Les rebondissements n’ont pas manqué sur le circuit de Spa-Francorchamps, au fil de quatre heures de course palpitantes : des incidents ont ainsi entrainé deux entrées en piste de la voiture de sécurité et trois neutralisations « Full Course Yellow ». Au final, l’ORECA 07-Gibson n°40 de Gustavo Yacaman, James Allen et Richard Bradley offre au team Graff sa première victoire en LMP2 en European Le Mans Series (ELMS).
Bradley a reçu le drapeau à damier avec seulement 6 dixièmes d’avance sur l’ORECA n°22 de Ryo Hirakawa (G-Drive Racing), après que le pilote britannique ait dû observer une pénalité « drive-through » (passage obligatoire par la voie des stands à vitesse réduite) dans la toute dernière minute de course. Il reprend la piste juste devant le pilote japonais, dont il parvient à contenir les assauts tout au long du dernier tour.
En catégorie LMP3, la Ligier JS P3-Nissan n°9 signe elle aussi la première victoire de son équipe AT Racing. Après s’être imposés en LMGTE en 2015 sur le circuit d’Imola, Alexander Talkanitsa père et fils entrent dans le club très fermé des pilotes vainqueurs en ELMS dans deux catégories différentes. Sur la plus haute marche du podium de Spa-Francorchamps, la famille Talkanitsa partage ce succès avec son coéquipier danois Mikkel Jensen.
Après une bagarre épique, la catégorie LMGTE voit la victoire de la Ferrari n°51 de Spirit of Race et de son équipage 100 % italien, composé de Giorgio Roda, Rino Mastronardi et Andrea Bertolini.
LMP2 : G-Drive Racing creuse l’écart au classement général provisoire
Au départ, Léo Roussel et l’ORECA G-Drive Racing n°22 prennent la trajectoire intérieure dans le premier virage pour passer l’ORECA DragonSpeed n°21 de Henrik Hedman, partie depuis la pole position. Mais Roussel sort trop large du virage, ce qui permet à la Ligier United Autosports n°32 de Hugo de Sadeleer de prendre la tête. L’ORECA Graff n°39 de Jonathan Hirschi double également Léo Roussel. Ce dernier parvient à reprendre la deuxième place aux Combes lors du deuxième tour et revient rapidement dans les roues de la Ligier de tête.
Hirschi rejoint les stands alors que la Ligier Panis Barthez Compétition n°23 de Timothé Buret s’invite dans la lutte pour la tête de la course. Lorsque le premier Full Course Yellow est instauré pour évacuer des morceaux de carrosserie dans le virage 4, Léo Roussel plonge dans la voie des stands pour un arrêt ravitaillement stratégique, qui renvoie le pilote français en quatrième position au moment de la relance.
Bien remontés depuis le peloton jusqu’en troisième position, Gustavo Yacaman et l’ORECA Graff n°40 sont en bagarre avec Buret pour la deuxième place, alors que s’achève la première heure de course.
La Ligier Algarve Pro Racing n°25 d’Andrea Roda sort de la piste au virage 11, part en tête-à-queue dans la zone de dégagement, heurte le mur de pneus et se retrouve sur le toit. Fort heureusement, Roda sort indemne de la voiture mais sa mésaventure provoque la première neutralisation de la course par la voiture de sécurité. Celle-ci reste en piste pendant près de vingt minutes. La majorité des concurrents en profite pour passer par les stands pour des changements de pilotes, de pneus et des ravitaillements en carburant.
A la relance, c’est Timothé Buret qui pointe en tête devant Léo Roussel. Au volant de la Ligier United Autosports n°32, Will Owen est troisième devant l’ORECA Graff de Gustavo Yacaman.
Six minutes plus tard, la voiture de sécurité entre à nouveau en piste, à la suite d’une collision au virage 12 entre la Ligier Speed Factory n°5 et la Porsche Proton Competition n°77. La course est relancée 22 minutes plus tard, avec en tête la Ligier United Autosports n°32, devant celle de Panis Barthez Compétition (n°23), mais son pilote Timothé Buret voit revenir sur lui l’ORECA Graff n°40 de James Allen, qui passe le Français puis Owen pour s’installer en tête de la course.
La troisième heure de course voit un deuxième Full Course Yellow pour extirper la Ligier n°11 de l’intérieur du virage 1. Un autre Full Course Yellow est instauré lorsque la Norma MRacing-YMR n°19 sort de la piste au sommet du Raidillon. La Ligier n°23 de Panis Barthez Compétition repasse au stand mais son arrêt s’éternise et exclut la voiture de l’équipe française de la course à la victoire. L’ORECA G-Drive Racing n°22 s’arrête également : Memo Rojas passe le volant à Ryo Hirakawa pour les 90 dernières minutes de course.
La Dallara SMP Racing n°27 progresse régulièrement dans la hiérarchie grâce à Egor Orudzhev, qui passe à son volant les trois premières heures de course. Le Russe est dans le top 3 lorsqu’il passe le volant à son compatriote Matevos Isaakyan.
Dans la dernière heure de course, les ravitaillements vont décider de la plus haute marche du podium. Alors qu’une demi-heure reste encore à courir, la Ligier United Autosports n°32, pilotée par Filipe Albuquerque, effectue son dernier arrêt, ce qui permet à l’ORECA Graff n°40 de Richard Bradley de prendre la tête, devant la Dallara SMP Racing n°27 et l’ORECA G-Drive Racing n°22. A 22 minutes du drapeau à damier, cette dernière écope d’un drive-through pour non respect de la procédure de voiture de sécurité. Ryo Hirakawa effectue cette pénalité alors que Bradley et Isaakyan sont au stand pour leur dernier arrêt.
Hirakawa est maintenant deuxième, avec 20 secondes de retard sur Bradley, lorsque ce dernier est à son tour pénalisé d’un drive-through pour non respect des limites de la piste lors d’un dépassement sur la Dallara SMP Racing. Bradley repasse donc par la voie des stands dans l’avant-dernier tour et en ressort juste devant l’ORECA n°22 pour un dernier tour à suspense : Hirakawa est dans les roues de Bradley mais l’ORECA n°40 s’impose finalement avec moins d’une seconde d’avance. La Dallara SMP Racing n°27 termine troisième, devançant de justesse Filipe Albuquerque et sa Ligier United Autosports n°32 : l’équipe américaine conserve donc ses chances pour le titre lors de la dernière course de la saison, qui se déroulera au Portugal.
Au classement général provisoire des équipes LMP2, G-Drive Racing compte 18 points d’avance sur United Autosports. C’est un écart identique qui sépare Memo Rojas et Léo Roussel du trio Filipe Albuquerque/Hugo de Sadeleer/Will Owen.
LMP3 : une première victoire dominatrice pour AT Racing
Dans le premier tour de course, la Ligier AT Racing n°9 de Mikkel Jensen, partie de la pole position de la catégorie, est bloquée par plusieurs LMP2 au premier virage et doit sortir large pour éviter un éventuel contact. Elle se retrouve cinquième au premier tour. La Ligier United Autosports n°3 de Wayne Boyd est alors en tête devant l’autre Ligier n°16 de Theo Bean (Panis Barthez Compétition). Leader du classement provisoire LMP3, la Ligier United Autosports n°2 de Sean Rayhall connaît également des soucis au départ et pointe en dixième position à l’issue du premier tour.
Mikkel Jensen attaque sa remontée, et sa Ligier n°9 est revenue de la cinquième à la deuxième place à la fin du deuxième tour. Au huitième passage, il double Boyd pour prendre la tête, lors de l’instauration du premier Full Course Yellow. A la relance, il creuse rapidement un écart qui grimpe à 13 secondes. Pendant ce temps, Sean Rayhall est lui-même en pleine remontée : il est cinquième pendant la deuxième heure et réduit l’écart sur les concurrents qui le précèdent, avec comme premier objectif la Ligier RLR MSport n°15 de John Farano.
Les deux neutralisations sous voiture de sécurité et les deux autres Full Course Yellow changent la physionomie de la tête de la course, mais la Ligier AT Racing n°9 d’Alexander Talkanitsa est solide leader, avec 44 secondes d’avance sur les autres Ligier n°15 et n°6. Ces deux dernières écopent d’une pénalité stop-and-go (arrêt au stand obligatoire) de 2’20 » minutes pour dépassement sous régime de voiture de sécurité, ce qui augmente encore davantage l’avance de la Ligier n°9.
Mais Talkanitsa est pénalisé à son tour d’un stop-and-go pour n’avoir pas coupé son moteur au cours d’un ravitaillement en carburant. Toutefois, son avance est suffisamment conséquente pour que la Ligier n°9 ressorte des stands avec encore près de 2 minutes d’avance sur sa plus proche rivale LMP3.
Désormais au volant de la Ligier United Autosports n°2, John Falb est deuxième avant la dernière salve d’arrêts au stand. Il reprend la piste derrière la Norma Duqueine Engineering n°7 de David Droux. L’américain se lance à la poursuite du français alors que la course entre dans sa dernière phase. Alexander Talkanitsa Junior reçoit le drapeau à damier pour la première victoire d’AT Racing en LMP3, deux ans après son dernier succès ELMS en catégorie LMGTE à Imola en mai 2015. La Ligier n°7 est deuxième, devant celle des leaders du classement provisoire LMP3, John Falb et Sean Rayhall.
Les 15 points de la troisième place permettent à Falb et Rayhall de porter leur avance à 19 unités devant la Ligier M Racing YMR n°18 d’Alexandre Cougnaud, Antoine Jung et Romano Ricci.
LMGTE : Ferrari écrase la concurrence
La catégorie LMGTE a toujours été l’une des plus passionnantes à suivre en course et les 4 Heures de Spa-Francorchamps n’ont pas fait exception à cette règle.
La Porsche Proton Competition n°77 de Joël Camathias réalise un bon départ depuis la pole position, alors que l’avant de l’Aston Martin TF Sport n°90 de Euan Hankey, leader du classement général provisoire de la catégorie, est endommagée pendant le premier tour. Hankey maîtrisait alors les assauts de la Ferrari Spirit of Race n°55 d’Aaron Scott et de l’Aston Martin Beechdean AMR n°99 de Ross Gunn. Hankey est aux prises avec sa tenue de route, ce qui permet à la Ferrari n°55 et de l’Aston Martin n°99 de prendre l’avantage au troisième tour.
Puis c’est au tour de Camathias de subir la pression de Scott, qui prend le meilleur sur le Suisse à La Source, juste avant le premier Full Course Yellow. A la relance, la Porsche harcèle Scott, et ce duel permet à Ross Gunn de revenir sur les deux leaders. La Ferrari n°51 de Giorgio Roda s’invite également dans cette lutte pour la victoire LMGTE, qui oppose maintenant quatre voitures.
Au 17e tour, Gunn tente un dépassement aux Combes mais manque sa manœuvre. L’ancien champion de la série GT4 britannique met à profit cette erreur pour la réussir au tour suivant, ce qui lui permet d’accéder à la deuxième place. Il revient alors sur le leader et met la pression sur la Ferrari de tête. A la fin de la première heure, la première des deux interventions de la voiture de sécurité voit le plateau LMGTE s’engouffrer dans la voie des stands pour la première salve de ravitaillements.
A la relance, l’Aston Martin n°99, désormais pilotée par Darren Turner, est en tête devant la Porsche n°77 de Christian Ried. Mais sa course s’achève lorsqu’une LMP3 le heurte à l’arrière, ce qui provoque la deuxième entrée en piste de la voiture de sécurité. La Porsche rejoint les stands où elle est réparée mais termine finalement sixième à 21 tours du leader LMGTE.
La lutte pour la victoire met maintenant aux prises l’Aston Martin Beechdean AMR n°99 et la Ferrari Spirit of Race n°51, pilotée par Rino Mastronardi. La bataille fait rage jusqu’à la salve suivante d’arrêts au stand, lorsqu’Andrea Bertolini prend le volant de la Ferrari et creuse un écart confortable sur l’Aston Martin n°99, pilotée par Andrew Howard, maintenant sous la menace de la Ferrari JMW Motorsport n°66 de Jody Fannin.
Pendant la dernière heure de course, Giorgio Roda est de retour dans le cockpit de la Ferrari n°51, avec un tour d’avance sur l’autre 488 GTE n°66 de JMW Motorsport, au volant de laquelle Will Stevens a relayé Fannin. On semble alors se diriger vers un triplé du cheval cabré, mais c’est compter sans l’Aston Martin de Ross Gunn, qui déloge la Ferrari Spirit of Race n°55 d’Aaron Scott de la troisième marche du podium.
Avec la cinquième place de l’Aston Martin Vantage TF Sport n°90, la lutte pour le titre LMGTE est plus serrée que jamais : avec 87 points, TF Sport devance JMW Motorsport de seulement deux unités. Un écart identique sépare les leaders Nicki Thiim, Salih Yoluc et Euan Hankey de Jody Fannin et Rob Smith.
Tout se jouera donc le mois prochain, lors de la finale de la saison 2017 à Portimão (Portugal)
pht. Jakob Ebrey Photography pour ELMS, Ferrari