Nous avons de quoi s’interroger sur la pérennité du Salon de l’automobile de Genève, suite à son annulation pour cause de coronavirus dont la prochaine édition est prévue du 4 au 14 mars 2021, « théoriquement » ont souligné les organisateurs. Et plus généralement de ces grands rendez-vous, qui sont en perte de vitesse. En effet cette annulation pourrait bien sonner le glas des manifestations de ce type. Car il faut bien l’avouer, les salons de l’automobile ne font plus recette dans le monde.
Une désaffection toujours de plus en plus grandissante
S’il est toujours considéré comme la référence européenne, le salon de Genève fait pourtant face depuis de quelques années au désistement de plusieurs marques. L’an dernier, Mini, qui pourtant fêtait son soixantième anniversaire, avait décidé de faire l’impasse sur Genève, tout comme Ford, Hyundai et Land Rover. Cette année, des marques comme Lamborghini, Mitsubishi, Nissan, Tesla et Volvo s’étaient aussi ajouté à la liste des absents. Le phénomène s’amplifie d’année en année. Dès 2014, Volvo annonçait faire l’impasse sur le Mondial de l’Automobile de Paris, qui est le salon le plus fréquenté au monde en termes de visiteurs. En 2016, pour l’édition suivante, on avait assisté au désistement de Ford et Mazda en plus de Volvo. En 2018, Fiat, Alfa Romeo, Jeep, Opel, Nissan et même Volkswagen avaient aussi fait de même. En guise de « représailles », le Français de Renault et leurs partenaires Nissan et Mitsubishi ont alors déserté le salon de Francfort, qui se tient en alternance avec le Mondial de Paris. Et ils ont été imités par Fiat, Alfa Romeo, Jeep, Tesla, Mazda, Suzuki et le désormais habitué Volvo ! En désespoir de cause, le salon avait dû fermer un de ses gigantesques halls d’exposition.
Le coupable ? Des coûts devenus exorbitants dans un contexte financier délicat. Mais aussi un faible retour sur investissement, car si chaque année, on dévoile une trentaine de nouveautés à Genève, les journalistes et photographes ne savent plus où donner de la tête et les premières mondiales se retrouvent un peu perdues dans la masse.
Les constructeurs cherchent plus de visibilité pour moins d’argent
Mais comme les constructeurs souhaitent que l’on parle toujours de leurs nouveaux modèles, ils ont modifié leur stratégie de communication. Ils sont désormais présents dans des salons dédiés aux technologies, comme le CES de Las Vegas, où ils touchent aussi un public bien différent des simples passionnés d’automobile. Et pour dévoiler leurs nouveautés à moindre frais, ils préfèrent inviter des journalistes dans des événements ponctuels, que ce soit des présentations privées, des conférences, des essais, ou encore des « keynotes » inspirées de celles qu’on retrouve devinez… au CES de Las Vegas. En choisissant un jour ou aucun concurrent ne fait de même, c’est la garantie d’obtenir des reportages sur un seul produit dans le monde entier. Cela coûte moins cher de faire venir ponctuellement la presse que de déplacer une infrastructure, des véhicules et du personnel pendant plusieurs jours sur un salon.
Le coronavirus comme dans d’autre domaines est une bonne excuse. S’il a achevé le salon de Genève 2020, il n’est pas responsable de la fuite des marques des salons internationaux. D’ailleurs, les organisateurs du salon de Francfort n’ont pas attendu l’apparition de la maladie pour annoncer le déplacement de l’événement à Munich afin de tenter de lui donner un nouveau souffle.
Et comme toute règle a son exception, le « petit » salon de Bruxelles fait partie des derniers irréductibles, car année après année il attire l’ensemble des marques généralistes, quitte à diminuer sa superficie et sa durée. C’est que le prix du mètre carré de stand est un peu plus abordable en Belgique que dans les villes précitées mais, et c’est ce qui fait toute la différence, ce salon est organisé par la fédération qui regroupe les importateurs belges des marques, et non les marques elles-mêmes.
Pourquoi ne pas imaginer un déplacement vers Bruxelles, qui pourrait obtenir plus de nouveautés ? A condition bien sûr que le coronavirus se soit fait oublier d’ici-là…