30 octobre 2024

Dakar, Étape 6, Riyadh – Riyadh, Sanders et Terranova, la force rouge !

L’œil dans l’objectif

 

Dernière journée de course avant celle de repos, l’étape 6 a donné lieu au jeu des chaises musicales entre les boucles FIA et FIM de la veille dans la région de Riyadh. Les autos et les motos se sont élancées en même temps à partir de 7h45 dans leurs spéciales respectives. Si les autos retrouvaient au sol les traces des deux roues qui leurs sont familières, pour les motos de tête, habituées à affronter des pistes vierges, ou seulement empruntées par quelques-uns de leurs homologues partis en amont, il s’agissait d’un exercice inhabituel. L’essentiel du parcours chronométré était déjà marqué par les passages des catégories FIA de la veille. Des traces parfois accentuées par les intempéries, et qui ont rendu le parcours impraticable sur certaines portions, contraignant la direction de course à stopper les motards à la première neutralisation commune, au km 101.

Les motos n’ont ainsi eu droit qu’à un quart du programme, synonyme de repos supplémentaire bien mérité dès cet après-midi. Une aubaine pour certains, à l’image de Joan Barreda, parti chiffonné ce matin après sa chute de la veille. Chez les autos, la spéciale de 348 km à l’Est de la capitale saoudienne a tenu ses promesses et permis à Terranova et Ekström de faire parler d’eux.

Stage 6, Riyad – Riyadh

L’essentiel

Sur des terrains éloignés et des modèles différents, ce sont une combinaison rouge et une auto du même ton qui se sont imposées sur la dernière spéciale avant le repos, avec Daniel Sanders et Orlando Terranova respectivement à la manœuvre. L’Australien n’a eu besoin que d’une centaine de kilomètres en raison de l’interruption des débats (voir L’œil dans l’objectif) pour aller chercher sa troisième étape sur le Dakar, avec un chrono qui lui permet de se repositionner sur le podium provisoire en dépassant Adrien Van Beveren au général.

Daniel Sanders (AUS) of Gas Gas Factory Racing races, P1. pht. Red Bull

Sanders n’inquiète toutefois pas Sam Sunderland, son coéquipier chez GasGas lui aussi tout de rouge vêtu, en tête du rallye avec 2’39’’ d’avance sur Matthias Walkner à la journée de repos.

Sam Sunderland (GRB) of Gas Gas Factory Racing races, P2. pht. Red Bull

En quads, c’est pour 9 secondes qu’Aleksandr Maksimov remporte sa première spéciale sur le Dakar, mais cette marge ne privera pas un autre Alexandre Giroud, de conserver la tête du classement général à mi-course. Dans la course autos, Nasser Al Attiyah a assuré le minimum syndical (10e) pour boucler cette première semaine avec une confortable avance. Il constatait même à l’arrivée que Sébastien Loeb avait reculé au 3e rang de la hiérarchie sur une faute de navigation lourde de conséquences, et dont bénéficie aussi Yazeed Al Rahji, son poursuivant direct à 50 minutes tout de même.

#221 Terranova Orlando (arg), Oliveras Carreras Daniel (spa), Bahrain Raid Xtreme, BRX Prodrive Hunter T1+, Auto FIA T1/T2, P1. pht.  Florent Gooden / DPPI

Dans le même temps, le numéro du jour était signé Terranova, dont le BRX Hunter tout rouge réalisait le meilleur temps à l’arrivée. « Orly » retrouve ainsi la saveur de la victoire qu’il n’avait plus goûtée au Dakar depuis 2015 sur ses terres argentines… une autre vie !

#224 Ekstrom Mattias (swe), Bergvist Emil (swe), Team Audi Sport, Audi RS Q e-tron, Auto FIA T1/T2, P2. pht. Charly Lopez

Ce n’est plus une surprise, mais c’est cette fois-ci sans ses freins que Seth Quintero a inscrit son nom pour la 6e fois sur le tableau des spéciales de l’année. Pour autant, la démonstration de l’Américain laisse de marbre « Chaleco » Lopez, qui se reposera à Riyadh avec une grosse vingtaine de minutes d’avance sur son coéquipier chez South Racing Sebastian Eriksson. Le Brésilien Rodrigo Luppi de Oliveira n’en demandait pas tant pour sa première participation en SSV, mais dormira aussi du sommeil du juste avec 6 minutes d’avance au général sur Austin Jones. Pendant ce temps, Marek Goczal signe son troisième succès de la semaine et compte bien soigner ses statistiques à la reprise de la compétition. Enfin, Dmitry Sotnikov devrait recevoir les félicitations à mi-course de son patron chez Kamaz : il mène le podium tout bleu des camions avant de se détendre à Riyadh.

Karginov Andrey (RUS) for KAMAZ Master races, P1. pht. Red Bull

Classements ici

 

La perf’ du jour

Mattias Ekstrom (SWE). pht. Red Bull

Avec la volonté de lancer une révolution technologique sur le Dakar, le constructeur Audi s’exposait à des sensations fortes en Arabie Saoudite. Et les péripéties des trois RS Q e-tron engagées au départ n’ont pas manqué de donner des frissons de tous ordres à Sven Quandt, le chef d’orchestre du projet. Peterhansel hors-jeu sur une casse mécanique, Sainz exclu des débats sur une séance de jardinage, le titre a été perdu de vue, mais ses trois virtuoses s’appliquent aussi à lui donner des émotions plus positives. Après la victoire du « Matador » dans la 3e étape, la première sur le Dakar d’un véhicule à motorisation alternative, c’est maintenant Mattias Ekström qui fait briller la marque aux anneaux. Le multiple champion de DTM et champion du monde de rally-cross, est allé chercher le 2e temps de la spéciale de Riyadh, échouant à 1’06’’ du chrono de Terranova. Le pilote allemand, qui participe à son 2e Dakar après une tentative avortée en T3 l’année dernière (abandon étape 7), prouve s’il en était besoin que son patron n’a pas uniquement misé sur lui pour avoir dans ses rangs un porte-drapeau de la marque.

Le coup dur du jour

#170 Andujar Manuel (arg), 7240 Team, Yamaha YFM 700 R, Quad, W2RC, Motul. pht. Frederic Le Floch / DPPI

Au Dakar, tout peut basculer en quelques secondes et Manuel Andujar en a fait la triste expérience aujourd’hui après seulement 11 km dans la sixième spéciale. Le tenant du titre est passé dans une ornière tracée par ses autres homologues à quatre roues la veille et a chuté. Touché à la jambe, l’Argentin, qui occupait la troisième place au général avant d’aborder cette étape, a aussi endommagé son quad. Si serrer les dents peut être une éventualité lorsqu’il s’agit d’une simple blessure, quand son véhicule est touché et irréparable, on a beau y mettre toute sa volonté, il n’y a rien à y faire… Après trois victoires d’étape, Andujar a donc dû plier bagage. L’univers impitoyable des rallyes-raids n’épargne personne, pas même les plus grands.

La stat’ du jour : 80,78 km/h

Seth Quintero and Dennis Zenz on the Red Bull OT3. pht. Red Bull

Après les lourdes pénalités qui l’ont mis hors-jeu pour la victoire finale suite aux problèmes mécaniques rencontrés au troisième jour de course, Seth Quintero a enchaîné par un sans-faute au tableau des étapes. Le plus jeune vainqueur de l’histoire du Dakar semble au-dessus du lot cette année avec désormais six scratches au compteur, soignant du même coup sa position au championnat du monde de rallye-raid FIA chez les T3 (voir « W2RC »). Pour se rendre compte du potentiel du Californien, on peut s’amuser à comparer son temps de la dernière portion du jour, longue de 44 km, avec celui d’Orlando Terranova, vainqueur en autos… Et tenez-vous bien, dans ce secteur sablonneux et technique, Quintero rivalise valeureusement, avec moins d’une minute d’écart : 32’41’’ contre 31’46’’ pour l’Argentin. La moyenne du pilote Red Bull s’élève donc à 80,78 km/h sur ce secteur. C’est certes moins bien que Sébastien Loeb, le plus rapide du jour à cet endroit avec 90,67 km/h, mais bien mieux que Nasser Al Attiyah, qui s’y est un peu promené le coude à la portière, à 79,4 km/h.

World rally-raid Championship

Yazeed Al Rajhi (Toyota Overdrive) est non seulement remonté en 2e position du général provisoire du Dakar, mais cette performance pourrait lui valoir quelques bénéfices jusqu’à la finale au Rallye du Maroc, puisque sa première place du jour lui rapporte 5 points au W2RC. De quoi revenir au contact de Loeb (Prodrive), bredouille aujourd’hui. Son coéquipier Nani Roma, écarté de la course pour le titre à Jeddah, peut quant à lui voir plus loin et dorénavant miser sur sa régularité jusqu’à la fin de la saison. En empochant 4 points ce jour, il revient au contact du Saoudien.

Nasser Al-Attiyah (QAT) for Toyota Gazoo Racing races, P1 au général. pht. Red Bull

Al Attiyah conserve l’avantage avec un total de 20 points, devant Loeb 18 points, Al Rajhi 14 points et Roma 12 points. Le match entre les pilotes européens de Prodrive et ceux du Moyen-Orient de chez Toyota Gazoo Racing et Toyota Overdrive semble engagé.

#205 Al Rajhi Yazeed (sau), Orr Michael (gbr), Overdrive Toyota, Toyota Hilux Overdrive, Auto FIA T1/T2, W2RC, P2 au général. pht.  Florent Gooden / DPPI

Chez les T3, Seth Quintero (Red Bull) poursuit sa moisson. Ses 25 points ont tous été récoltés à coup de 5 à chaque fois, synonyme de victoire ! Mais son jour blanc en début de course permet à la régularité de « Chaleco » Lopez (EKS South Racing) d’être à 3 petits points. Cristina Gutierrez se rapproche de leur débat en empochant les 4 points de la 2e place du jour. Marco Carrara et Fernando Alvarez marquent quant à eux leurs premiers points. Chez les T4, Marek Goczal (Cobant-Energylandia Rally Team) continue sa récolte avec son deuxième pack de 5 points, mais Rodrigo Luppi de Oliveira (South Racing Can-Am) conserve le général provisoire avec 20 points de mieux que le frère de Marek, Michal Goczal, et Austin Jones (pilote Can-Am Factory South Racing). Chez les camions, Martin Macik (Big Shock Racing) est le plus doté toutes catégories confondues avec un total de 27 points sur 30 disponibles ! Kees Koolen (Project 2030) enfonce le clou en finissant 2e de la catégorie. Il cumule 19 points, en sandwich devant l’autre pilote Big Shock Racing, Martin Solty et ses 14 points.

Sur un air de Classic

#727 Rizzardi Agostino (ita), Vassallo Alberto (ita), Motortecnica Racing Team, Porsche 911.

La hiérarchie commence sérieusement à se dessiner sur le Dakar Classic à mi-course. Le podium au classement général provisoire reste figé à la veille de la journée de repos et un mano a mano s’est installé entre les habitués de la régularité que sont les experts espagnols de l’équipe RumboZero dans leurs Mercedes Classe G, emmenés par Jesus Fuester Pliego avec 120 points, et Serge Mogno dans son HDJ 80, quasiment à égalité avec 119 points. On ne peut plus parler de chance du débutant pour l’équipage français pour qui c’est une première en régularité. Florent Drulhon, consultant en informatique en charge de la navigation et de la régularité est un autodidacte pur. Pour sa première course automobile, il fait plus que rappeler le profil du copilote vainqueur avec Marc Douton en 2021. Emilien Etienne, jeune papa, n’est pas aux côtés du tenant du titre cette année.

Retenu par ses obligations paternelles, mais aussi par un nouveau poste au sein de Dassault, le groupe fleuron de la technologie aéronautique française. Lui n’était pas informaticien, mais ingénieur. C’est à ce lui que le pilote victorieux de la première édition attribuait le mérite de la victoire. À celui « qui n’a pas un cerveau fait comme nous » comme le décrivait avec un respect absolu Marc Douton qui ne cherchait pas à jouer les gros bras en arrivant à Jeddah. Sur le Dakar Classic, inutile de sortir les muscles, tout semble bel et bien se passer dans la tête.

La réaction du jour

Marek Goczal : « Remporter toutes les étapes jusqu’à la fin ! »

#403 Goczal Michal (pol), Gospodarczyk Szymon (pol). pht. Florent Gooden / DPPI

Le pilote Polonais remporte chez les SSV sa 3e étape de l’année, contre deux pour son frère Michal. Et la relève est déjà prête, son fils Erik est déjà en repérage !

« On a attaqué à fond. Même si on sait que ce sera difficile de rattraper le temps qu’on a perdu au classement général, on fait ce qu’on peut pour s’amuser et gagner des étapes. Nous n’avons plus d’autre option, il faut attaquer jusqu’au dernier jour, c’est notre tradition dans la famille de ne rien lâcher. Si on a un peu de chance, on pourra peut-être remporter toutes les étapes jusqu’à la fin ! Nous avons bien fait nos devoirs avant d’arriver sur le Dakar : des tests sur presque 30 000 kilomètres… tout est dans la préparation. Et pour Erik, mon fils qui est aussi votre traducteur aujourd’hui, on espère bien qu’il pourra courir l’année prochaine sur le Dakar aussi. Quand on roule l’un contre l’autre, nos temps sont très proches ! »

Clain d’œil des montalbanais

Les deux Philippe (Perry et Pedeche) du Team Promo course 82 se classent 44e de l’étape 6 et 44e au classement général… Chapeau bas !

pht. Team Promo Course 82

Ils ont dit :

Sébastien Loeb : « C’était une journée compliquée. Nous nous sommes perdus après environ 100 km et cela nous a coûté pas mal de temps. Après, nous avons tout fait pour réduire l’écart devant.

Sebastien Loeb (FRA). pht. Red Bull

Kuba Przygoński : « À un endroit, nous avons eu la bonne navigation et cela nous a permis de dépasser les gars de devant. La dernière partie était vraiment sympa. Nous étions cinq voitures ensemble dans les dunes, à sauter et à nous amuser.

Jakub Przygonski (POL). pht. Red Bull

Mattias Ekström : « Nous avons eu un petit problème au début, mais après cela nous avons fait une belle étape. Nous sommes heureux de terminer l’étape à la deuxième place car c’est un gros progrès par rapport à hier. »

Mattias Ekstrom. pht. Red Bull

Daniel Sanders : « Il y avait quelques coureurs qui se plaignaient et voulaient arrêter la course parce que c’était trop dangereux. Je n’étais pas d’accord, mais la décision a été prise de l’arrêter. »

Daniel Sanders (AUS). pht. Red Bull

Sam Sunderland : « Nous étions un peu inquiets avant le départ. Le mélange de toute la pluie qui est tombée et des voitures et camions traversant la spéciale, c’était comme un champ de mines là-bas. »

Sam Sunderland. pht. Red Bull

Matthias Walkner : « C’était une conduite très technique et physique et j’ai beaucoup aimé ça. C’était dangereux donc il fallait toujours faire attention. Je me sens en bonne santé et motivé et c’est cool que nous ayons le jour de repos demain. »

Matthias Walkner (AUT). pht. Red Bull

Seth Quintero : « C’était l’une des conduites les plus effrayantes que j’ai jamais faites. Quelques kilomètres après le ravitaillement, nous avons fini par perdre les freins. Nous avons donc parcouru les 180 derniers kilomètres sans aucun frein. D’une manière ou d’une autre, nous avons réussi et nous avons peut-être même remporté la victoire, c’est fou ! »

#303, Quintero Seth (usa). pht. Julien Delfosse / DPPI

Cristina Gutiérrez : « La journée a été bonne, la conduite et la navigation parfaites. Notre seul problème a été une crevaison vers la fin. Une journée aussi fluide que celle-ci permet de récupérer un peu d’énergie pour ce qui reste à venir.

#301 Gutierrez Herrero Cristina (spa). pht. Frederic Le Floch / DPPI

Chaleco Lopez : « J’avais besoin de contrôler ma vitesse près de la fin pour éviter de gros problèmes. Nous avons notre avance au général pour protéger avant la deuxième semaine.

Francisco Lopez Contardo (CHL). pht. Red Bull

Dmitri Sotnikov : « Il y avait beaucoup de terrain accidenté, de cailloux et de poussière aujourd’hui. Nous avons essayé de prendre soin de nos pneus et de faire du bon travail avec la navigation. Nous espérons avoir de la chance la deuxième semaine. »

Dmitry Sotnikov (RUS). pht. Red Bull

Communiqué – Dakar

Crédits photos – Dakar – Red Bull

Crédits vidéo – Dakar Youtube