dernier mot. Parmi les vainqueurs du jour, « Nacho » Cornejo à moto et Giniel De Villiers ont en commun d’avoir passé une première semaine pour le moins délicate, avant de trouver la voie du rebond et de redevenir des protagonistes du classement général capable d’exister dans le Top 10… il ne faudrait pas se faire oublier en vue de 2023 ! Le Chilien s’était déjà imposé il y a deux jours et récidive sur la boucle de Wadi, avec un chrono qui fait le grimper de la 12e à 8e place du général.

#11, Cornejo Florimo Jose Ignacio (chl), Monster Energy Honda Team 2022, Honda CRF 450 Rally, Moto, W2RC, Motul, P1. pht. Florent Gooden / DPPI

C’est encore un peu loin pour batailler comme l’année dernière dans le trio de tête, où les calculettes sont de sortie. En position d’ouvreur, Sam Sunderland a très légèrement subi… suffisamment pour céder le fauteuil de leader à Matthias Walkner avec 2’12’’ d’avance. Adrien Van Beveren conserve quant à lui sa 3e place provisoire mais n’a plus que 45’’ d’avance sur Pablo Quintanilla tandis que Kevin Benavides ne semble pas résigné à sa 5e place, à 10 minutes du nouveau leader.

Kevin Benavides (ARG) of Red Bull KTM Factory Team races, P2.  pht. Red Bull

Les écarts laissent moins de place à l’incertitude en autos, Nasser Al Attiyah ayant encore « gratté » une minute d’avance sur Sebastien Loeb (2e à 39’05’’), mais sans cette fois-ci mettre la main sur la spéciale du jour, ses deux coéquipiers sud-africains chez Toyota, Giniel De Villiers et Henk Lategan, l’ayant devancé dans cet ordre (voir la Perf’ du jour).

Giniel De Villiers (ZAF) of Toyota Gazoo Racing, P1. pht. Red Bull

 

#225 Lategan Henk (zaf), Cummings Brett (zaf), Toyota Gazoo Racing, Toyota GR DKR Hilux T1+, Auto FIA T1/T2, P2. pht. Florent Gooden / DPPI

La situation semble encore plus tranquille chez les T3, où c’est un peu le monde à l’envers. « Chaleco » Lopez, le leader de South Racing, chemine vers le titre avec 1h20 d’avance sur le Can-Am ami de Sebastian Eriksson, alors que le collectionneur Seth Quintero roule avec le stress de savoir s’il va échouer, égaler ou battre le record de 10 victoires sur le même Dakar.

Seth Quintero (USA) for Red Bull off-road Junior Team USA. pht. Red Bull

Encore chez South Racing, Austin Jones a également pris une option sur la victoire, mais ses 13’47’’ d’avance sur Gerard Farres ne le placent pas totalement à l’abri. Au 3e rang, se trouve également le cadet des frères Goczal, Michal, pointé à 16’27’’. Il n’y a pas de suspense quant à la couleur du camion qui montera au sommet du podium final : en revanche, Eduard Nikolaev a rapproché à 8’51’’ son Kamaz de celui du tenant du titre Dmitry Sotnikov.

#505 Nikolaev Eduard (rus), Iakovlev Evgenii (rus), Rybakov Vladimir (rus), Kamaz-Master, Kamaz 43509, T5 FIA Camion, P1. pht. Florent Gooden / DPPI

Les classements ici

 

LE COUP DUR

Peut-être légèrement plus discret que son coéquipier Mason Klein depuis le coup d’envoi de ce 44e Dakar, Bradley Cox s’était tout de même fait d’emblée une place de choix au classement Rally2.

#49, Cox Bradley (zaf), Bas Dakar KTM Racing Team, KTM 450 Rally Factory Replica, Moto, W2RC. pht. Julien Delfosse / DPPI

Sa première aventure dans le plus exigeant des rallyes-raids a commencé en fanfare avec une victoire dans la catégorie à l’issue de l’étape d’ouverture. Mais depuis, le fils de la légende sud-africaine Alfie Cox (13 participations au Dakar) a toujours donné du temps à Klein au général. Déjà dans son sillage lors du Rallye du Maroc, cette fâcheuse tendance se poursuit. En amont de la spéciale du jour, Cox accusait un peu moins d’une heure de retard sur Klein ; un bel écart certes, mais pas insurmontable. Pointé à 24’’ de la référence au premier intermédiaire, il était même légèrement en avance sur Klein. Ça semblait bien parti ! Mais il s’est rapidement effondré, concédant plus de 1h10’ à l’arrivée. L’explication ? Il est passé un peu trop près d’un rocher au km 92 et celui-ci a coupé son réservoir avant, qui s’est alors vidé aussi vite que le temps perdu. Il a donc dû finir la spéciale « sur une jambe » en croisant les doigts pour ne pas tomber en panne au beau milieu du désert saoudien. Il y est finalement parvenu en gérant du mieux la poignée. Au général en revanche, ça fait mal. Il se retrouve exclu du podium provisoire des Rally2 désormais occupé par Klein devant Camille Chapelière et Jan Brabec. Un coup du sort, mais à 23 ans et une carrière prometteuse devant lui… c’est surtout le métier qui rentre.

LE CHIFFRE DU JOUR : 158 KM/H

Ce matin, Sébastien Loeb a pris le départ de la spéciale, passé les six rapports de sa BRX Hunter, avant de rester pied au plancher durant 35 kilomètres ! Une distance que le Français a abattu en 13’43’’, soit à une vitesse moyenne de 158 km/h en guise d’échauffement matinal !

Sébastien Loeb and Fabian Lurquin. pht. Red Bull

Le relevé de données de l’équipe Prodrive a indiqué que le pilote n’a coupé les gaz qu’à quatre mini reprises durant cette période. Une performance qui aurait pu être légèrement supérieure. Pour le moment, en attendant plus de retours de données, la Hunter est limitée électroniquement à 168 km/h afin de ne pas prendre le risque de dépasser la limite réglementaire de 170 km/h lors d’un passage incliné négativement qui pourrait « pousser » l’auto au-delà. Une pénalité de 10’ serait automatiquement appliquée. Ce qui s’appelle flirter avec la limite.

World Rally-Raid Championship : LOEB REPASSE AL ATTIYAH

Au championnat du monde, Al Attiyah et Loeb se sont chacun nourris de points importants : 5 pour Nasser et 4 pour Loeb, qui conserve au général 32 pts contre 30 pour le Qatarien. Mathieu Serradori du SRT reste sur sa lancée de la veille, il s’invite dans le Top 3 du jour parmi les inscrits au W2RC et revient à égalité avec Lucio Alvarez et sa Toyota Overdrive en 5e position. Après deux jours de disette, Roma reprend 2 pts qui le rapprochent d’Al Rajhi.

Nasser Al-Attiyah (QAT) of Toyota Gazoo Racing, P1 au général. pht. Red Bull

En T3, Quintero encaisse 5 points pour la 7e fois consécutive. Cristina Gutierrez et « Chaleco » se partagent le podium dans cet ordre. Le Chilien de South Racing Can-Am est à 32 pts contre 40 pour l’Américain de la Red Bull Off Road Junior Team et 22 pts pour la féminine. Fernando Alvarez empoche 2 pts et revient à égalité de De Mévius avec un total de 9 pts.

#211 Loeb Sebastien (fra), Lurquin Fabian (bel), Bahrain Raid Xtreme, BRX Prodrive Hunter T1+, W2RC, P2 au général. pht. Red Bull

En T4, Marek Goczal remporte une 4e victoire, cette fois-ci devant l’officiel Can-Am Austin Jones de South Racing et son frère du Cobant-Energylandia Rally Team. Au provisoire, Marek compte 31 pts, son frère Michal 27 et l’Américain 26.

En camion, le boss de Big Shock Racing, Martin Macik se place en tête des inscrits au W2RC pour la 8e fois. Il est le plus doté en points du championnat avec 48 unités dans la benne ! 13 point le séparent de Kees Koolen et 20 points le protègent déjà de son coéquipier Maryin Soltys.

La réaction du jour :

Kevin Benavides : « dix minutes, ce n’est rien »

Le tenant du titre a repris du terrain aujourd’hui et pointe 5e du provisoire à 10’22’’

Benavides Luciano (arg). pht. Red Bull

« C’était une étape très rapide et plus courte, une spéciale disons normale. J’ai bien roulé, mais je pense que la navigation était plus facile aujourd’hui. Mais j’ai bien aimé car il y avait aussi beaucoup de vallées, de canyons, c’était une belle étape. Tout peut arriver dans les prochaines étapes, c’est très serré. On donne tous le maximum chaque jour, mais c’est toujours ouvert. Dix minutes, ce n’est rien. Je dois continuer à me battre car tout le monde veut la même chose : gagner. »

Sur un air de Classic

#705, Lerner Amy (usa), Bossaer Sara Carmen (bel), A.L. Rally, Porsche 911SC. pht. Dakar

Marc Douton, tenant du titre dans un buggy Sunhill en 2021, avait annoncé qu’il ne venait pas « défendre son titre, mais le remettre en jeu ». Un coup de bluff ? En fin d’après-midi au bivouac, il attendait les derniers concurrents et pouvait légitimement espérer remporter sa première journée sur cette deuxième édition du Dakar Classic. Placé en 7e position à l’issue du premier test de régularité, une erreur de nav’ a coûté dans la foulée à l’équipage numéro 700… 710 points de pénalité. Une chute à la 25e place en début de rallye suivie d’une remontée méthodique. 21e, puis 15e, enfin 12e hier, le duo Douton-Athymon espérait réintégrer le Top 10 ce soir. Derrière les chiffres, se cache la sueur, la poussière, mais pas une larme ! Engagée en H2, la moyenne intermédiaire, la Porsche 911 type East Safari et ses deux roues motrices ne roule pas des mécaniques dans le désert saoudien. « D’abord, il y a des voitures incroyables, bien plus adaptées que notre princesse. On en paye le prix tous les jours. Thomas notre mécano surtout, qui a plus que beaucoup de boulot. Même si elle s’avère super fiable, tous les jours il y a des petits détails à revoir. La deuxième chose, c’est que le plateau est incroyable, de la Peugeot T15 en passant par les Mitsu jusqu’aux Nissan Dessoude. Et la troisième, c’est que Jérémy n’est pas mon copilote de l’année dernière et que 60% du boulot est fait par le copilote. C’est la première course de Jérémy. Maintenant que l’on s’est trouvé, on arrive à travailler de concert. Mais sans aucune pression, car le héros de l’équipe, c’est la voiture. » Il reste encore trois étapes à la « princesse » pour devenir la reine 2022 et permettre à Marc de rester le roi du désert en Classic.

 

Les réactions :

Pablo Copetti : « Il veut la victoire, je veux la victoire »

Le pilote américano-argentin n’a pas dit son dernier mot : 2e du classement général, il va tout tenter pour rejoindre Alexandre Giroud, qui le précède de 24’31’’.

« C’est difficile de revenir, mais j’ai un peu réduit l’écart aujourd’hui, j’ai gagné l’étape et je reviens sur Giroud. Je me bats et je vais continuer de me battre jusqu’à la fin. Il veut la victoire, je veux la victoire, ce sera un beau final. Je suis passé devant lui pendant l’étape et j’ai foncé pour gagner un maximum de temps. Je suis prêt à attaquer à fond et à prendre des risques pour tenter de réduire l’écart. »

Marek Goczal : « Une étape de rêve »

L’aîné des frères Goczal remporte une cinquième spéciale sur le Dakar 2022, et se réjouit de la réussite familiale qui prend forme. Michal a signé le 3e temps du jour !

« Apparemment on a gagné, et c’était une étape de rêve. Il y avait de belles dunes, une navigation compliquée mais c’était un plaisir à piloter. Je voudrais aussi féliciter mon frère Michal, qui roule avec la pression d’aller chercher une place sur le podium et qui est bien là à l’arrivée ! »

Michal Goczal : « Nous suivons un plan »

Belle journée pour la famille Goczal. Dans le sillage de la victoire d’étape de Marek, Michal signe le 3e temps, qui lui permet aussi de monter sur le podium provisoire des T4, avec moins de trois minutes de retard sur Gerard Farres, 2e derrière Austin Jones. Pendant ce temps, Erik, le neveu, attend son tour.

« Je voudrais d’abord féliciter mon frère d’avoir gagné aujourd’hui, surtout que nous sommes tous les deux sur le podium, nous sommes très heureux. L’étape était courte et rapide. Nous suivons un plan que nous arrivons à respecter tous les jours. Encore une fois nous sommes à l’arrivée sans problèmes, il y a de quoi être contents. Erik est là, à côté de nous, mais il pilotera l’année prochaine. Notre idée, c’est qu’il roule l’année prochaine et qu’on soit sur le podium tous les trois. Pour l’instant, il fait notre mécanicien, notre attaché de presse et encore beaucoup d’autres choses avant d’avoir son propre volant. »

Eduard Nikolaev : « Trois jours pour attaquer »

Quadruple vainqueur du Dakar chez les camions, le pilote Kamaz remporte sa deuxième spéciale cette année, et ne pointe plus qu’à 8’51’’ du leader Dmitry Sotnikov à trois étapes de l’arrivée finale.

« C’était une étape très intéressante, avec beaucoup de cailloux et de poussière. Nous avons fait une belle navigation, mon copilote a été le meilleur. J’ai huit minutes de retard, et trois jours pour attaquer : à fond, à fond, à fond »

Henk Lategan : « Une crevaison dans les 40 derniers kilomètres »

Stoppé par une crevaison en fin de parcours, le pilote sud-africain passe à côté d’une deuxième victoire d’étape cette année. C’est finalement son coéquipier et compatriote Giniel De Villiers qui s’impose… avec 9’’ d’avance.

« Je pense que Giniel va faire le meilleur temps, parce que nous avons eu une crevaison du pneu avant gauche dans les 40 derniers kilomètres et ça nous a arrêtés un peu. On a quand même pu rouler à un super rythme dans les dunes, puisqu’on a réussi à suivre Carlos Sainz lorsqu’il nous a dépassés. Le principal objectif, c’est d’aller jusqu’à l’arrivée avec la voiture en un seul morceau.

Ce que nous avons fait ici va nous aider pour l’année prochaine. Nous avons eu deux mauvaises journées, une où nous avons perdu six heures, et l’autre trois. On essaye d’avoir des journées parfaites tout le temps, mais ce n’est pas toujours possible. Cela fait partie du rallye-raid »

Seth Quintero : « On se bat chacun pour un objectif différent »

Quintero l’a joué prudent aujourd’hui pour éviter de crever

Seth Quintero (USA). pht. Red Bull

« On a fait une journée tranquille, c’était très caillouteux et on a essayé de ne pas crever et de plutôt miser sur la régularité. Pas sûr que cela suffise pour battre Cristina. On se bat chacun pour un objectif différent à présent. Elle pour le général et moi pour battre le record auquel je me suis attaqué. Il me reste encore trois étapes pour le faire. Cristina est très rapide, régulière, cela ne va pas être facile de battre le record de Lartigue, il nous reste encore trois jours. Si l’on remporte deux spéciales on égale le record, si on les gagne toutes, on le bat. Chaque victoire d’étape nous rapporte aussi 5 points au championnat du monde et la victoire de la course que nous ne pouvons plus viser en rapporte cinquante, aussi il nous faut engranger tout ce qui est possible sur chaque étape. On va se battre cette année pour le titre. L’an passé nous sommes passés proche parce que nous avions mal commencé la saison, on va essayer de faire mieux. »

Nasser Al Attyiah : « content que l’on se rapproche de l’arrivée »

3e de l’étape derrière les deux autres Toyota Gazoo Racing, Nasser reprend aussi 1’ sur Loeb

Nasser Al-Attiyah (QAT). pht. Red Bull

« Hormis hier où on a eu un problème avec une pièce neuve changée à la journée de repos, on a fait une bonne course encore aujourd’hui. On finit 3e de l’étape et on possède une bonne avance sur Sébastien Loeb. On est content que la Toyota marche bien mais aussi que l’on se rapproche de l’arrivée. »

Sébastien Loeb : « Pas en position de faire des calculs »

Sans se satisfaire de sa place de deuxième au classement général, le pilote du BRX Hunter constate que sa marge de manœuvre est limitée pour combler son retard de 39 minutes sur Nasser Al Attiyah.

Sebastien Loeb (FRA). pht. Red Bull

« On a fait une belle spéciale, sans problèmes particuliers. Cette spéciale ne se prêtait pas forcément à faire de gros écarts. Il n’y a pas grand-chose de plus à faire, donc on continue à attaquer. Nous ne sommes pas en position de faire des calculs, on a quand même beaucoup de retard sur Nasser. On verra à la fin ».