L’Espagnol Carlos Sainz (Mini) a remporté le Dakar 2020 ce vendredi 17, en Arabie saoudite. Vainqueur de quatre étapes, Sainz devance le tenant du titre, le Qatarien Nasser al-Attiyah (Toyota), de 6 min 21 sec et le Français Stéphane Peterhansel (Mini) de 9 min 58 sec.
A 57 ans, l’Espagnol remporte ainsi pour la troisième fois le Dakar, après ses titres de 2010 et 2018.
L’œil dans l’objectif
Des bords de la Mer Rouge avec Jeddah comme point de départ jusqu’à la cité des sports et de la culture de Qiddiya à proximité de la capitale Riyadh, en passant par les canyons et les montagnes de l’ouest du pays puis par les étendues de dunes de « l’Empty Quarter », la 42e édition du Dakar s’est achevée sur les victoires de l’Américain Ricky Brabec à moto, portant Honda au sommet après 31 ans de disette ; de Carlos Sainz pour un troisième titre avec une troisième marque de voiture différente ; de Casey Currie qui porte également les couleurs des États-Unis en SSV ; du Chilien Ignacio Casale qui reprend les rênes de la catégorie quads ; et d’Andrei Karginov qui poursuit la série victorieuse des Kamaz.
Au total, 234 des 342 véhicules partis de Jeddah (68,4 %) figurent au classement général final de l’épreuve : 96 motos, 12 quads, 57 autos, 29 SSV et 40 camions. 22 véhicules ayant abandonné en cours de route ont par ailleurs atteint Qiddiya dans le cadre de la formule Dakar Experience.
L’essentiel
Motos : Brabec et Honda au sommet
Cela faisait 31 ans que le premier constructeur mondial n’avait plus gagné le Dakar. Cela n’était encore jamais arrivé qu’un pilote américain remporte le plus célèbre des rallye-raids. Aujourd’hui à Quiddiya, Ricky Brabec et sa Honda 450 CRF en ont écrit une nouvelle page en lettres d’or. En tête depuis le soir de la troisième étape, le Californien a su parfaitement gérer son avance au fil des journées. Et si l’an dernier la mécanique l’avait trahi à trois spéciales de l’arrivée, sa machine a cette fois tourné comme une horloge jusqu’aux ultimes kilomètres. Juste récompense pour un garçon qui n’a jamais ménagé ses efforts, mais aussi pour Honda qui a su patienter depuis son retour officiel sur le Dakar en 2013. Edition après édition, sans se décourager malgré les revers accumulés, le team HRC est parvenu à peaufiner la fiabilité de sa moto, réorganiser sa structure et trouver cette alchimie sans laquelle aucun succès n’est possible, pour détrôner l’équipe KTM qui a empilé 18 victoires consécutives depuis 2001. Derrière Brabec, c’est Pablo Quintanilla qui s’est montré le plus saignant.
Au guidon de sa Husqvarna, le Chilien s’offre une belle deuxième place après une année passée à récupérer de sa blessure du dernier Dakar péruvien. La troisième marche du podium revient à Toby Price, vainqueur en 2019. La catégorie « Original by Motul » est quant à elle remportée par le Roumain Emanuel Gyenes avec plus d’une heure d’avance sur Benjamin Melot.
Quads : Casale, retour gagnant
Après une escapade infructueuse en SSV l’an passé, Ignacio Casale est revenu en 2020 à ses premières amours et la catégorie quads pour le premier Dakar saoudien. Bonne pioche pour le double vainqueur de l’épreuve qui n’a absolument pas perdu son coup de guidon et a tenu à apposer sa marque sur la course dès les premiers kilomètres. En tête du classement général du premier au dernier jour, le Chilien n’a pour ainsi dire jamais eu de réelle opposition malgré les efforts de Simon Vitse (2 victoires d’étapes) ou de son compatriote Enrico Giovanni qui pourra regretter son abandon lors de la 6e étape. Avec 4 victoires d’étapes et une régularité impressionnante dans le Top 4 (10/11), Casale n’a pas vraiment ménagé le suspense. Seule la perte de 45 minutes à la recherche d’un way-point lors de la 10e étape a un tant soit peu inquiété celui qui rejoint désormais Marcos Patronelli au rang de triple vainqueur du Dakar dans la catégorie.
Autos : Sainz fait de la résistance
Les hommes d’expérience ont gardé le contrôle sur le Dakar, l’épreuve de maturité par excellence. Ce n’est pas Fernando Alonso qui dira le contraire, dont les prestations prometteuses n’ont jamais pu aboutir à un duel espagnol avec son aîné, ni Yazeed Al Rajhi qui poursuit son apprentissage et obtient à domicile son meilleur classement, une 4e place.
Les trois pilotes qui occupent le podium totalisent 50 participations en autos et maintenant 14 titres dans la catégorie. La connaissance de la région et la fiabilité d’un Hilux Toyota ayant fait ses preuves donnait la faveur des pronostics à Nasser Al-Attiyah, mais le buggy Mini confié à Sainz n’a jamais dévié de sa route vers le succès. En tête au soir de la 3e étape puis à la journée de repos, El Matador n’a tremblé que sur la 8e spéciale où il a perdu une partie de sa marge sur ses deux plus proches contradicteurs et a finalement résisté à leurs tentatives d’intimidation jusqu’à Qiddiya. Rapidement tenu à l’écart de cette bataille à trois, le Lituanien Vaidotas Zala s’était offert le privilège d’ouvrir le palmarès saoudien du Dakar dans la catégorie, tandis que Mathieu Serradori a signé la première victoire d’étape d’un réel amateur depuis 32 ans à Wadi Al-Dawasir. Il leur faudra encore murir pour viser les sommets.
SSV : Currie à la régularité
Au départ d’une catégorie en plein essor et très ouverte, Casey Currie fait partie des noms à surveiller, au même titre que nombre de ses adversaires. Et le pilote américain a d’ailleurs attendu la deuxième semaine avant de réellement sortir du lot, laissant d’autres concurrents plus expérimentés s’exprimer à l’image du tenant du titre Chaleco Lopez (2 étapes), du vainqueur 2018 Reinaldo Varela (2), du vice-champion 2019 Gerard Farrés (2), du quintuple vainqueur moto Cyril Despres (1) ou encore des jeunes prometteurs Blade Hildebrand (2), Mitchell Guthrie (2) et Aron Domzala (1). Mais si les vainqueurs d’étapes ont été nombreux, tous ont également connu au moins une journée noire qui a mis à mal leurs ambitions de victoire finale sur le Dakar. Currie a de son côté joué la carte de la régularité pour remporter son premier Dakar dès sa deuxième participation au volant de son Can-Am, devant un Sergei Kariakin qui repart lui aussi d’Arabie Saoudite sans le moindre succès au compteur, mais avec la satisfaction d’un podium final, après sa victoire en quads en 2017.
Camions : Karginov garde le titre à la maison
Vainqueur des trois dernières éditions, Eduard Nikolaev faisait figure de grandissime favori à l’abord du 42e opus du rallye. Mais le tenant du titre n’a jamais été dans le coup et finit même par abandonner, victime de gros soucis techniques sur son Kamaz. Heureusement, le nombre fait la force pour le constructeur russe qui a pu compter sur son ancien vainqueur en 2014, Andrey Karginov. Après une étape d’ouverture timide, le pilote de 43 ans a livré un véritable festival avec 7 victoires d’étapes et un rythme impossible à suivre pour ses adversaires, y compris ses compagnons d’écurie. Anton Shibalov, son dauphin au classement général avec 3 victoires d’étape, accuse ainsi plus de 42 minutes de retard à l’arrivée à Qiddiya. Siarhei Viazovich passe de son côté la ligne à plus de deux heures après avoir fait illusion en début de rallye…
La perf’ du jour
Ricky Brabec restera le premier vainqueur américain du Dakar, mais a été imité de très près par son compatriote Casey Currie victorieux en SSV. Il a donc fallu attendre 42 ans pour voir le drapeau des États-Unis à la première ligne du palmarès, bien que de nombreux prétendants légitimes se soient pris au jeu. En 1985, Chuck Stearns avait pris la 6e place du général après avoir remporté 6 étapes, tandis que Danny Laporte butait à la 2e place derrière Peterhansel en 1992. Un peu plus tard, c’est Jimmy Lewis (l’entraîneur de Brabec) qui avait coincé à la 3e place en 2000, puis Chris Blaisa atteint le 4e rang en 2006. En autos, c’est Robby Gordon qui a été le plus performant, mais n’a jamais percé plus haut que sa 3e place en 2009 malgré ses 10 spectaculaires victoires d’étapes.
Le coup dur du jour
Yamaha se positionnait avant le Dakar comme la rivale de Honda pour briser le cycle de KTM dans la catégorie moto, avec deux pilotes de pointe tout à fait crédibles pour le personnage de vainqueur potentiel du Dakar. Mais Adrien Van Beveren, 4e en 2017 et Xavier de Soultrait, 7e l’année dernière, ont tour à tour quitté la course prématurément sur chute dans la 3e et la 4e étape. Le clan de la marque au diapason représentant également les meilleures chances françaises, il n’y a aucun pilote de l’hexagone dans le Top 10, ce qui ne s’était jamais produit sur le Dakar. Adrien Metge, pilote Sherco, pointe au 12e rang. Yamaha reste toutefois dans l’élite avec Franco Caimi (8e) et peut se satisfaire de la prestation du prometteur Jamie McCanney, 15e et 2e rookie derrière l’Espagnol Jaume Betriu.
La stat’ du jour : 13
Nasser Al-Attiyah se serait probablement passé d’une victoire de spéciale supplémentaire sur la dernière étape du rallye, en échange des 6’21’’ qui le séparent de Sainz pour la victoire finale. Il aurait toutefois mis fin à une série record dont il était déjà le détenteur, puisqu’il a remporté au moins une spéciale sur chacune des 13 dernières éditions du Dakar. L’un des rares records dont Peterhansel ou Vladimir Chagin ne soient pas propriétaires sur l’épreuve.
Video : Red Bull Media House
Les réactions du jour
Ricky Brabec : « Ça y est… je suis là, c’est gagné ! »
« Au final, nous avons réuni toutes les pièces du puzzle. On savait qu’on pouvait le faire, que ce soit n’importe quel coureur de l’équipe. Je suis extrêmement heureux. C’est mon 5e Dakar, mon deuxième à l’arrivée … je me suis réveillé super heureux de courir cette dernière étape et ça y est ! Je suis là, c’est gagné. Il a fallu être intelligent tous les jours et concentré. Il n’y a pas de top leader dans notre équipe, tout le monde a travaillé, on est une famille. On a tous gagné ».
Carlos Sainz : « Nous n’avons pas cessé d’attaquer »
« Je me sens super heureux, il y a eu beaucoup d’efforts. Pour l’entraînement physique, pour la préparation du véhicule avec l’équipe, nous avons beaucoup travaillé. Nous avons gagné ce Dakar à partir du premier jour, nous n’avons pas cessé d’attaquer à fond tout au long ».
Ignacio Casale : « Ça a été un travail intense »
« Je suis très heureux d’être là. J’ai gagné mon troisième Dakar. Je suis très content parce que c’était une course très difficile, très longue. J’ai eu quelques problèmes en deuxième semaine, mais on les a réglé de la meilleure manière. Ça a été un travail intense toute l’année avec les mécaniciens et maintenant je peux célébrer cette première place. Merci beaucoup, et vive le Chili ».
Casey Currie : « Je suis époustouflé »
« Deux Américains au top ! Je suis époustouflé ! Sean a fait du super boulot sur ce rallye, l’équipe aussi. La voiture était super. Je n’oublierai jamais ce jour, la plus belle victoire de ma carrière. C’est incroyable, la pression était terrible. Je suis amoureux de ce rallye ! L’année prochaine on reviendra défendre notre titre. Je suis ravi pour Ricky qui mérite sa victoire plus que moi la mienne. »