25 avril 2024

Dakar, Etape 2, la parole aux hommes du désert

 L’œil dans l’objectif

Le changement de décor est saisissant en quittant Bisha pour s’enfoncer vers l’Ouest du pays, direction Wadi Ad-Dawasir. C’en est fini des pistes rocailleuses qui avaient mis à l’épreuve les nerfs et les pneus. Cette fois-ci ce sont des plateaux sablonneux qui ont été sillonnés pendant la première partie de spéciale. Puis les pilotes ont pu faire parler leur science des dunes. Il leur a fallu une réelle maîtrise du sujet pour affronter celles de la partie finale, avec des dunes cassées par le vent qui a généreusement soufflé sur la région dans les derniers jours. Rien d’étonnant à ce que des experts comme Nasser Al Attiyah en auto ou Joan Barreda se montrent les plus rapides dans cet exercice.

#301 Al-Attiyah Nasser (qat), Baumel Matthieu (fra), Toyota, Toyota Gazoo Racing. Pht. Frederic Le Floc’h/DPPI

L’essentiel

Au deuxième jour de course, les pilotes sont encore parfois sur la retenue et les positions évoluent peu. Ce n’est pas le genre de Joan Barreda qui a au contraire trop souvent pris l’habitude de briller en première semaine au risque de disparaitre prématurément des radars.

#88 Barreda Bort Joan (esp), Honda, Monster Energy Honda Team 2021, Motul. Pht. Frederic Le Floc’h/DPPI

Parti en 20e position, l’Espagnol a en tout cas surpassé avec autorité la meute des motards, là où les ouvreurs ont payé cher leurs hésitations dans les dunes : une demi-heure de perdue pour Price et Kevin Benavides, 2h30 pour Mathias Walkner et l’abandon pour Andrew Short, trahi par la mécanique. Nasser Al Attiyah empile quant à lui la 37e spéciale de sa collection, en déroulant un plan stratégiquement au point même si « Peter » a pris les commandes du général. La bataille rangée sévit chez les Véhicules Légers, où un nouvel acteur s’invite parmi les prétendants : Saleh Al Sahif devient avec son Can-Am le deuxième vainqueur saoudien d’une étape du Dakar, six ans après Yazeed Al Rajhi dans les dunes chiliennes d’Iquique.

#302 Peterhansel Stephane (fra), Boulanger Edouard (fra), Mini, X-Raid Mini JCQ Team, prennent les commandes du général. Pht. Frederic Le Floc’h/DPPI

La perf’ du jour

#163 Copetti Pablo (usa), Yamaha, MX Devesa By Berta, Motul, Quad. Pht. Frederic Le Floc’h/DPPI

C’est avec l’art et la manière que Pablo Copetti s’est illustré lors de la deuxième étape entre Bisha et Wadi Ad-Dawasir. L’Argentino-américain, qui avait dû faire l’impasse sur l’édition 2020 à quelques jours d’embarquer en raison d’une blessure, signe un retour de haut niveau. C’est à partir du point chronométrique du km 178 qu’il a commencé a devancé ses rivaux, pour filer à l’arrivée vers une quatrième victoire d’étape, la première depuis l’édition 2017. Durant les derniers mois, Copetti n’a pas hésité à s’entourer des meilleurs pour mettre au point son Yamaha Raptor 700 et à rouler durant le confinement dans les déserts du Nevada et de Californie. Une préparation qui n’a rien de classique, mais qui porte ses fruits !

Le coup dur du jour

#52 Walkner Matthias (aut), KTM, Red Bull KTM Factory Team. Pht. Frederic Le Floc’h /DPPI

Troisième meilleur temps sur la deuxième étape, Matthias Walkner a rapidement essayé de suivre le rythme de son coéquipier Toby Price lors de la spéciale en direction de Wadi Ad-Dawasir. Mais c’était sans compter sur un problème d’embrayage, après s’être ferré dans une dune peu avant le km 46. Contraint de s’arrêter pour réparer sa machine, l’Autrichien a perdu plus de 2h dans la manœuvre. Il est malgré tout parvenu à rejoindre l’arrivée et, même s’il tentera de combler ce retard conséquent sur les prochains jours, n’a-t-il pas déjà anéanti toutes ses chances de reprendre le titre qu’il avait remporté en 2018 ? Il se peut que KTM ait perdu aujourd’hui l’un des atouts maîtres de sa reconquête. Bien que les écarts soient encore infimes, l’équipe entière peut faire grise mine puisqu’elle n’est pas représentée dans le Top 10 du général. Sam Sunderland, 12e, pointe à 12’50’’ de Barreda.

La stat’ du jour : 25

#88 Barreda Bort Joan (esp), Honda, Monster Energy Honda Team 2021, Motul. Pht. Frederic Le Floc’h/DPPI

Les chiffres sont imparables : Joan Barreda a remporté autant de spéciales que Marc Coma dans sa carrière sur le Dakar. Depuis sa première victoire d’étape en 2012, « Bang-Bang » a fait parler sa vitesse sur tous les types de spéciales et dépasse même aujourd’hui Hubert Auriol pour ce qui est de son palmarès. Pour autant, le pilote Honda connaît un sérieux problème de régularité et n’est jamais parvenu à se hisser plus haut que la 5e place du classement général final. Son profil rappelle à cet égard son compatriote Jordi Arcarons, victorieux quant à lui de 27 étapes sans avoir conquis le titre suprême. Mais Barreda n’a pas dit son dernier mot !

Sur un air de Classic

Les engagés en Dakar Classic connaissent aussi leur lot de péripéties. Mais la Coccinelle des Belges Benoît Callewaert et Ghislain Morel a bel et bien rejoint le bivouac de Wadi, à la 17e place de la spéciale du jour.

Benoît Callewaert et Ghislain Morel

HighLights Stage 2

Images : Red Bull Media House, Montage : FlashInfoAuto

Les réactions du jour

Adrien Van Beveren : « J’ai sorti ma clé à molette ! »

À l’aise sur cette étape de sable, le pilote Yamaha a retrouvé de bonnes sensations et signe le 6e temps du jour… pour l’anniversaire de ses 30 ans.

« Ça sent le podium d’étape, ce serait un beau cadeau pour mes 30 ans ! J’avoue que je suis parti avec l’intention de la gagner et je me suis retrouvé dans la poussière d’un pilote espagnol, puis Ross a pu me rattraper et lui, il ne faut pas lui donner trop de bonnes traces. Je me suis quand même concentré sur moi pour ne pas faire d’erreurs et ça a plutôt marché. C’était une étape vraiment costaud en navigation, mais je me suis amusé, je me suis lâché. J’ai sorti ma clé à molette et j’ai attaqué… ça ne veut rien dire mais c’est un code avec ma famille. Mais il faut être humble avec le Dakar. Je donne le meilleur à chaque fois sans avoir de regrets ».

Nasser Al Attiyah : « On a attaqué à fond »

Le triple vainqueur du Dakar a été le plus rapide sur la spéciale en route vers Wadi Ad Dawasir et semble surtout en parfait accord avec sa feuille de route stratégique.

« Apparemment on a gagné l’étape, mais je ne sais pas exactement combien de temps nous avons repris à Carlos. On a attaqué à fond et tout a bien marché. Nous n’avons pas fait une seule erreur du début à la fin, Mathieu a fait un super boulot, on peut être heureux. C’est un bon début de rallye »

Joan Barreda : « J’étais obligé d’attaquer »

Chasseur d’étapes sans équivalent, le pilote espagnol s’impose pour la 25e fois sur une spéciale du Dakar. Il profite également de la défaillance de ses rivaux pour prendre la tête du général.

« Après la dure journée d’hier, où j’ai perdu beaucoup de temps, j’étais obligé d’attaquer.

C’était une étape très rapide, qui me correspondait bien. C’était une journée parfaite, mais demain ce sera encore une longue journée. Je suis en tête mais maintenant il faut que je reste calme, il reste encore beaucoup de kilomètres ».

Dmitry Sotnikov : « On a trouvé notre rythme »

Plus que jamais, Dmitry Sotnikov s’affiche en candidat à la victoire finale. Le pilote Kamaz a enchainé un deuxième succès entre Bisha et Wadi Ad-Dawasir en devançant Mardeev et Viazovich, consolide ainsi son avance au classement général.

« C’était une longue étape. La première partie était compliquée à cause des dunes, la seconde très rapide. On a trouvé notre rythme en évitant les pièges de la navigation… »

Les classements ici

Information in English

A day for the desert foxes

#514 Soltys Martin (cze), Schovanek David (cze), Sikola Tomas (cze), Tatra, Tatra Buggyra Racing, Camion, Truck, action during the 2nd stage of the Dakar 2021 between Bisha and Wadi Al Dawasir, in Saudi Arabia on January 4, 2021#514 Soltys Martin (cze), Schovanek David (cze), Sikola Tomas (cze), Tatra, Tatra Buggyra Racing, Camion, Truck, action during the 2nd stage of the Dakar 2021 between Bisha and Wadi Al Dawasir, in Saudi Arabia on January 4, 2021 © Eric Vargiolu / DPPI

#12 De Soultrait Xavier (fra), Husqvarna, HT Rally Raid Husqvarna Racing, Motul, Moto, Bike, action during the 2nd stage of the Dakar 2021 between Bisha and Wadi Al Dawasir, in Saudi Arabia on January 4, 2021#12 De Soultrait Xavier (fra), Husqvarna, HT Rally Raid Husqvarna Racing, Motul, Moto, Bike, action during the 2nd stage of the Dakar 2021 between Bisha and Wadi Al Dawasir, in Saudi Arabia on January 4.

Focus

The change in landscape is striking on leaving Bisha to head to the west of the country, towards Wadi Ad Dawasir. Gone are the stony tracks that tested the competitors’ nerves and tyres. This time, sandy plateaux played host to the first part of the special, before the riders and drivers had to put their skills in the dunes to the forefront. They had to be experts in this delicate art in order to tackle those on the final section, with dunes broken up by the wind that has generously gusted over the region during the last few days. It was therefore not surprising that past-masters in sand such as Nasser Al-Attiyah in the car category or Joan Barreda in the bike race proved to be the quickest in this exercise.

Outline

On the second day of racing, the riders and drivers sometimes hold back a little, meaning positions do not often change much. Such an approach is not part of Joan Barreda’s DNA who, on the contrary, has all too often shone on the first week of the rally at the risk of disappearing from the standings prematurely. After starting in 20th position, the Spaniard convincingly overtook the pack of bikers as the day’s openers paid dearly for their hesitation in the dunes: Toby Price and Kevin Benavides both lost half an hour, Mathias Walkner waved goodbye to 2 hours 30 and Andrew Short exited the race, let down by his machine. As for Nasser Al-Attiyah, he added a 37th special stage win to his collection, deploying a strategically precise plan, even if Stéphane Peterhansel took over the reins at the top of the general standings. A pitched battle is taking place in the lightweight vehicle category, in which a new player emerged among the pretenders to the crown: behind the wheel of his Can-Am, Saleh Al Sahif became the second Saudi stage winner on the Dakar, six years after Yazeed Al-Rajhi triumphed in the Chilean dunes around Iquique. In the truck race, it appears that Dmitri Sotnikov is initially taking on the role of team leader for Kamaz. He won a second consecutive stage and now leads the general standings by 17 minutes ahead of Belarussian Sarhei Viazovich.

A crushing blow

After the third best time on the first stage, Matthias Walkner was intent on following the pace of his team-mate Toby Price on the special heading to Wadi Ad-Dawasir. However, a clutch problem put paid to these plans after he got stuck in a dune shortly after reaching the 46 km point. Forced to stop and repair his machine, this manoeuvre cost the Austrian more than 2 hours in lost time. Despite all that, he managed to reach the finishing line and, even though he will try to claw back the time lost over the next few days, it looks like he has lost any hope of regaining the title that he won in 2018. It is likely that KTM has lost one of its major assets in the quest to regain its crown. Although the gaps are still small, the entire team will not be happy because it does not have a representative in the top 10 of the general standings. Sam Sunderland, in 12th place, trails Barreda by 12’50’’.

Performance of the day

Pablo Copetti distinguished himself with a flourish on the second stage between Bisha and Wadi Ad-Dawasir. The Americano-Argentinean, who missed out on the 2020 edition several days before travelling to the rally due to an injury, today made an elite level comeback. It was from the 178-km point that he started to distance his rivals and soar away to a fourth stage victory, his first since the 2017 edition. Over the last months, Copetti has not hesitated to draw on the best resources to fine-tune his Yamaha Raptor 700 and ride during lockdown in the deserts of Nevada and California. His preparation has been far from conventional, but it is bearing plenty of fruit !

Stat of the day : 25

The figures are irrefutable: Joan Barreda has won as many special stages as Marc Coma in his career on the Dakar. Since his first stage victory in 2012, “Bang-Bang” has let his speed do the talking on all types of special and today has even overtaken Hubert Auriol in terms of his stage victory collection. However, the Honda rider has always found consistency problematic and has never finished higher than 5th place in the final general standings. His profile is similar to his countryman Jordi Arcarons, who triumphed on 27 stages without ever having won the overall title, but Barreda has not had his last word yet !

The makings of a Classic

The participants in the Dakar Classic have also experienced their fair share of incidents, but the Beetle driven by Belgians Benoît Callewaert and Ghislain Morel safely reached the bivouac in Wadi, in 17th place on the day’s special.

Quote of the day

Adrien Van Beveren: “I started with the idea of trying to win the stage”

The Yamaha rider was comfortable on this sandy stage and reacquainted himself with good riding sensations to post the 6th best time of the day, to celebrate his 30th birthday.

“It was a nice day. It’s my birthday – I’m thirty today – so I started with the idea of trying to win the stage. I was really fast on the first section, but then I got caught up in some dust with some riders and it took time to pass them on the tracks. My team-mate Ross came back really fast, then I saw at the refuelling point that Barreda was also there, so I decided to… I wouldn’t say to slow down, but to make sure I navigated perfectly and be safe to the end, so it was a good day ».