L’œil dans l’objectif
Les victoires de Kevin Benavides à moto, Ignacio Casale en quad, Giniel de Villiers en auto et Ton Van Genugten en camion dans la dernière spéciale n’ont pas bouleversé les positions au sommet de la hiérarchie du rallye. Matthias Walkner est bien devenu le premier vainqueur autrichien à moto, la marque autrichienne poursuivant sa domination sur l’épreuve avec un 17e succès consécutif. Pour sa dernière participation Peugeot garde également la main avec cette fois-ci une seule auto sur le podium, la 3008 Maxi de Carlos Sainz. Menacé jusqu’à la veille de l’arrivée par Federico Villagra, Eduard Nikolaev remporte finalement un troisième titre dans la cabine de son camion Kamaz. Pour s’imposer sur son 2eDakar, le Chilien Ignacio Casale a en revanche dominé le classement général du 1er au dernier jour.
Au total, 191 véhicules ont bouclé la 40e édition : 85 motos, 32 quads, 49 autos dont 6 SxS et 25camions, soit 55% des engagés partis de Lima il y a deux semaines.
L’essentiel
Plus ouverte que jamais, la course moto n’aura pas tardé à offrir son premier rebondissement avec l’abandon prématuré de Sam Sunderland dans les dunes de San Juan de Marcona au 4e jour du rallye. C’est le tenant du titre, vainqueur de 2 des 3 premières étapes, qui laisse alors le champ libre à une meute affamée… et emmenée par une relève nommée Adrien van Beveren et Kevin Benavides. Les deux hommes vont mettre à mal l’habituelle domination de KTM et s’échanger la tête du classement générale à plusieurs reprises. Une bataille entrecoupée des coups d’éclats de Joan Barreda ou Antoine Meo, avant une intense et dévastatrice dixième étape. Une journée qui aurait dû permettre au jeune argentin de triompher sur ses terres et qui aura finalement mis fin à ses espoirs avec une terrible erreur de navigation dans les rios de Belén en fin de spéciale. Emmenant de nombreux favoris dans sa chute dont Toby Price, c’est Matthias Walkner et Van Beveren qui tiraient les marrons du feu. Jusqu’à la terrible chute du pilote Yamaha à 3 km de l’arrivée laissant l’Autrichien seule aux commandes du Dakar. En parfaite gestion de la fin de l’épreuve, l’Autrichien s’empare à 31 ans du plus beau fait d’armes de sa carrière et permet à KTM de maintenir une incroyable série de 17 succès à la suite…
Au lendemain de sa première victoire d’étape, la 10e de sa carrière sur le Dakar, Sébastien Loeb a dû quitter la course, battu par les dunes du désert de Tanaka ! Ce n’était ni le premier, ni le dernier rebondissement de ce Dakar imprévisible et indomptable : Nani Roma achevait en tonneaux son rallye sur l’étape en boucle de Pisco, tandis que Stéphane Peterhansel perdait les commandes du rallye sur un accident dans l’étape marathon d’Uyuni. Même Nasser Al Attiyah, docteur ès dunes, s’était retrouvé englué dans les sables de San Juan de Marcona : déjà une heure de perdue après 4 jours de course ! Au milieu de cette hécatombe, Carlos Sainz s’engageait dans un sans-faute auquel plus personne n’était habitué. « El Matador » attaque au plus juste, hameçonne la victoire et contrôle en père de famille au volant de sa 3008 Maxi. A Cordoba, il atteint l’arrivée au sommet d’un podium qui ressemble étrangement à celui de 2010, où l’Espagnol dominait déjà Al Attiyah (avec seulement 2’ d’écart à l’époque !). Giniel de Villiers termine pour la 8e fois dans le trio de tête en 15 participations, pendant que « Peter » en est exclu après une dernière dégringolade à la veille de l’arrivée.
Avec trois victoires consécutives sur les trois premières étapes, Ignacio Casalea d’emblée semé la panique dans les rangs de ses rivaux. Sergei Kariakin, tenant du titre largué, quittait le rallye sur blessure, tout comme Rafal Sonik, le vainqueur 2015. Impérial dans les dunes, le Chilien a ensuite été capable de contrôler en patron, tout en laissant s’exprimer sur leur terrain, les deux jeunes Argentins qui représentent l’avenir de la discipline : Nicolas Cavigliasso, 26 ans, et Jeremias Gonzales Ferioli, 22 ans, complètent dans cet ordre le podium final.
Eduard Nikolaev a commencé son huitième Dakar sur les chapeaux de roues. Impérial dans les dunes péruviennes, le champion 2017 n’a pas tardé à faire de gros écarts sur tous ses adversaires… à l’exception du tenace Federico Villagra! Seul pilote à être vraiment en mesure de concurrencer le leader du clan Kamaz, l’Argentin a fait le dos rond en première semaine avant de mettre la pression au Russe jusqu’à prendre la tête du général. Mais une boite de vitesse récalcitrante a finalement mis fin aux espoirs du pilote Iveco qui abandonne à la veille de l’arrivée et laisse Nikolaev triompher pour la 3e fois sur le Dakar. Son dauphin, Siarhei Viazovich, est à près de 4h…
Pour la deuxième année des SxS, Reinaldo Varela aura fait preuve d’une superbe régularité aux avant-postes, agrémentée de 5 victoires d’étapes, qui lui offre la plus haute marche du podium. Le Brésilien a notamment bataillé avec un féroce Patrice Garrouste, également 5 fois vainqueur.
La perf du jour
Engagé à la dernière minute par Honda pour pallier au forfait de Paulo Goncalves blessé, Jose Ignacio Cornejo Florimo a plus que rempli son contrat pour son deuxième Dakar après 2016. Le Chilien de 23 ans s’est offert plusieurs Top 10, une position qu’il occupe également au classement général à l’arrivée du rallye. Dans la ligne d’un Kevin Benavides, Cornejo pourrait bien être la nouvelle pépite dont Honda a besoin pour (enfin) faire tomber l’ogre KTM.
Le coup dur du jour
Au sommet de son art et confortable leader du général au soir de la sixième étape, Stéphane Peterhansel a tout perdu dans un accident sur la route d’Uyuni. Loin de renoncer, le pilote Peugeot remontait à la deuxième place du classement trois jours plus tard avec sa troisième victoire du rallye. Mais le Français était finalement éjecté du podium final lors de l’avant-dernière journée au départ de San Juan suite à un contact un peu trop violent avec un arbre. Peterhansel achève donc son 29e Dakar sur une 4e place loin de son rang de tredecuple vainqueur de l’épreuve (13) ! Une 40e édition anniversaire qui pourrait par ailleurs être la dernière de « Monsieur Dakar »
La statistique du jour
Place aux jeunes ! Après les départs de Marc Coma et Cyril Despres, un vent nouveau souffle sur la catégorie moto depuis quelques années. Et en 2018 plus que jamais, la fraicheur est de mise dans le classement général dont 8 des 10 premiers ont moins de cinq participations à leur actif à Cordoba ! Seul Gerard Farres fait véritablement partie de l’ancienne génération avec 11 Dakar à son palmarès.
La réaction du jour
Carlos Sainz : « Je suis très content. C’est une récompense magnifique. La joie est immense, cela me rappelle ma dernière saison de WRC en 2004, je m’étais imposé sur le rallye de Cordoba, exactement sur les mêmes pistes qu’ici avec le Dakar. J’ai connu des abandons ces dernières années, mais j’ai toujours fait de mon mieux. Et cette fois-ci, c’était un Dakar très dur. Maintenant, je vais profiter de cette victoire et voir ce que je ferai à l’avenir. Peugeot se retire et moi, je vais en discuter avec ma famille ».
CLASSEMENT GÉNÉRAL PROVISOIRE APRÈS L’ÉTAPE 14
1. Carlos Sainz (ESP) / Lucas Cruz (ESP), PEUGEOT 3008 DKR Maxi, en 49 h 16min18s
2. Nasser Al Attiyah (QAT) / Matthieu Baumel (FRA), Toyota 4WD, +43min40s
3. Giniel de Villiers (ZAF) / Dirk von Zitzewitz (ZAF), Toyota 4WD, +1h 16min41s
4. Stéphane Peterhansel (FRA) / Jean-Paul Cottret (FRA), PEUGEOT 3008DKR Maxi, +1h 25min29s
5. Jakub Przygonski (POL) / Tom Colsoul (BEL), Mini 4WD, +2h 45min24s
6. Khalid Al Qassimi (ARE) / Xavier Panseri (FRA), Peugeot 3008DKR Maxi, +4h 20min58s
pht. Red Bull Content Pool