21 novembre 2024

Dakar, étape 1, Sunderland au tapis, Sainz en papa modèle

L’œil dans l’objectif

La course s’est bel et bien éloignée de l’ambiance de plage pour la première étape du Dakar 2023. C’est en se déportant d’une trentaine de kilomètres que la spéciale du jour a longé la côte, direction Yanbu et au-delà. Sur les 368 kilomètres au programme, la première partie ponctuée de sections rocailleuses a mis tout le monde sur ses gardes, mais pas suffisamment Sam Sunderland, contraint à l’abandon sur chute. C’est ensuite sur des portions plus roulantes, entre vallées et pistes sablonneuses, que Carlos Sainz comme Daniel Sanders ont fait valoir leur pointe de vitesse. Comme récompense de leurs efforts, les pilotes et équipages rejoignent le Sea Camp par la route du littoral sur plus de 200 kilomètres.

L’essentiel

#207, Carlos Sainz, P1. pht. Red Bull

Il ne suffit pas d’avoir gagné à force de constance et de performances le statut de patron de la discipline pour maîtriser le Dakar. Sam Sunderland, le champion du monde en titre et vainqueur de la dernière édition a fait les frais, une fois encore, de la cruauté de l’épreuve qu’il a quittée sur chute après 52 km de course (voir coup dur). Le désert ayant finalement horreur du vide, les premiers rôles ont très vite été occupés, d’abord par le jeune Américain Mason Klein, qui a bien failli conclure sa première étape comme pilote de RallyGP par une victoire. Une pénalité pour excès de vitesse a différé ce moment qui ne saurait tarder, et c’est un autre représentant du « pays de l’oncle Sam » (ha, ha !), Ricky Brabec, qui a ajouté une 9e spéciale à son palmarès et pris les commandes du rallye.

#2, Ricky Brabec, P1. pht. Dakar

Parmi les hommes forts qui se sont distingués, Kevin Benavides et Toby Price complètent le podium du général devant Joan Barreda, lui aussi privé d’honneur par une pénalité. Si « Bang Bang » n’est pas passé loin d’un gros coup, c’est un autre chasseur d’étapes espagnol qui a sévi en autos, puisque Carlos Sainz est allé chercher une 42e spéciale, la sixième pour Audi depuis son arrivée l’année dernière sur le Dakar, le tout sous les yeux de son fils Carlos Sainz Jr en visite aujourd’hui.

#201, Sébastien Loeb, P2. pht. Red Bull

Pour compléter le tableau glorieux du jour dessiné par les RS Q e-tron E2, Sébastien Loeb, 2e, se retrouve comme hier pris en tenaille, cette fois-ci par Mattias Ekström, auteur du 3e temps. Au général, El Matador donne l’exemple à son fiston et domine la hiérarchie avec 10’’ d’avance sur Loeb. Chez les T3, le vainqueur 2019-21-22, « Chaleco » Lopez, a repris les commandes en remportant la spéciale, ce qui ne lui était plus arrivé depuis deux ans, tandis que Guillaume de Mévius perturbe le défilé des Can-Am en s’intercalant en 2e position, devant Seth Quintero.

#47, Kevin Benavides, P2. pht. Red Bull

La course T4 a donné lieu à une explication entre gamins ultra-doués, remportée par Eryk Goczal, 18 ans comme son poursuivant sur le podium du jour, Pau Navarro (voir la perf du jour). En camions, Martin Macik s’applique à livrer une démonstration. Après son succès sur le prologue, le Tchèque s’impose cette fois sur 368 kilomètres, devant son compatriote et néanmoins rival Ales Loprais.

#501, Martin Macik, P1. pht. Dakar

La perf’ du jour

#428, Eryk Goczal, P1. pht. Dakar

Les gosses, les boss ! C’est une œuvre collective qui a été réalisée par la génération montante dans la catégorie T4. C’est tout simplement le plus jeune pilote de l’histoire du Dakar, Eryk Goczal, 18 ans, qui s’est imposé à l’occasion de la première étape qu’il dispute sur le Dakar. Son talent était annoncé depuis longtemps par son père et son oncle, eux-mêmes collectionneurs d’étapes l’année dernière. Ils n’ont manifestement pas menti par pêché d’orgueil familial. A peine moins performant et lui aussi très récemment doté du permis de conduire, l’Espagnol Pau Navarro fait également briller le millésime 2004 en prenant la deuxième place. Son coup de volant avait déjà été observé sur l’Andalucia Rally, où il avait remporté la catégorie. Il ne faut pas descendre beaucoup d’étages dans le classement pour trouver un autre bambin : le Brésilien Bruno Conti de Oliveira, 18 ans, s’est fait une place dans le Top 10 comme les copains.

Le coup dur du jour

#1, Sam Sunderland, abandon. pht. Red Bull

Avec Sam Sunderland, vainqueur du Dakar et du championnat du monde de rallye-raid en 2022, c’est tout ou rien. Et ce sera rien pour son 10e Dakar ! Parti en 22e position, le Britannique s’était pourtant bien lancé dans ce Dakar en signant le meilleur temps du premier pointage après 37 kilomètres. Mais au kilomètre 52, Sam est parti au tapis. Conscient et mobile mais se plaignant du dos, il a été héliporté vers Yambu où une fracture de l’omoplate a été diagnostiquée. Depuis son arrivée en 2012 sur le Dakar, « SunderSam » est sorti six fois par la petite porte en abandonnant. Les autres fois, il est systématiquement monté sur le podium et par deux fois sur la plus haute marche (2022 et 2017). 20% de victoire, 20% de podium et 60% d’abandon, voilà pour ses nouvelles stats qui restent flatteuses.

La stat’ du jour : 7-6

#152, Manuel Andujar, P1. pht. Dakar

Les deux derniers vainqueurs du Dakar dans la catégorie quads jouent sur la piste un remake de la finale de la coupe du monde de football. Sur l’étape du jour, l’Argentin Manuel Andujar s’est imposé pour 44’’ devant Alexandre Giroud, en revanche le Français domine toujours le classement général avec l’ambition (comme les Bleus !) de défendre le titre conquis lors de la dernière édition. Les deux pilotes ne sont séparés que par 21’’ dans la hiérarchie provisoire. Et en ce qui concerne leurs statistiques respectives sur l’ensemble de leurs carrières, il y a maintenant 7 étapes à 6 en faveur du Français… gare aux pénaltys, Giroud !

Championnat du monde de rallye raid

Coup de tonnerre après les douze coups de minuit du nouvel an sur le W2RC. La manche inaugurale perd d’entrée de jeu son champion du monde en titre moto. Sam Sunderland qui avait construit son titre sur un doublé magistral en ouverture de la saison 2022 ne pourra pas reproduire cet exploit en 2023 et le challenge sera grand pour revenir au score sans empocher le moindre point sur le Dakar. Le saison 2 est d’ores et déjà on ne peut plus ouverte. En Rally2 aussi un prétendant de taille a quitté le Dakar, pour une blessure au coude cette fois. C’est Bradley Cox qui avait mené les débats du jour et qui pouvait croire en ses chances de prendre la succession de Mason Klein qui quitte le Dakar dès le premier jour. Paolo Lucci de chez BAS World KTM Racing en profite pour s’imposer devant Camille Chapelière du Team Casteu et les deux prétendants s’emparent dans cet ordre du provisoire. En T3 le patron du W2RC 2022 « Chaleco » Lopez a marqué son territoire devant Quintero son dauphin et Austin Jones son nouveau coéquipier. Un triplé de la Reb Bull Can-Am Factory et du Red Bull Off-Road Junior Team USA que l’on retrouve au général. En T4, Eryk Goczal inscrit son nom sur les tablettes du W2RC en remportant une étape pour son entrée en scène ! En T5, Martin Macik est intouchable depuis le début de ce Dakar. En autos, Carlos Sainz a pris la bonne résolution de rejoindre le W2RC 2023 et remporte la journée et le général devant Loeb et Al Rajhi. Chicherit, Al Attiyah, Ekström et Peterhansel restent en embuscade, tout reste à construire encore.

Classements Etape 1 ici

Sur un air de Classic

#701, Jerome Galpin, P1. pht. Dakar

La page de l’année 2022 a beau être tournée, les noms de la précédente édition du Dakar Classic ont ouvert les classements de la première étape de l’édition 2023. Le couple Galpin a fait parler la poudre avec son Protruck dans le premier test de régularité en signant un parcours quasiment parfait. Dans le test de dunes, une des nouveautés de cette 3e édition, c’est le 4×4 numéro 700 des tenants du titre Serge Mogno et Florent Drulhon qui a dessiné le tracé parfait en ralliant tous les way points placés dans les dunes. Les Galpin remettaient ça dans le deuxième test de régularité, mais un autre couple, les Berteloot, pointait son nez en troisième position et confirmait sa grande forme en remportant le dernier tronçon de régul’. Le Protruck numéro 701 des Galpin, 4e final l’an passé est venu avec une bonne résolution : celle de monter sur le podium. À suivre demain…

La réaction du jour

Sébastien Loeb : « On a augmenté le rythme ».

Deuxième de l’étape, le pilote français pointe également à la deuxième place du classement général, à 10 petites secondes du vainqueur du jour, Carlos Sainz.

« Globalement c’était une belle spéciale, avec au départ de grosses pierres tout de même, donc nous avons fait attention pour ne pas subir de crevaisons. Donc j’ai roulé assez cool à ce moment-là, puis on a augmenté le rythme au fur et à mesure. On a dû perdre une petite minute en navigation, mais pas grand-chose, donc c’était une bonne spéciale pour nous. Demain nous serons deuxième sur la route, ce n’est pas forcément une très bonne position pour attaquer, mais on fera au mieux ».

Réactions :

Adrien Van Beveren : « De meilleures sensations après le refueling »

Pas très à l’aise sur les premiers kilomètres de la première spéciale du rallye, Adrien Van Beveren a fini par retrouver de meilleures sensations pour terminer la journée sur un rythme plus soutenu. Le Français ne concède que quatre minutes au leader américain Ricky Brabec.

« Le début de l’étape était relativement compliqué. J’ai eu du mal à trouver le rythme, à lire le terrain… Il y avait des dangers que je n’attendais pas. Après le refueling j’ai mieux roulé, j’ai retrouvé mes sensations… »

Chaleco Lopez : « c’est une très bonne journée »

Vainqueur de la première étape, Chaleco a résisté, comme il sait le faire avec brio, à la pression de ses coéquipiers et d’un flamboyant Guillaume de Mévius en particulier.

« La première partie de la spéciale était truffée de pierre où il était facile d’endommager la voiture. La deuxième partie n’était pas évidente en navigation dans les dunes et je pense que c’est une très bonne journée…

Stéphane Peterhansel : « A partir de là, on a roulé safe »

S’il avait bien négocié le prologue en signant hier le troisième temps derrière Mattias Ekström et Sébastien Loeb, Stéphane Peterhansel a été moins en réussite lors de la première étape. Deux crevaisons ont plombé ses ambitions…

« Pour rester positif, on dira que c’est mieux que l’an dernier puisque dès la première étape on avait perdu toute chance de bien figurer à l’arrivée….

Carlos Sainz : « Tout s’est bien passé hormis une crevaison »

Carlos Sainz en famille avec son fils Carlos Sainz Junior pilote Ferrari F1. pht Red Bull

42e victoire de spéciale pour « El Matador » qui s’est montré en retrait en début de spéciale avant de remonter méthodiquement. L’explication est simple : Sainz a crevé et s’est ensuite méfié avant de planter l’estocade.

« Tout s’est bien passé hormis une crevaison en début de spéciale et le fait que je me sois méfié par la suite des pierres. Le reste de la spéciale s’est déroulé…

Nasser Al Attiyah : « pas un mauvais résultat »

Le tenant du titre débute le Dakar par une 4e place à 12’’ du leader, dans les temps de Peterhansel et Chicherit qui l’encadrent, à plus de dix secondes de Ekström et Loeb.

« Finir derrière le trio n’est pas un mauvais résultat pour partir demain et essayer de gagner l’étape, ce qui serait bien dans la perspective d’ouvrir l’étape 2 juste avant le jour 3 qui s’annonce important. »

Etape 2, Sea Camp/Alula, 430 km de spéciale