28 avril 2024

Dakar, étape 2, « Peter » la cinquantième devant Sébastien Loeb… et bien plus

L’œil dans l’objectif

En mettant le cap sur Al Duwadimi, les pilotes et équipages ont visé le plein centre de l’Arabie Saoudite, par un trajet sur lequel ils ont goûté à leurs premières sections de dunes de l’année. Il ne s’agissait pas des plus sélectives du pays, ni dans une proportion suffisante pour que l’on puisse y faire la différence. En revanche, il s’est agi de maîtriser son sujet en matière de navigation pour se repérer dans les nombreux enchevêtrements de pistes, et bien sûr de pilotage sur cette spéciale de 462 km globalement roulante. La « nav » c’est la spécialité de « Nacho » Cornejo, vainqueur d’étape pour la septième fois de sa carrière, mais aussi de Stéphane Peterhansel, qui fait encore une fois exploser les compteurs : c’est sa 50e en voiture !

L’essentiel

Le vent tourne très vite sur le Dakar et en particulier à l’occasion de cette deuxième étape. Certes, Ross Branch conserve sa place au sommet du général, mais l’autre héros de l’étape d’hier à moto a méchamment bu le bouillon. Il fallait s’attendre à ce que la Kove de Mason Klein connaisse à un moment ou un autre des problèmes mécaniques. C’est arrivé au km 46 de la spéciale, où l’Américain s’est arrêté, contraint à mécaniquer pendant plus de deux heures.

#11, Jose Ignacio Cornejo Florimo, Honda

Il perd bien précocement ses espoirs de podium final, mais reste en course pour éventuellement offrir quelques coups d’éclats sur la route de Yanbu. Un habitué des honneurs a tiré parti de ses talents de navigateur : parti en 3e position, « Nacho » Cornejo a vite rejoint Ricky Brabec et Ross Branch, un trio efficace qui a atteint la ligne d’arrivée intact, en ayant de plus empoché quelques bonifications. Le Chilien signe son septième succès sur le Dakar et se positionne à 2’55’’ du leader botswanais, en chef de bande des trois Honda qui sont à ses trousses, avec Brabec et Quintanilla. Les rafales ont été encore plus significatives en autos, au lendemain d’une étape où les cadors de la discipline avaient pour beaucoup été malmenés. Stéphane Peterhansel avait perdu 32 minutes hier, il revient dans le match en gagnant sa 50e étape (voir perf’ du jour). Sébastien Loeb accusait un retard de 23 minutes sur Guillaume de Mevius, mais en collant « Peter » à 29’’, il ne pointe plus qu’à 4’17’’ de Carlos Sainz, nouveau leader de la course. Manifestement, l’expérience a parlé, puisque Nasser Al Attiyah, lui aussi en net retrait hier, se rapproche des places qu’il affectionne (7e). A Al Duwadimi, le Top 10 des Ultimate rassemble tous les favoris attendus à ce niveau, avec y compris les jeunots qui se sont illustrés hier, Seth Quintero (4e) et Guillaume de Mevius (5e).

#202, Stéphane Peterhansel, Audi

La hiérarchie se précise aussi en Challenger, où les trois Taurus de la famille Goczal gonflent les pectoraux, ils occupent les trois premières places du général après une nouvelle victoire de l’intouchable Eryk, toujours 19 ans. En SSV, les Can-Am reprennent des couleurs grâce à Gerard Farres, vainqueur d’étape devant Xavier de Soultrait et nouveau patron du général, pendant que le Portugais Joao Ferreira s’est classé 3e de l’étape.

#204, Carlos Sainz, Audi.

En camions, Janus van Kasteren reste le maître du jeu, mais Ales Loprais s’est approché de lui à 6’’ sur la spéciale du jour.

#600, Janus van Kasteren.

Les classements ici

La perf’ du jour

On ne l’appelle pas « Monsieur Dakar » pour rien, c’est l’homme des records du haut de ses 14 victoires conquises à moto et en auto, entre 1991 et 2021. Et Stéphane Peterhansel en a ajouté un nouveau aujourd’hui, en se hissant avec 50 étapes remportées dans la catégorie autos au niveau d’Ari Vatanen. Au cumul de ses deux carrières ultra-fructueuses, le Français atteint un total de 83 scratchs, puisqu’il est par ailleurs le co-détenteur du genre au côté de Cyril Despres à moto, avec chacun 33 lignes de palmarès. Le collectionneur est en réalité peu friand de statistiques, mais la satisfaction du jour tient surtout dans le rayon de lumière qui éclaire à nouveau la maison Audi. Peterhansel, dans son rythme et en confiance au volant du RS Q e-Tron, peut se replacer dans une dynamique de conquête, d’autant plus que son coéquipier Carlos Sainz domine le classement provisoire, et que le troisième homme du clan Audi tient également fièrement son rôle (6e du général). Les voyants sont au vert du côté du constructeur allemand.

Le coup dur du jour

#1, Kevin Benavides, KTM.

Tenant du titre à moto, Kevin Benavides est arrivé sur le « Start Camp » avec des statistiques 2023 peu en rapport avec son sacre de janvier dernier. Blessé à trois reprises durant la saison passée, il n’a participé suite au Dakar qu’au Sonora Rally, en boitant et en serrant les dents. Arrivé en Arabie Saoudite un mois après sa dernière fracture de l’année et à court de compétition, le double vainqueur du Dakar était 8e du général hier à plus d’un quart d’heure du leader. 19e du jour, l’Albicéleste a commis quelques erreurs de navigation qui l’ont relégué à près de 20 minutes des débats du jour. Kevin rétrograde aux portes du Top 10 du général avec 23’50’’ de retard sur Ross Branch. Deux journées déficitaires qui risquent de peser sur la suite du parcours de son 8e Dakar.

La stat du jour

#177, Marcelo Medeiros.
  1. La spéciale en direction d’Al Duwadimi semblait bien mal engagée pour Marcelo Medeiros, pourtant intouchable lors de l’étape de la veille. Mais, comme on a l’habitude de le dire dans les sports mécaniques : rien n’est joué tant que l’arrivée n’est pas franchie. Le Brésilien est aujourd’hui la parfaite illustration de ce bon vieil adage. Pointé à près de trois minutes au kilomètre 41, l’exercice du jour s’annonçait périlleux, mais Medeiros n’a pas baissé les bras. Au deuxième point de chronométrage, il signait déjà le meilleur temps. De là, personne n’a réussi à l’inquiéter, pas même le Slovaque Juraj Varga, pointé au plus proche à 2’30’’. Medeiros a déroulé jusqu’à l’arrivée avec une facilité déconcertante pour s’offrir son 10e succès, égalant ainsi le double tenant du titre Alexandre Giroud et un autre double vainqueur, Alejandro Patronelli (2011-12), en quatrième position des pilotes les plus victorieux chez les quads. Seuls Ignacio Casale (23 victoires), Marcos Patronelli (18), le frère d’Alejandro, et Nicolas Cavigliasso (12) figurent devant lui. Si aller chercher le record du premier est mathématiquement impossible cette année, se hisser en deuxième position de ce classement est parfaitement envisageable.

La réaction du jour

Nasser Al Attiyah :

« Une bonne étape très rapide. On a attaqué dès le début, mais on a cassé un bras arrière et on s’est arrêté pendant plus de dix minutes pour réparer. Je pense que c’est un point faible de la voiture car Séb’ a lui aussi déjà cassé cette pièce hier. On va essayer de régler le problème avec l’équipe. Mais j’aime la voiture, même avec nos ennuis d’hier et d’aujourd’hui on reste dans le coup, on n’est qu’à douze minutes au général, on peut se rattraper. »

Mission 1000

Le projet Green Power Race Team a pris forme du côté de Barcelone, mais le guidon de la moto 100 % électrique qui y est né a été confié à Fran Gomez Pallas, un Galicien né 53 ans plus tôt au Venezuela. Il participe à son 8e Dakar, avec cette fois-ci un défi à part au sein de Mission 1000 : « Ce projet a été conçu pour le Dakar, et on peut dire que c’est une grosse batterie sur deux roues. Depuis le début, nous avons démarré tous les jours à la 5e ou 6e place, et terminé 4e. Cela veut dire que le pilote est rapide et que la moto marche bien. Nous avions quelques incertitudes sur la capacité de la batterie, puisque le terrains change tous les jours. Mais nous avons déjà été en mesure de collecter beaucoup d’informations qui nous permettront d’améliorer la moto. C’est réjouissant de voir que la moto est aussi puissante, en tout cas. »

Sur un air de classic

#700, Juan Morera, Porsche

Lidia Ruba, la copilote vainqueur du Dakar Classic 2023, revenue dans une réplique de la Porsche 1986 de Jacky Ickx pour sa troisième participation, est du genre tenace. Pourtant, si vous l’écoutez, elle préfèrerait passer le début du mois de janvier auprès de ses trois enfants. A entendre son mari et pilote Juan Morera, elle accepte de venir seulement pour ne pas le laisser entre les mains d’un autre copilote qui ne saurait pas forcément lui tenir la bride. Victime d’un problème électrique hier, le couple espagnol a perdu gros d’emblée après sa victoire sur le prologue. Pourtant le soir, ils avaient remporté 4 tests sur 6 malgré leur passage à vide sur les 2e et 3e épreuves. Aujourd’hui, les résultats provisoires les donnaient à nouveau vainqueurs de 4 des 5 tests du jour ! Lidia ne lâche rien. Ni son mari, ni son envie de gagner.

World Rally-Raid Championship

Honda et Hero imposent le « H »

Après deux journées de course sur la 3e saison du W2RC, le duel chez les constructeurs moto se dessine déjà. Ross Branch, en tête du général depuis deux journées, a planté au sommet le drapeau blanc de l’équipe indienne dans le rôle du chef de file, épaulé aujourd’hui par la 4e place de Sebastian Bühler. Cornejo offre à Honda la victoire du jour, mais c’est surtout au général que le drapeau rouge se fait remarquer. Les trois CRF 450 Rally de « Nacho », Brabec et Quintanilla sont en rang serré en 2e, 3e et 4e position. Un travail d’équipe qui a déjà permis aux rouges de remporter deux titres constructeurs. Mais l’arrivée de Barreda en renfort chez Hero pourrait bien déjouer la stratégie de groupe du HRC. En attendant peut-être la 30 victoire d’étape de « Bang Bang », le H semble la lettre à commencer à graver sur le trophée FIM constructeurs.

Etape 3