23 avril 2024

Dakar, Etape 8, Howes et Al-Attiyah, patrons à mi-course

L’œil dans l’objectif

#201, Sébastien Loeb FRA (auto) P1. pht. Dakar, Gigi Soldano

Le dernier exercice avant le repos demandait une application maximale. La boucle tracée au sud d’Al Duwadimi, prévue pour la veille dans le programme initial, a été raccourcie à 345 kilomètres pour permettre à tous les pilotes de s’attaquer à une longue liaison menant au bivouac de Riyadh. Auparavant, ils ont dû se débattre dans une partie de navigation complexe, à la fois dans les pistes empierrées du début de la spéciale et dans l’enchaînement des vallées et des massifs de dunes de la dernière portion. Les motards qui avaient la charge d’ouvrir ont payé cette difficulté, même avec les bonifications attribuées aux trois plus exposés, mais Ross Branch a quant à lui saisi l’opportunité de s’imposer, tout comme Sébastien Loeb. Les patrons à mi-course restent Skyler Howes et Nasser Al Attiyah.

L’essentiel

#200, Nasser Al-Attiyah QAT (auto) P2. pht. Dakar Florent Gooden

Il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir retourner la hiérarchie du Dakar à son avantage. Beaucoup essayent, très peu y parviennent. Sur la huitième étape, c’est un peu la mission que s’était fixée Mason Klein, le virtuose américain qui commence à affoler tous ses rivaux. En bouclant la spéciale, le « kid » pensait mettre la main sur le scratch du jour, mais s’est fait coiffer par le Botswanais Ross Branch qui apporte une deuxième victoire de spéciale au constructeur indien Hero, après celle de Joaquim Rodrigues l’an dernier. Conscient de la performance qu’il venait tout de même de réaliser et de sa bonne opération au général, Klein se réjouissait avant tout d’avoir pris les commandes de la course, ce qu’indiquaient les premières feuilles de classement.

#16, Ross Branch BWA (moto) P1. pht. Dakar Eric Vargiolu

Mais une pénalité pour excès de vitesse le prive de cet honneur, son compatriote et mentor Skyler Howes restant le patron de la catégorie motos à mi-course. Nasser Al Attiyah avait peu de risques de connaître cet ascenseur émotionnel, avec la grosse heure qui lui sert de matelas chronométrique. Le chef de file n’a pas pour autant cherché à jouer la sécurité, et signe le deuxième temps du jour, qui lui permet d’ajouter deux minutes de moelleux à son avance sur son coéquipier Henk Lategan au général.

#18, Daniel Sanders AUS (moto) P2. pht. Red Bull

Les précautions prises par Al Attiyah tiennent peut-être à la capacité de réaction qu’il perçoit chez Sébastien Loeb, qui ne représente pas un réel danger mais dont la progression l’interpelle forcément (voir la perf du jour). Avec sa deuxième victoire d’étape cette année (sa 18e au total sur le Dakar), le Hunter est maintenant en embuscade derrière les trois Toyota qui mènent le bal. Pendant ce temps, Carlos Sainz a bien essayé de faire briller sa RS Q e-tron E2 en chassant la spéciale en jeu… mais une pénalité de 5 minutes pour excès de vitesse a contrarié le plan qui aurait pu redonner le sourire au clan Audi.

#152, Manuel Andujar ARG (quad) P1. pht. Dakar Gooden

Les victoires d’étapes, c’est aussi ce qu’il reste comme satisfaction à Manuel Andujar : l’Argentin remporte sa troisième spéciale cette année mais ne récupère que 2 minutes de son retard sur Alexandre Giroud, le plus tranquille des leaders du Dakar au repos. Guillaume de Mévius, toujours à la bagarre avec Austin Jones, n’a pas le même confort au sommet du classement des T3 puisqu’ils ne sont séparés que de 3’19’’ en rejoignant Riyadh.

#337, João Ferreira PRT (T3) P1. pht. Dakar F. Gooden

Le Portugais Joao Ferreira évolue bien loin de ce duel, mais conquiert en revanche une victoire de spéciale à sa première participation au Dakar, offrant aussi un premier succès dans la catégorie à Yamaha (voir le chiffre du jour).

#412, Jeremias Gonzales Ferioli ARG (T4) P1. Dakar, F. Gooden

En T4, c’est l’ancien quadeur argentin Jeremias Gonzales Ferioli (2e en 2015, 4 victoires d’étapes au total) qui donne forme à sa reconversion en s’imposant sur la spéciale du jour, pendant que Rokas Baciuska reste talonné par la famille Goczal au général. Enfin, Martin Macik soigne ses statistiques en même temps qu’il poursuit sa remontée au général, sa quatrième spéciale lui permettant de se positionner au 4e rang, à 38 minutes d’Ales Loprais.

#501, Martin Macik CZE (camion) P1. pht. Dakar, Cabilla

La perf’ du jour

pht. Dakar, Gooden

Sébastien Loeb hérite de la première place du jour et pousse son compteur de victoires d’étapes à 2 sur ce Dakar. 31e du général après l’étape 2, le pilote Bahrain Raid Xtrem a depuis méthodiquement gagné des places au provisoire avec une abnégation certaine. 28e, 18e, 11e, 6e, 5e et désormais 4e, l’Alsacien revient de loin et peut légitimement continuer d’espérer grimper jour après jour jusqu’à se placer derrière Nasser Al Attiyah à Dammam.

#207, Carlos Sainz ESP (auto) termine P3, les Audi sont très loin au classement général. pht. Red Bull

Distancé au chrono du général par le tenant du titre (1h52’06’’), Loeb est à une demi-heure de la troisième marche du podium occupée par Lucas Moraes et à une heure de la 2e place de Henk Lategan. Il reste 6 jours au Français pour retrouver la place qu’il avait acquise l’an dernier et assumer son rôle de chasseur d’Al Attiyah au championnat du monde. Loeb et Al Attiyah étaient repartis de la première manche du W2RC 2022 en janvier dernier avec seulement 1 point d’écart. Le champion du monde et son dauphin n’ont pas oublié leur début de saison dernière. Le pilote Toyota Gazoo Racing envisage de gérer son avance mais ne perd pas des yeux le championnat du monde en déclarant viser le podium des prochaines étapes pour ne pas laisser Loeb lui rejouer le scénario de janvier dernier (voir la réaction du jour).

Le coup dur du jour

pht. Dakar

On peut avoir tendance à trébucher sous l’effet de la pression. C’est peut-être la péripétie qu’a connu Janus Van Kasteren, stoppé pendant une petite demi-heure en première partie d’étape. Le débours chronométrique n’a rien de rédhibitoire, puisque c’est à peu près l’équivalent d’une crevaison, mais les conséquences sont lourdes alors que la bataille fait rage au sommet de la catégorie camions. Hier, le jeune Néerlandais qui porte les espoirs du team De Rooy n’avait que 15 minutes de retard sur le leader tchèque de la course Ales Loprais, mais prend un léger coup au moral puisqu’il reprendra la route mardi matin avec un retard de 38 minutes, toujours en 3e position du général.

 La stat’ du jour : 1

pht. Dakar, Gooden

Entre Yamaha et le Dakar, c’est une longue histoire d’amour. L’usine d’Iwata a conçu des modèles emblématiques du Dakar et aussi fait la notoriété de nombreux protagonistes du plus grand des rallyes-raids. Stéphane Peterhansel, Cyril Neveu ou encore Edi Orioli font partie de ceux-là, mais l’an passé, Yamaha a décidé d’arrêter son implication en rallye-raid à moto… pour faire son entrée en T3. En collaboration avec X-Raid, Yamaha a lancé un nouveau prototype, le YXZ1000R Turbo que la firme a confié au X-Raid Yamaha Supported Team pour disputer la 45e édition du Dakar. Il n’a fallu qu’une semaine au véhicule pour se faire une place au sommet de la catégorie grâce à Joao Ferreira. Le rookie portugais, qui a approché la victoire à plusieurs reprises durant les premiers jours, a enfin obtenu la consécration et permet au constructeur de faire son entrée dans les annales du T3 aux côtés de Can-Am ou encore de Polaris et OT3. Mieux, Yamaha devient la première marque à gagner une étape à la fois en moto et en auto, après avoir aussi régné quasiment sans partage sur la catégorie quads.

World rally-raid Championship

Nasser Al-Attiyah toujours largement en tête du Dakar à l’issue de l’étape 8. pht. Red Bull

Nasser Al Attiyah, champion du monde en titre en autos et Rokas Baciuska, numéro un de la catégorie T4 en 2022, sont les deux seuls champions en titre qui se présentent à la journée de repos en tête de leurs catégories respectives. Le Qatari a la position la plus enviable de tous les meneurs, il possède près de deux heures d’avance sur son poursuivant direct au championnat Sébastien Loeb. Le Lituanien n’a pas cette chance, les Goczal père et fils sont à cinq minutes de lui. « Chaleco » Lopez, impérial depuis un an, n’a pas la vie aussi facile que ses homologues du T1 et du T3. Austin Jones avec qui il fait désormais équipe dans cette catégorie possède une heure d’avance sur Seth Quintero et deux heures et demie sur le Chilien. Chez les motos, la sortie prématurée de Sunderland et un Top 10 aussi serré au chrono que s’il était réuni dans un boîtier de filtre à air laisse tous les espoirs possibles.

#10, Skyler Howes USA en tête du général en moto avec seulement 13 » d’avance sur Kevin Benavides. pht. Dakar F. Le Floch

Les classements ici

Sur un air de Classic

#778, Juan Morena ESP (classic) P1. pht. Dakar

Destins croisés entre le Dakar et le Dakar Classic avec les Lurquin père et fils. Jean-Marie le premier s’est notamment fait connaitre aux côtés de Jean-Louis Schlesser et son buggy. Son fils Fabian a d’abord suivi ses traces en accompagnant les débuts en auto de Mathieu Serradori, lui aussi pilote privé dans son deux roues motrices Century. Le fiston s’est rapidement fait débaucher par Sébastien Loeb, avec qui il évolue depuis l’année dernière sur le Dakar au sein de l’équipe BRX. Jean-Marie et Fabian courent à l’heure actuelle après le même objectif : monter sur le podium provisoire et pourquoi pas profiter d’un faux pas du leader pour s’imposer. « Lulu » a fait parler aujourd’hui sa science et son expérience de la navigation en remportant avec son pilote Erik Qvick une étape de régularité où la navigation avait une part importante. Pas assez pour remonter 4e du général comme son fils et Loeb l’ont fait ce jour. L’équipage belge est 5e du Dakar Classic. Les deux équipages Espagnols restent maîtres du Classic.

La réaction du jour

Nasser Al Attiyah : « La semaine prochaine, je serai à la maison »

pht. Red Bull

« Pas de crevaison aujourd’hui, on a fait attention pour les éviter jusqu’à la portion de dunes finale et de pistes sablonneuses où on a pu attaquer. Finir 3e est bien, je suis assez content. On a travaillé très dur sur le début de la course et on en tire les bénéfices aujourd’hui. Maintenant, on doit essayer d’être dans le Top 3 tous les jours pour récolter le maximum de points au championnat. La semaine prochaine dans les dunes, je serai à la maison. Il y aura beaucoup de dunes, mais on doit être prudent, il faut travailler jour après jour. »

Ross Branch : « On ne va pas s’arrêter »

Vainqueur de la spéciale du jour, Ross Branch prend sa revanche sur les deux précédentes journées ternies par des pannes d’essence. Il offre à Hero Motosports sa 2e victoire sur le Dakar après celle de Joaquim Rodrigues l’an passé.

« Cela été une semaine terrible pour nous. J’avais besoin de revenir sur le devant de la scène, pour moi-même comme pour l’équipe qui a travaillé très dur et qui méritait cette récompense. J’ai commis quelques petites erreurs mais je roulais bien et j’ai réussi à rester en haut du tableau des temps. Gagner une nouvelle étape pour Hero Motosports était le but. Ce n’était pas notre objectif initial, on voulait être devant au général, mais malheureusement cet objectif est derrière nous. J’ai subi deux pannes d’essence sans que ce ne soit la faute de personne. On a été parfait aujourd’hui, c’est ce qui compte. Je vais rentrer auprès de l’équipe et on va travailler pour prendre les journées les unes après les autres et s’assurer que la moto est parfaite pour le reste de la saison de W2RC. On ne va pas s’arrêter, on va continuer à essayer de remporter des spéciales. »

Daniel Sanders : « revenir en forme pour l’étape 9 j’espère »

3e du jour à 3’15’’ du meilleur temps, Sanders a retrouvé le rythme qu’il avait avant de tomber malade. Il revient 7e du général à moins de 9 minutes de la tête de la course.

« On a eu une sorte de journée de repos hier, on a pu couper un peu et recharger les batteries même si j’ai encore un peu mal au ventre. Heureusement demain est la journée de repos et je vais pouvoir me reposer à nouveau et revenir en forme pour l’étape 9 j’espère. La navigation était difficile, les gars qui ouvraient ont fait un super travail, d’autant que c’était humide avec des pierres et glissant. Pour nous leur trace à suivre était plus facile. Je suis content d’avoir pu réaliser ce bon résultat aujourd’hui avant de passer à la deuxième partie car les derniers jours n’ont pas été en ma faveur. »

Martin Macik : « Aujourd’hui on gagne, c’est super cool ! »

En empochant sa quatrième victoire d’étape, Martin Macik grignote un peu plus son retard au classement général. Quatrième, le Tchèque n’est plus qu’à une poignée de secondes de Janus Van Kasteren et de la troisième marche du podium.

« On a eu des problèmes dans la cabine, hier, et nous avions des choses à rectifier car nous ne pouvions pratiquement plus conduire… Aujourd’hui on gagne, c’est super cool ! Cette spéciale était faite pour nous, c’était notre style et celui de notre camion. Pour autant ça n’a pas été facile, il y avait des dunes, des cailloux, des dunes… Et dans le sable mou, nos dix tonnes sont difficiles à manœuvrer… Mais nous sommes là… »

Alexandre Giroud : « J’avais plus à perdre qu’à gagner »

Sur un terrain piégeux et cassant, Alexandre Giroud n’a pas tenté le diable. Sur la route de Riyadh, le pilote Yamaha n’a pas vraiment cherché à contester la victoire d’étape à Manuel Andujar. Il faut dire que deuxième à deux minutes derrière l’Argentin, le Français caracole en tête du classement général avec 1h 41m d’avance sur son adversaire.

« La journée n’est pas finie, il nous reste maintenant 380 km de liaison pour rentrer à Riyadh… On arrive néanmoins à la fin d’une longue semaine. La journée s’est bien passée, comme j’ai l’habitude de le dire, le quad et le bonhomme sont là. Aujourd’hui la piste était cassante avec beaucoup de cailloux… J’avais plus à perdre qu’à gagner. On a fait une spéciale intelligente… »

Communiqué ASO Dakar

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09/01/2023 – Repos