À retenir
- La 45e édition du Dakar s’est achevée à Dammam après 14 étapes marquées par des rebondissements dans toutes les catégories. Si le succès de Nasser Al Attiyah n’est pas une surprise, il défend pour la première fois victorieusement son titre et s’impose pour la cinquième fois de sa carrière, avec le plus gros écart réalisé depuis 20 ans chez les autos. Il distance de 1h20’ Sébastien Loeb, battu mais auteur d’une série de six victoires d’étapes consécutives (sept au total) qui le fait rentrer dans le livre des records du Dakar. À moto, c’est un dénouement encore plus fou qui s’est joué avec, pour la première fois dans la catégorie, la prise de pouvoir le dernier jour de Kevin Benavides, délogeant Toby Price du sommet du classement général pour terminer avec le plus petit écart final jamais enregistré sur le Dakar : 43 secondes.
- De même, chez les SSV, le plus jeune pilote jamais engagé sur le Dakar a été le bénéficiaire d’un retournement de situation énorme dans la dernière étape : le leader Rokas Baciuskas a perdu sa place au profit du Polonais de 18 ans Eryk Goczal, accompagné sur le podium de son père Marek, 3e. Une histoire familiale encore jamais vue.
- En T3, la victoire est revenue à Austin Jones, déjà en tête l’année dernière en T4, tandis que la catégorie camions a été remportée par Janus Van Kasteren, premier vainqueur néerlandais de la course depuis Gerard De Rooy en 2016.
- Les vainqueurs comme tous les pilotes ayant eu la détermination de boucler ce parcours exigeant seront célébrés en soirée lors d’une cérémonie de podium organisée à Ithra, au centre culturel bâti par Aramco pour les 75 ans de la compagnie devenue cette année partenaire majeur du Dakar.
- Au total, 235 véhicules sur les 355 engagés ont rejoint l’arrivée du Dakar 2023 : 80 motos (vs 121 au départ), 10 quads (vs 18), 46 autos T1 et T2 (vs 67), 38 proto-légers (vs 47), 39 SSV (vs 45) et 22 camions. Par ailleurs, 80 des 88 équipages ayant pris part à la 3e édition du Dakar Classic, la course de régularité ouverte aux véhicules du XXe siècle, ont terminé l’épreuve.
AUTOS : AL ATTIYAH, LA FORCE TRANQUILLE
En règle générale, on ne fait pas le fier en ramenant un 5/20 à la maison. Mais lorsqu’il s’agit de Nasser Al Attiyah, qui exposera un cinquième bédouin dans son musée à trophées, conquis au terme de sa 20e participation au Dakar (édition 2008 comprise, comme c’est l’usage sur le bivouac !), on peut facilement lui attribuer la mention très bien, les félicitations du jury et en prime l’admiration de la planète rallye-raid au complet pour l’ensemble de son œuvre. La machine à succès Al Attiyah s’est réellement mise en route en 2011, à l’époque avec Timo Gottschalk comme allié dans une Volkswagen Touareg. Depuis, sa première réputation de froisseur de tôle s’est bien dissipée, et l’association avec Mathieu Baumel à la navigation à partir de 2015 a abouti à quatre nouvelles victoires : en 2015 dans une Mini, puis en 2019, 2022 et maintenant 2023 au volant d’une Toyota Hilux. C’est un tableau de maître qu’a dessiné le duo sur les sables d’Arabie Saoudite, prenant la tête de la course sans se précipiter au soir de la troisième étape pour atteindre la journée de repos avec 1h20’ d’avance, pendant que tous ses rivaux succombaient aux rigueurs du terrain. Les Hunter de l’écurie Prodrive se retrouvaient exclus des débats principaux dès la deuxième étape par une pluie de crevaisons, tandis que les Audi de Stéphane Peterhansel et de Carlos Sainz perdaient toute chance de succès au pied d’une dune sur la sixième étape. L’heure de la conquête n’a pas encore sonné pour les RS Q e-tron à motorisation électrique, dont un seul exemplaire, celui de Mattias Ekström, a vu l’arrivée deux semaines après avoir gagné le prologue du Sea Camp.
Seul réel rescapé de cette hécatombe chez les adversaires des Toyota, Sébastien Loeb s’est lancé dans une course-poursuite bien lointaine mais pleine de panache en vue de l’Empty Quarter, et jusqu’à l’arrivée à Dammam. Sur sa chevauchée désertique et héroïque, le nonuple champion du monde de WRC a empilé les succès, apprivoisant les dunes comme jamais et réalisant un sans-faute qui le fait rentrer dans l’histoire avec une série de 6 étapes remportées consécutivement, effaçant des tablettes un enchaînement de cinq spéciales gagnées par Ari Vatanen en 1989. Nasser, tranquillement supersonique, a pris soin de ne pas rentrer dans ce jeu et a mis le cap sur Dammam où son avance sur Loeb, le même dauphin que l’année dernière, reste de 1h20’. Et le cinquième succès d’Al Attiyah met lui aussi un petit coup de vieux au grand maître finlandais, qui n’avait gagné « que » quatre fois le Dakar, mais en l’espace de cinq éditions seulement. Dans son viseur, la campagne 2023 a aussi permis au Qatari de progresser vers le record des 50 victoires d’étapes de Vatanen, avec 47 au compteur, et les huit titres en autos de Stéphane Peterhansel.
Dans le clan Toyota, les sourires se portent jusqu’aux oreilles, la troisième marche du podium étant occupée par un nouveau venu dans l’équipe et sur le Dakar. Le Brésilien Lucas Moraes devient le premier débutant en autos à atteindre le trio de tête depuis la victoire de Juha Kankkunen en 1988. Et le Top 5 est complété par deux autres Hilux : celui du métronome Giniel De Villiers qui termine dans cette élite resserrée pour la 15e fois, suivi de son compatriote sud-africain Henk Lategan qui tentera dans l’avenir de suivre l’exemple de son mentor. Face à cette domination éclatante, la 6e place de Martin Prokop vaut bien mieux qu’un lot de consolation, tandis que Wei Han est allé chercher le meilleur résultat d’un pilote chinois avec sa 8e place. En étrennant le nouveau T1+ de l’écurie X raid avec une 9e place, Sébastian Halpern mobilisera son optimisme pour voir un encouragement à persévérer, tout comme Guerlain Chicherit qui ferme le Top 10 et a convaincu avec deux victoires de spéciales dont la dernière (neuf Top 5 d’étapes au total) que son niveau de pilotage n’avait rien à envier aux meilleurs.
AUTO T1
1 Nasser Al Attiyah (QAT) / Mathieu Baumel (FRA) TOYOTA GAZOO RACING
2 Sébastien Loeb (FRA) / Fabian Lurquin ((BEL) BAHRAIN RAID XTREME, à 1h20’49 »
3 Lucas Moraes (BRA) / Timo Gottschalk (DEU) OVERDRIVE RACING, à 1h38’31 »
MOTOS : POUR UNE POIGNÉE DE SECONDES
Du jamais vu. Jamais un motard n’avait perdu la tête du général dans la dernière spéciale du Dakar. Et jamais l’écart entre le vainqueur et son dauphin à l’arrivée n’aura été aussi serré. Un scénario inédit mais pas imprévisible. Car l’écart hier entre Toby Price et Kevin Benavides était déjà historique : 12 secondes entre les deux coéquipiers de chez KTM. Le Dakar le plus long disputé en Arabie Saoudite s’est donc finalement joué au sprint. Un exercice dans lequel les deux ex-enduristes excellent autant l’un que l’autre. Price avait ainsi ouvert la 45e édition en remportant le prologue avant de se faire discret mais toujours placé, à l’image de l’Argentin qui ne sortit du bois que pour remporter l’étape 13 et fondre sur l’Australien. Le finish s’est apparenté à un saut de haies, matérialisé par les way points. De sa propre analyse, Price a perdu le Dakar en trébuchant à deux reprises. Kevin avoue avoir fait une fois demi-tour pour aller valider un way point… Toby trois fois. À l’arrivée, l’Argentin rejoint le clan des doubles vainqueurs du Dakar (2021 et 2023) pour 43 secondes de mieux que son nouveau pair (2016 et 2019). Il rejoint Auriol, Rahier, Meoni, Price et Sunderland. 100e l’an dernier après une casse moteur, le nouveau vainqueur recruté par KTM après son succès sur Honda met fin à trois années en rouge sur le Dakar. Après deux victoires de Honda et celle de GasGas l’an passé, la marque orange de Mattighofen reprend la main et signe son 19e succès. Un doublé sur le podium accompagné du cousin de chez Husqvarna. Skyler Howes est mal récompensé de ses efforts sur son 5e Dakar. L’Américain a porté le poids du statut de leader du général durant six jours avant de se faire coiffer au poteau. Mais il monte avec fierté et avec l’avenir devant lui pour la première fois sur le podium, la 5e fois pour un Américain.
Ce Dakar 2023 a un goût de revanche des damnés de l’édition précédente. Price avait en effet perdu gros dès le début, dans l’impossibilité de finir mieux que 10e, son plus mauvais résultat de finisher, Howes sortait sur chute et Kevin Benavides était trahi par sa mécanique. Cette fois, le Dakar n’a pas souri à la majorité des têtes d’affiche de 2022. La moitié du Top 10 de l’an dernier n’a pas vu l’arrivée. Et pas des moindres. Sunderland le tenant du titre sortait dès l’étape 1. Le lendemain, c’est Brabec qui chutait lui aussi, puis Barreda dans l’étape 8. Dans la 13, Mason Klein le meilleur rookie arrivé 9e à Jeddah qui avait occupé la tête du Dakar cette année à l’étape 2 jetait l’éponge tandis que Walkner, sur le podium l’an dernier, chutait à la veille de l’arrivée. Trois autres pilotes officiels ont fait les frais de ce Dakar rugueux. Joaquim Rodrigues de Hero et Harith Noah de chez Sherco s’étaient déjà ajoutés à la liste des blessés dans l’étape 4. Rui Gonçalves le coéquipier de l’Indien abandonnait à l’étape 6. A la course par élimination, Honda place trois de ses quatre pilotes officiels dans le Top 10. Quintanilla termine au pied du podium devant Van Beveren tandis que Cornejo est 8e. Luciano Benavides, recordman de victoires de spéciales cette année avec 3 succès sur sa HVA est 6e. Daniel Sanders, de nouveau grand animateur du début de la course avant d’être rattrapé par des pépins physiques est 7e. Lorenzo Santolino, 11e l’an passé, a patiemment joué la montre sur sa Sherco pour remonter 9e et renouer comme en 2021 (6e) avec le Top 10. Et Franco Caimi ferme la dizaine au guidon de sa Hero et permet aux 6 marques officiellement engagées sur cette 45e édition d’être toutes représentées.
Rally2 : « Dudu », rapide et solide
Après la sortie prématurée sur chute de Bradley Cox, les prétendants à la catégorie Rally2 se sont vite affirmés. Paolo Lucci et le rookie Michael Docherty d’abord, Romain Dumontier touché par une grippe prenant dans un premier temps son mal en patience. Mais l’Italien comme le Sud-africain sont partis à la faute en chutant chacun leur tour les premiers jours, laissant le rouleau compresseur français poursuivre un parcours sans faute sur un rythme qui l’a placé régulièrement parmi les temps des RallyGP. Après une première victoire en spéciale dans l’étape 4, « Dudu » prenait la tête de la catégorie le lendemain jusqu’à l’arrivée. Seul son coéquipier Docherty lui contesta par la suite deux spéciales dans l’Empty Quarter, le terrain de jeu d’adoption du résident des Emirats. À l’arrivée, le trio signe un tir groupé à partir de la 14e place. 16e au scratch, Docherty est aussi le meilleur rookie de cette édition. En Original by Motul, les motards sans assistance au bivouac, le favori au classement de cette catégorie était le Sud-africain Charon Moore, 4e l’an passé pour sa première participation. Il s’impose après une belle explication avec l’Espagnol Javi Vega sur lequel il a pris l’avantage dans l’avant-dernière spéciale. Le vétéran Mario Patrao au statut de Légende ferme le podium. 15 Original by Motul sont venus à bout du Dakar le plus difficile de la saga saoudienne. Parmi eux, la féminine Kirsten Landman. La compatriote du vainqueur de la catégorie est la seconde féminine au classement dédié aux dames, remporté par la Hollandaise Mirjam Pol. Les vainqueurs Rally2, Original by Motul, féminine et le meilleur rookie roulaient tous aux couleurs du HT Rally Raid Husqvarna Racing. Un carton plein pour l’équipe de Henk Hellegers et ses pilotes privés… mais pas de talents ! Il n’y a guère que le classement du meilleur junior qui lui échappe. C’est le Français Jean-Loup Lepan de Nomade Racing, 4e Rally2 en 17e position qui l’emporte.
MOTO
1 Kevin Benavides (ARG) RED BULL KTM FACTORY RACING
2 Toby Price (AUS) RED BULL KTM FACTORY RACING, à 43 »
3 Skyler Howes (USA) HUSQVARNA FACTORY RACING, à 5’04 »
QUADS : GIROUD POUR L’HONNEUR DES BLEUS
Vainqueur en 2021, Manuel Andujar avait quitté le Dakar 2022 sans pouvoir défendre sa couronne. L’Argentin avait abandonné dans l’étape 6 sur une chute qui avait détruit son quad. Cette année, il comptait prendre sa revanche sur Alexandre Giroud qui en avait profité pour lui ravir la coupe. Quelques semaines après la finale de la coupe du monde de football disputée par la France contre l’Argentine, le duel annoncé entre les deux derniers vainqueurs du Dakar avait une double saveur de match retour ! Mais cette année encore, le compatriote de Messi n’atteint pas son but. Déjà très retardé par un ennui mécanique dans l’étape 3, le moteur de son quad l’a contraint à rejoindre les vestiaires dans l’étape 11. Francisco Moreno Flores prenait la pointe de l’attaque argentine, mais la montre jouait contre lui, l’avance du Français lui permettait déjà de jouer en défense. Pour l’honneur, le Brésilien Marcelo Medeiros pénalisé par une journée non terminée portait quatre assauts d’affilée, sans influence sur le général. Alexandre Giroud conserve sa couronne. Le pilote des bleus de Yamaha réalise un doublé consécutif que seul l’Argentin Alejandro Patronelli avait réalisé avant lui (2011-2012).
QUAD
1 Alexandre Giroud (FRA) YAMAHA RACING – SMX – DRAG’ON
2 Francisco Moreno (ARG) DRAGON, à 43’11 »
3 Pablo Copetti (USA) DEL AMO MOTORSPORTS BY MOTUL, à 1h52’55 »
PROTOTYPES LEGERS : COUP DOUBLE POUR JONES
Lorsque « Chaleco » Lopez, le tenant du titre en catégorie T3, a sifflé le coup d’envoi du 45e Dakar à Sea Camp, on s’attendait clairement à un match retour entre le Chilien et celui qui avait pratiquement raflé toutes les victoires lors de l’édition précédente, Seth Quintero. Mais un Dakar ne se joue pas sur son prologue. Cristina Gutierrez s’est imposée devant Quintero et rien ne laissait entendre que la 12e place d’Austin Jones allait le mener vers le sacre à Dammam. C’est pourtant bel et bien ce qui s’est passé. Gutierrez, Lopez et Quintero se sont échangé les commandes du classement général. Chacun connaîtra ensuite son lot de galères comme celle de se retrouver coincé au beau milieu d’une rivière en crue lors de l’étape 3 ou encore celle de perdre une roue sur la route. Mitch Guthrie a lui aussi été victime d’un problème mécanique lors de l’étape 5. Guillaume De Mévius en a alors profité pour s’installer aux commandes, talonné de Jones. Le Belge y a longtemps cru, au moins jusqu’au km 41 de l’étape 11. Frappés d’un ennui mécanique, son copilote François Cazalet et lui ont laissé plus de 1h30’ dans le désert. De là, Jones s’est retrouvé en tête avec un boulevard d’avance sur ses poursuivants. Les jeux étaient alors quasiment faits. Les victoires de Guthrie, de Quintero, ou même celles des nouveaux prototypes Yamaha menés par Joao Ferreira et Ricardo Porem n’ont pas réussi à entamer la régularité de Jones qui n’a manqué le Top 5 qu’à cinq reprises sur l’ensemble du parcours. L’Américain, déjà sacré l’an dernier en SSV, a empoché le titre pour sa première tentative en T3.
T3
1 Austin Jones (USA) / Gustavo Gugelmin (BRA) RED BULL OFF-ROAD JR TEAM USA BY BFG
2 Seth Quintero (USA) / Dennis Zenz (DEU) RED BULL OFF-ROAD JR TEAM USA BY BFG, à 52’05 »
3 Guillaume de Mévius (BEL) / François Cazalet (FRA) GRALLYTEAM, à 1h35’42 »
SSV : LE GOSSE, LE BOSS !
Avec la promotion réussie d’Austin Jones en T3, la logique voulait que le titre se joue entre les frères Goczal, Marek et Michal, qui avaient cumulé huit victoires d’étape à eux deux l’an dernier, Rokas Baciuska, champion du monde de rallye-raid en titre chez les SSV, ou encore l’expérimenté Gerard Farres, dauphin de la catégorie en 2022. Mais la menace est en fait venue d’ailleurs… plus précisément d’un rookie du nom d’Eryk Goczal, qui n’est rien d’autre que le fils de Marek. Du haut de ses 18 ans, le jeune Polonais est devenu dès le deuxième jour le plus jeune vainqueur d’étape sur le Dakar, succédant à Seth Quintero. Certains auraient pu y voir un simple coup d’éclat, mais le dernier venu des Goczal ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Vainqueur de l’étape 4, il s’est invité tout naturellement parmi les prétendants à la plus haute marche du podium aux côtés de son père et de Rodrigo Luppi De Oliveira, qui a fait preuve de régularité sur la première moitié de l’épreuve avant de perdre plus de 40 minutes et de se retrouver exclu de la course au titre. D’autres protagonistes ont aussi joué de malchance : Baciuska, Marek et Eryk… tous en ont eu pour leur compte, mais ça aura eu le mérite de resserrer le classement. Baciuska s’est installé en tête et a su maintenir une petite avance jusqu’au soir de l’avant-dernière étape. Trois grosses minutes séparaient le Lituanien d’E. Goczal, rien n’était donc décidé. Si beaucoup pensaient que l’ultime spéciale allait être une promenade de santé, ce ne fut clairement pas le cas pour Baciuska qui a cassé un bras de suspension sur le parcours et a perdu une vingtaine de minutes. Eryk Goczal, plus déterminé que jamais, a tout compte fait décroché sa première victoire sur le Dakar. Un jour à marquer d’une pierre blanche pour la famille puisque Marek a conservé jusqu’au bout sa 3e position au général. Baciuska bien qu’il progresse pour sa part d’un rang par rapport à 2022, doit se contenter d’une deuxième place au goût amer. Plus de 53 h de course au scénario imprévisible en SSV.
T4
1 Eryk Goczal (POL) / Oriol Mena (ESP) ENERGYLANDIA RALLY TEAM
2 Rokas Baciuska (LTU) / Oriol Vidal (ESP) RED BULL CAN-AM FACTORY TEAM, à 16’44 »
3 Marek Goczal (POL) / Maciej Marton (POL) ENERGYLANDIA RALLY TEAM, à 18’15 »
CAMIONS : VAN KASTEREN DANS LES TABLETTES
Après six années d’un règne sans partage des camions russes, Janus Van Kasteren a inscrit son nom dans les annales. Grâce à cette victoire, il permet à Iveco de porter à trois son nombre de trophées sur le Dakar. Comme très souvent dans le plus prestigieux des rallyes-raids, c’est la régularité qui a primé. Martin Macik a bien essayé, en remportant les deux premiers scratchs, mais un problème de freins lors de l’étape 2 lui a fait perdre les commandes de la catégorie. Van Kasteren, épaulé par Darek Rodewald et Marcel Snijders, a été parmi les plus habiles au petit jeu du contre-la-montre, même si un petit grain de sable survenu lors de l’étape 4 aurait bien pu faire tout capoter. Il a perdu près d’une heure ce jour-là et dégringolé à la cinquième place d’un classement général alors mené par Ales Loprais encore bien plus constant. Profitant des erreurs et des problèmes de ses adversaires, ce dernier n’a pas cherché le meilleur temps coûte que coûte. Il semblait promis à la victoire, mais le pilote Tatra a abandonné en amont de l’étape 10 en raison de son implication dans un accident fatal à un spectateur italien. Van Kasteren a alors hérité de la première place. Premier pilote non Kamaz au général l’an passé, il a su éviter les pièges de certaines spéciales pour prendre le large et se mettre à l’abri. Ni Martin Van Den Brink, ni son fils Mitchel, devenu le plus jeune vainqueur d’étape en camions (étape 6), ni même Macik n’ont réussi à faire craquer Van Kasteren qui a conclu le 45e Dakar avec trois victoires d’étapes au compteur.
CAMION
1 Janus Van Kasteren (NLD) / Darek Rodewald (POL) /Marcel Snijders (NLD) BOSS MACHINERY TEAM DE ROOY IVECO
2 Martin Macik (CZE) / Frantisek Tomasek (CZE) / David Svanda (CZE) MM TECHNOLOGY, à 1h 14’34 »
3 Martin van den Brink (NLD) / Erik Kofman (NLD) / Rijk Mouw (NLD) EUROL TEAM DE ROOY IVECO, à 2h40’22 »
Les réactions du jour :
Nasser Al Attiyah : « Je veux toujours gagner plus, et plus »
Nasser Al Attiyah défend pour la première fois victorieusement son titre et remporte surtout un cinquième succès dur le Dakar après ses sacres en 2011, 2015, 2019 et 2022.
« On vient de terminer et je suis tellement heureux. C’était un Dakar difficile pour tout le monde. C’est fou de pouvoir défendre son titre. Je suis très heureux de gagner cinq fois, et Mathieu quatre fois… désolé, Mathieu ! Je respecte énormément Ari, il est toujours mon idole. Je veux toujours gagner plus et plus, maintenant je veux défendre mon titre de champions du monde. Nous n’avons pas eu à attaquer comme des fous. Nous avons réussi à passer la deuxième semaine et à gagner le Dakar au bout, c’est le plus important ».
Eryk Goczal : « L’émotion est incroyable »
Victime d’un petit problème mécanique et seulement huitième à l’arrivée de la dernière étape, Eryk Goczal était loin d’imaginer qu’il allait finalement remporter son premier Dakar. Sans savoir alors que Rokas Baciuska avait connu de plus graves ennuis que lui, le jeune Polonais était juste submergé par l’émotion d’avoir concrétiser son rêve…
« Je finis mon premier Dakar, je dois dire un grand merci à ma famille… Il y a deux jours nous avions pris la décision d’attaquer coûte que coûte puisque la victoire finale était envisageable. C’est ce que j’ai fait sans calculer… Il y avait beaucoup de monde devant nous mais j’ai tout donné… L’émotion est incroyable, je n’avais jamais connu un truc comme ça de toute ma vie… »
Janus Van Kasteren : « Il faut tout le temps attaquer à fond »
Cinquième de la dernière étape du rallye à un peu plus de six minutes de Jaroslav Valtr, Janus Van Kasteren inscrit son nom au palmarès du Dakar dans la catégorie camion. Au volant de son Iveco, le Néerlandais s’impose brillamment et met ainsi fin à la série de six victoires de rang de l’équipe Kamaz, absente de cette édition 2023.
« Ça n’est pas facile de gagner… Il faut tout le temps attaquer à fond… Tout le monde a eu des problèmes sur ce rallye. Nous n’avons pas été épargnés, nous avons eu une panne de fuel qui nous a coûté une quinzaine de minutes… Mais on a su gérer tout ça jusqu’à la fin et je suis content. On a fait la différence à trois jours de la fin en gagnant avec 30 minutes d’avance… »
Austin Jones : « On l’a fait, deux fois de suite »
Austin Jones a réussi le doublé en changeant de catégorie sur ce Dakar. Après son titre en T4, il s’impose en T3. La suite, le T1 ?
« C’était encore une spéciale difficile, on a rencontré beaucoup de boue, cela nous a stressé à deux ou trois reprises lorsque l’on a dû dépasser des concurrents mais au final on est arrivé. C’est le Dakar le plus difficile que je n’ai jamais fait. On est passé par des hauts et des bas mais on est resté réguliers et on l’a fait, deux fois de suite. On est vraiment contents pour tout le travail de l’équipe réalisé, chapeau à mon copilote pour son travail aussi et on a vécu un beau Dakar en Arabie Saoudite. Je ne sais pas encore dans quelle catégorie je serai l’année prochaine, mais je serai de retour. »
David Castera : « On a trouvé le bon équilibre »
David Castera, aux commandes pour la 4e année consécutive du parcours en Arabie Saoudite se félicite d’avoir trouvé l’équilibre qu’il recherchait sur cette 45e édition.
« On a cherché l’équilibre peut-être un peu longtemps mais sur cette 4e année on l’a. On a trouvé de nouvelles pistes, des nouveaux territoires et je suis content aujourd’hui d’avoir un vrai équilibre avec de la difficulté. Le Dakar est une épreuve difficile, elle doit le rester. On y a été doucement, on est monté d’année en année mais aujourd’hui on est au bon équilibre et c’était important car cela nous a offert une belle course, à moto notamment avec un podium qui s’est joué le dernier jour comme cela n’était jamais arrivé. Je suis plutôt un organisateur satisfait ce soir. Le nombre de jours de course n’est pas le plus important, c’est ce qu’il y a à l’intérieur qui va compter. On va voir ce que l’on va reproposer, il faut garder l’Empty Quarter en le modifiant un peu, il faut garder les ingrédients que l’on avait cette année. C’est très difficile avec des amateurs et des professionnels d’aller beaucoup plus loin dans les dunes et de hausser le niveau car on a tôt fait d’arrêter la course, c’est pour cela que j’ai été prudent encore une fois. On peut perdre 40-50% du plateau en un rien avec trois dunes infaisables ou du sable trop mou, c’est pourquoi je pense qu’on ne peut pas faire beaucoup plus. Peut-être faudra t-il plus mixer cela pour mieux le diluer dans les difficultés du rallye. On a un territoire et un pays qui est un vrai partenaire avec l’Arabie Saoudite sans qui le Dakar n’aurait pas l’allure qu’il a aujourd’hui. Sortir pour sortir, je ne vois pas l’intérêt. Si on doit sortir d’un pays il faut que ce soit pour proposer quelque chose à la hauteur et aujourd’hui on a tout ce qu’il faut en Arabie Saoudite. Quand on sortira on fera quelque chose de grand, mais on le préparera avec du temps et intelligence. »
Sébastien Loeb : « Il faut se contenter de ce qu’on a »
Sébastien Loeb n’aura pas réussi à décrocher une huitième victoire d’étape en arrivant à Damman. Le Français a dû en effet se contenter de la septième place de la dernière spéciale, la faute à un Way Point loupé… Pas de quoi gâcher son bonheur de monter, comme l’an dernier, sur la deuxième marche du podium au terme d’une remontée qui fera date dans l’histoire du Dakar.
« C’est bien… Après la première semaine qu’on a connue, on ne pouvait pas espérer beaucoup mieux que ça… A la régulière, Nasser était injouable. Il a fait une belle course, sans erreur… Il faut se contenter de ce qu’on a. On a fait une superbe deuxième partie de rallye avec une belle remontée. On sort ex-aequo au championnat… On rattrape bien les dégâts… »
Kevin Benavides : « Un Dakar complètement fou »
Le pilote argentin est le premier à bousculer le sommet du classement général lors de la dernière étape du Dakar. Il remporte la 45e édition avec 43’’ d’avance sur Toby Price.
« Ce matin, je n’avais absolument rien dans ma tête, simplement de rester concentré sur chacun des kilomètres à parcourir, du zéro au 136. C’est incroyable de réussir à s’imposer au terme de ce Dakar complètement fou et avec ce si petit écart. Je suis aussi le premier à gagner avec deux marques de motos différentes et ça me rend très fier ».
Alexandre Giroud : « Je savais que pour gagner il fallait que je hausse le rythme d’entrée »
Le Français double la mise en remportant son 2e Dakar consécutif, une nouvelle fois après la sortie de Manuel Andujar et sous la pression de nombreux rivaux.
« Gagner un Dakar c’est toujours beaucoup d’émotions. Heureusement qu’elles arrivent à un moment car sinon pourquoi faire ça ?! Surtout après 15 jours de course et des milliers de kilomètres, gagner deux fois de suite c’est juste exceptionnel et je remercie mes partenaires et mon mécano qui a fait un boulot de dingue, la famille, les amis. Il a fallu rester concentré, mais mentalement il y a deux jours cela a été très très dur après l’alerte mécanique à la marathon. Je pense que c’est là que j’ai gagné ce Dakar. Je savais que pour gagner avec le sable à la fin qui est la spécialité des Argentins il fallait que je hausse le rythme d’entrée et c’est le parti pris que l’on a suivi : attaquer tout de suite pour essayer de gérer au mieux la deuxième semaine. La saveur est différente, le premier succès était exceptionnel car aucun Français ne l’avait fait depuis la création de la catégorie quad, là une deuxième fois, ce n’est pas tout le monde qui le réalise. C’est un exploit qui a demandé beaucoup de travail. »
Toby Price : « 2 way points sur lesquels je fais demi-tour me font perdre la course »
Toby Price en tête ce matin pour 12’’ sur Kevin Benavides se fait coiffer sur le poteau pour 43’’. L’Australien reste super fair play malgré la déception. Un grand champion.
« Mon premier sentiment est évidemment de la déception, on revient de si loin. Mais Kevin a fait un super travail. Je suis un peu frustré du changement de règlement sur certains way points dorénavant à valider à 20 mètres qui m’ont faire demi-tour à trois reprises aujourd’hui, c’est dur à encaisser sur le moment mais je vais rentrer à la maison en un seul morceau, sans le trophée. Cela fait un peu mal. Je pense que Kevin a fait la différence en ne faisant demi-tour que sur un seul way point et que les deux autres sur lesquels je retourne me font perdre la course. 2023 était définitivement plus dur que 2022. »