15 janvier 2025

L’étape 6 plonge le convoi 2025 du Rallye Dakar dans le terrain le plus difficile

Etape 6, Orgueil de champions

L’œil dans l’objectif

Le Dakar 2025 se dévoile avec une étape digne d’une bande-annonce, mettant en lumière les multiples facettes des territoires saoudiens explorés lors de cette 47e édition. Le programme de reprise s’annonce exigeant, risquant de gommer les avantages d’une journée de repos. Les concurrents devront d’abord affronter un long secteur, où des plateaux rapides, déjà éprouvés par Ross Branch et Guerlain Chicherit, laissent place à des passages techniques et rocailleux.

Cette étape culminera avec la plus longue spéciale du Dakar, atteignant 606 km, entrecoupée d’un transfert routier qui orientera les participants vers la deuxième semaine de compétition, celle dédiée aux sables. Sur ces interminables couloirs de dunes, oscillant entre le blanc et le jaune safran selon les reflets et la composition du sable, il sera crucial de garder son esprit lucide pour choisir le bon itinéraire.

Adrien Van Beveren a brillamment tenu son rôle d’ouvreur, réalisant le deuxième meilleur temps à moto, juste derrière son coéquipier de chez Honda, Ricky Brabec. Par ailleurs, le duo de Guillaume de Mévius et Mathieu Baumel a su retrouver ses marques en s’imposant à Al Duwadami, ajoutant une nouvelle dynamique à cette course emblématique.

L’essentiel

Le tenant du titre, Ricky Brabec, a fait preuve de stratégie pour grimper à la quatrième place du classement général, tout en décrochant sa 11e spéciale de carrière. Il a franchi la ligne d’arrivée avec une avance de 23 secondes sur son coéquipier, Adrien Van Beveren. Ce dernier a réalisé un travail d’ouvreur exceptionnel, lui permettant de remporter toutes les bonifications liées à cette position délicate, consolidant ainsi sa troisième place provisoire avec un retard de 19 minutes et 11 secondes sur le leader, Daniel Sanders.

#9, RICKY BRABEC, MONSTER ENERGY HONDA HRC, P1. A. Vincent/ASO

La compétition a cependant perdu l’un de ses concurrents clés, le Botswanais Ross Branch, contraint à l’abandon après une chute au kilomètre 48. C’est également à ce moment que Bradley Cox, vainqueur du W2RC 2024 en Rally 2, a dû renoncer après une chute survenue juste après le départ, tentant en vain de terminer l’étape.

#4, DANIEL SANDERS, RED BULL KTM FACTORY RACING, leader du général. pht. ASO

L’entrée dans la deuxième semaine de rallye marque un changement de dynamique, avec un podium d’étape sans les Toyota Hilux. C’est la Mini de Guillaume de Mévius qui met fin à leur série victorieuse entamée depuis le prologue de Bisha, en s’imposant devant son coéquipier Joao Ferreira, et Nasser Al Attiyah, qui poursuit sa quête de reconquête avec sa Dacia.

#222, GUILLAUME DE MEVIUS / MATHIEU BAUMEL, X-RAID MINI JCW TEAM, P1. pht. RB

Le Qatarien Al Attiyah entame sa remontée avec une stratégie de grignotage, reprenant environ cinq minutes sur le leader Henk Lategan. Cependant, cela ne suffit pas encore pour rattraper Mattias Ekstrom, toujours solidement ancré à la troisième place. Yazeed Al Rajhi se positionne comme le principal danger pour le Sud-Africain, n’étant qu’à 7 minutes et 16 secondes derrière lui, une poignée de sable dans ce jeu de stratégie.

#226, MATTIAS EKSTRÖM / EMIL BERGKVIST, FORD M-SPORT, P3 au général. pht. RB

Les classements ici

La perf’ du jour

Guillaume de Mévius ne pouvait pas se contenter d’une simple participation. Après avoir terminé deuxième l’année dernière et troisième sur le Rallye du Maroc, il se présentait comme un prétendant sérieux au titre. Cependant, sa première semaine a été émaillée de nombreux problèmes qui ont mis à mal ses ambitions. Malgré cela, le pilote belge a décidé de prendre les choses en main pour insuffler une note positive à sa journée et à son Dakar.

Ce matin, au volant de sa toute nouvelle Mini à motorisation essence, partie de la 12e position, il a parcouru les 605 kilomètres avec brio, terminant avec une avance de 1 minute et 34 secondes sur son jeune coéquipier, Joao Ferreira. Cette victoire marque un retour apprécié de l’écurie de Sven Quandt, qui n’avait pas remporté d’étape avec une Mini depuis 2021, l’allemand ayant depuis lors concentré ses efforts sur le projet Audi. Ce succès est d’autant plus savoureux qu’il met fin à une série de six spéciales consécutives remportées par les Toyota Hilux, pilotées par cinq pilotes différents.

Malgré ses efforts sur la route menant à Al Duwadami, la position de de Mévius au classement général n’a que légèrement progressé, se plaçant désormais 14e avec un retard de 3 heures et 43 minutes sur Lategan. Toutefois, il n’est qu’à 16 minutes de sa prochaine cible, la 13e place occupée par Rokas Baciuska, un autre pilote de l’écurie « Toy »

Le coup dur du jour

Guerlain Chicherit est bien connu pour ses talents en vol plané et ses rebondissements, des compétences qui ne se limitent pas à sa carrière de champion du monde de ski extrême. Sur le Dakar, le Savoyard a habitué ses nombreux admirateurs à osciller entre performances éclatantes et mésaventures. Après avoir réalisé l’an dernier le meilleur classement de sa carrière, en se plaçant au pied du podium dominé par Carlos Sainz, et en ajoutant deux étapes à son palmarès, Chicherit faisait son retour chez X-raid avec de grandes attentes, notamment grâce à la nouvelle version de la Mini à moteur essence.

pht. F. Gooden/ASO

Démarrant en force lors de la première étape avec une deuxième position à seulement 55 secondes de Quintero, il a cependant compromis ses chances de succès en perdant plus d’une heure dans la 48h chrono. Ce matin, classé 11e au général avec un retard de 1 heure et 20 minutes sur Lategan, le pilote semblait déterminé à reprendre l’assaut sur ses concurrents. Malheureusement, alors qu’il évoluait sur une portion rapide au km 16 de la spéciale, sa Mini a été victime d’un tonneau. Bien que l’équipage soit sorti indemne de l’accident, Guerlain a ressenti des douleurs cervicales qui l’ont poussé à se faire évacuer par hélicoptère, aux côtés de son copilote Alexandre Winocq.

Cet incident marque le cinquième abandon de Chicherit en 14 participations au Dakar. Il avait déjà connu une mésaventure similaire en 2011, lors de la première sortie de la Mini, où il s’était blessé lors des essais pendant la journée de repos.

La stat’ du jour : 11

pht. RB

Chaleco Lopez n’est plus le seul recordman du nombre de victoires d’étapes parmi les pilotes de moto originaires du continent américain. Avec 11 succès à son actif, le Chilien partage désormais ce titre avec Ricky Brabec, qui a triomphé pour la 11e fois ce samedi. Le Californien, qui avait débloqué son compteur en 2017 sur une Honda, a confirmé sa forme après une blessure au genou survenue lors du Rallye du Maroc, en octobre dernier.

Cette victoire marque également la 28e pour les pilotes américains dans l’histoire de la compétition motos, remportée par 8 pilotes différents. Les 11 victoires de Brabec viennent s’ajouter à celles de Chuck Stearns (6), Jimmy Lewis (3), Danny Laporte (2), Jonah Street (2), Kurt Caselli (2), Kellon Walch (1) et Mason Klein (1). Klein, qui a été en lice pour la victoire en direction d’Al Duwadimi, pourrait bien faire parler de lui dans les jours à venir.

La réaction du jour :

Guillaume de Mévius : « On repart sur une meilleure spirale »

pht. Flavien Duhamel/RB

« Pour l’instant on est premiers sur le tableau, on a fait une bonne étape, enfin. On voulait grapiller du temps et des points pour le championnat, donc on a tout donné. Ma voiture porte quelques stigmates de la semaine passée, aujourd’hui on a un peu volé mais on n’a rien touché. La journée de repos sert aussi à faire un reset, on repart sur une meilleure spirale après avoir connu de mauvaises choses en première semaine. Ce n’est pas spécialement mon terrain : sur le sable, j’arrive à bien rouler, mais je sais aussi que je dois encore m’améliorer ».

Sur un air de classic

Depuis plusieurs jours, certains participants du Classic rapportent avoir été dépassés par un éléphant rose sur les pistes saoudiennes. Cette affirmation, qui pourrait sembler tirée par les cheveux, ne semble plus être le fruit de la fatigue ni d’un mirage après la journée de repos. En réalité, le « camion rose » aux accents pachydermiques n’est autre que le tenant du titre dans la catégorie camions. Le Mercedes 1844 AK, piloté par les Espagnols Rafael Lesmes Suarez et guidé par Tabatha Romon, avait déjà attiré l’attention l’année dernière en se classant dans le Top 10, à la 9e position du classement général.

Hier soir, ce mastodonte coloré occupait la 10e place, mais a ensuite perdu trois positions au classement. Toutefois, ne sous-estimez pas cet éléphant : malgré ses fluctuations, le camion rose n’a pas dit son dernier mot et pourrait encore surprendre par sa progression.

World Rally-Raid Shampionship

W2RC : Branch et Cox dans une situation délicate

La première partie de l’étape 6 a non seulement éliminé deux des meilleurs pilotes africains du Dakar, mais elle a également privé le W2RC de ses deux champions en titre. Bradley Cox, promu en Rally GP après avoir remporté le titre en Rally 2, a vu sa première apparition dans cette catégorie se solder par un échec, suite à une chute survenue après seulement 100 mètres de spéciale.

De son côté, Ross Branch, le nouveau numéro 1 des Rally GP, a également connu une sortie de route catastrophique, abandonnant à la suite d’une chute au kilomètre 48. Bien que le pilote originaire du Botswana ait encore l’opportunité de marquer 100 points lors de la finale au Rallye du Maroc, ses chances de succès se sont considérablement réduites. En effet, il est important de noter qu’aucun pilote n’ayant terminé le Dakar sans marquer de points n’a jamais été couronné champion en W2RC, que ce soit dans les catégories FIM ou FIA.