19 avril 2024

Dakar 2023, on retient son souffle

À l’approche imminente du prologue qui marquera le début des débats de la 45e édition du Dakar, le Sea Camp installé sur les rivages de la mer Rouge a été largement animé par la perspective du programme copieux à venir : 15 jours de course en Arabie Saoudite dont une première semaine très dense avec huit réelles étapes et près de 70 % du kilométrage total de spéciale, avant d’attaquer les redoutables dunes de l’Empty Quarter en deuxième semaine.

Les « vérifs » se sont poursuivies avec le passage de l’essentiel des favoris de la catégorie motos, laissant déjà entrevoir le match entre la galaxie KTM-GasGas-Husqvarna et le clan des pilotes Honda.

Chez les autos, le défilé des prétendants a vu les pilotes BRX Sébastien Loeb, « Orly » Terranova et Guerlain Chicherit se présenter sur les stands avant de se montrer conquérants face aux Audi et Toyota notamment.

Le parcours du Dakar 2023

BAHRAIN RAID XTREME, ANNÉE 3

La montée en puissance suit un rythme qui pourrait bien conduire une des voitures BRX sur la plus haute marche du podium. Au moment de s’engager dans le rallye-raid, l’écurie Prodrive avait présenté en 2021 une première version de son Hunter qui est allé chercher la 5e place avec « Nani » Roma. L’année dernière, ce sont deux Hunter, fabriqués en version T1+, qui ont progressé dans le Top 5, avec Sebastien Loeb comme poursuivant direct de Nasser Al Attiyah, et « Orly » Terranova au pied du podium (4e).

Sébastien Loeb

Le nonuple champion du monde des rallyes fait figure de favori dans l’équipe, pour prétendre au titre qu’il cherche à accrocher à son palmarès depuis 2016 : « Je vais me concentrer sur ma course et essayer de faire de mon mieux. Mon objectif c’est de trouver mon rythme pour faire des kilomètres sans tout casser et sans se perdre ». Il se trouve que le rythme en question n’est jamais très loin de celui de la gagne avec Loeb.

Nasser Al-Attiyah

Mais la sensation pourrait aussi venir du nouveau venu dans l’équipe, Guerlain Chicherit, qui a signé un retour aux affaires éblouissant en s’imposant sur le Rallye du Maroc. Le vainqueur de la coupe du monde de rallye-raid en 2009, 5e du Dakar l’année suivante, ne s’interdit aucun exploit : « Je ne crois pas que cela va commencer par une course d’attente, au contraire je pense que tout le monde va attaquer à fond dès le départ. Mes ambitions sont claires, donc je vais partir vite, sans trop en faire évidemment, le Dakar est long ».

Audi

LA GALAXIE KTM, UNE RUCHE À CHAMPIONS

C’est peut-être devant l’abondance de biens qu’on ne désigne pas de leader au sein des trois structures cousines qui forment la galaxie KTM. Bien entendu, Toby Price, Matthias Walkner et Kevin Benavides ne visent rien d’autre que le sommet.

Benavides

Le roi de la saison 2022 a toutefois été Sam Sunderland, champion du monde après avoir remporté son deuxième titre sur le Dakar, et très certainement au top de sa forme au moment de se projeter sur son défi immédiat : « Les succès passés vont me servir de base. Je me sens fort, on a beaucoup travaillé, j’attends de voir maintenant ». Le statut de tenant de titre impose la prudence, mais c’est carrément l’incertitude qui se manifeste chez Daniel Sanders, son coéquipier chez Red Bull GasGas Factory Racing, qui avait impressionné pour sa première participation (4e) ainsi que l’année dernière avant de se blesser :« Cela a été une longue année éloignée de la moto avec six interventions chirurgicales, cinq pour le coude et une pour l’épaule. Je suis dans une position très différente de l’an passé où j’avais de bonnes chances pour monter sur le podium ou viser la victoire. Je dirais que je me présente à 50% du niveau physique que j’avais. Les huit premiers jours vont être très difficiles pour le physique, il va y avoir beaucoup plus de kilomètres et d’étapes que d’habitude ». Finalement, c’est peut-être du côté de la filiale Husqvarna qu’il faut aller chercher le candidat le mieux armé de la bande. Sauf problèmes, l’Américain Skyler Howes devrait en tout cas avoir son mot à dire dans la bataille des chefs : « L’an passé je suis malheureusement sorti rapidement sur une chute.J’ai rebondi avec deux victoires aux États-Unis et au Rallye du Maroc qui était ma première victoire internationale et après j’ai remporté le Sonora. Je suis en confiance, mais cela va être un rallye très long : le Dakar 2023 correspond à trois fois le Rallye du Maroc ! Hâte de voir ce que cela va donner. »

CINQ TÊTES D’AFFICHE CHEZ HONDA !

Dans le clan Honda, on se prépare à une longue traque à la poursuite d’une troisième victoire après celles de 2020 (Ricky Brabec) et de 2021 (Kevin Benavides). Dans cette partie de chasse manquée pour moins d’une poignée de minutes l’an dernier, l’équipe Honda composée de quatre pilotes va pouvoir compter sur un rabatteur de plus. A côté de Brabec, Cornejo, Quintanilla et Van Beveren, Joan « Bang bang » Barreda la joue cette année en mode cowboy solitaire, engagé aux couleurs de sa propre équipe, mais toujours armé du même calibre 450 HRC que les autres. Pablo Quintanilla : « L’an dernier j’ai terminé 2e à 3 minutes après 38 ou 39 heures de spéciale. J’aime quand la course est dure, qu’il faut se battre avec la moto, son corps et le mental. Je me sens prêt et j’ai totalement récupéré de mon épaule depuis ma chute au Rallye du Maroc. c’ était important pour débuter la course sans douleur et en toute confiance. » Une vision du challenge de ce Dakar partagée par Adrien Van Beveren, la nouvelle recrue et l’homme en forme du Monster Energy Honda Team qui a remporté la finale du W2RC en octobre dernier : « On s’attend à une course peut-être un peu comme les premiers Dakar que l’on a connus en Amérique du Sud, avec une fin de la course où tu n’en pouvais plus. Quand tu te lèves le matin et qu’il reste encore cinq jours de course, c’est quasiment une course de championnat du monde qui t’attend. Si la course est dure physiquement, je vais dire avec humilité que cela ne devrait pas être en ma défaveur. Je me sens prêt pour ça ».la nouvelle recrue et l’homme en forme du Monster Energy Honda Team qui a remporté la finale du W2RC en octobre dernier : « On s’attend à une course peut-être un peu comme les premiers Dakar que l’on a connus en Amérique du Sud, avec une fin de la course où tu n’en pouvais plus. Quand tu te lèves le matin et qu’il reste encore cinq jours de course, c’est quasiment une course de championnat du monde qui t’attend. Si la course est dure physiquement, je vais dire avec humilité que cela ne devrait pas être en ma défaveur. Je me sens prêt pour ça ».

UNE « DREAM TEAM » À PLUSIEURS VISAGES CHEZ RED BULL

On parle toutes les langues dans les deux équipes formées par Red Bull pour le Dakar 2023. En se tournant vers Can-Am pour faire évoluer son programme, le sponsor autrichien a élargi son périmètre et a notamment enrôlé le tenant du titre chilien en T3 « Chaleco » Lopez, qui fera maintenant cause commune avec le Lituanien Rokas Baciuska (en T4) et Cristina Gutierrez au sein du Red Bull Can-Am Factory Team. L’Espagnole ne boude d’ailleurs pas son plaisir après avoir obtenu la 3e place de la catégorie lors de la dernière édition : « Je suis très excitée, impatiente de prendre le départ. J’ai une nouvelle équipe et une nouvelle auto… c’est mon 7e Dakar mais c’est comme si c’était le premier ». Il reste dans la famille Red Bull une structure à identité américaine, la Red Bull Off-Road Jr Team USA / BFG, qui accueille le vainqueur 2022 en T4, Austin Jones, mais aussi le jeune collectionneur d’étapes Seth Quintero, décidé à briller au classement général pour sa troisième participation : « Mon but c’est de gagner, comme tout le monde, et en restant le plus régulier possible. Ma stratégie, c’est de rester au contact des meilleurs dans la première semaine. Par exemple dans le Top 3, et surtout pas plus de 10’ de retard sur le leader… si ce n’est pas moi. Dans l’Empty Quarter, les étapes sont plus courtes mais aussi plus difficiles, avec beaucoup de dunes et je pense que c’est là où nous pouvons être les meilleurs ». C’est de rester au contact des meilleurs dans la première semaine. Par exemple dans le Top 3, et surtout pas plus de 10’ de retard sur le leader… si ce n’est pas moi. Dans l’Empty Quarter, les étapes sont plus courtes mais aussi plus difficiles, avec beaucoup de dunes et je pense que c’est là où nous pouvons être les meilleurs ». C’est de rester au contact des meilleurs dans la première semaine. Par exemple dans le Top 3, et surtout pas plus de 10’ de retard sur le leader… si ce n’est pas moi. Dans l’Empty Quarter, les étapes sont plus courtes mais aussi plus difficiles, avec beaucoup de dunes et je pense que c’est là où nous pouvons être les meilleurs ».

DES ROOKIES EN VUE CHEZ LES T3-T4

Qu’il s’agisse des T3 ou T4, les véhicules légers constituent depuis plusieurs années une terre d’accueil pour les candidats à la catégorie autos, en particulier pour ceux qui ont précédemment brillé à moto ou sur leur quad. Ce sera le cas du quintuple champion du monde d’enduro Antoine Méo, 4e du Dakar 2018, engagé en T3 comme Helder Rodrigues, 3e en 2011 et 2012 parmi les multiples places d’honneur conquise dans sa première carrière en deux roues. Le Portugais a longtemps officié depuis dans l’encadrement des pilotes Honda, mais retrouve cette fois-ci le Dakar en compétition dans un Can-Am de South Racing, six ans après sa dernière participation : « L’exemple à suivre, c’est Francisco Lopez. J’ai de vraies ambitions pour commencer une nouvelle carrière. Je pense que je connais bien la course, j’ai la vitesse grâce au Can-Am, mais il me reste à découvrir les petits détails à régler car je n’ai que l’expérience du Rallye du Maroc ». C’est avec le même souci de prudence que se présente en T4 Xavier de Soultrait, qui a mis un terme à sa carrière de motard en janvier dernier : « Je ne connais tellement pas le domaine que je n’ai pas à être anxieux. On y va tête basse et pieds sur terre… si on fait dix, on fait dix. On part les premiers jours sans aucune pression de personne, sauf d’emmener la voiture à l’arrivée ».