Les pilotes, représentant des équipes de pointe, affrontent les défis du terrain dans cette première étape captivante du rallye.
L’œil dans l’objectif
C’est à proximité de Bisha que s’est tenu le premier rendez-vous du Dakar, sur un terrain où les pistes sablonneuses se succèdent sans relâche. Sur une distance de 29 kilomètres, les concurrents ont navigué sans difficultés majeures, permettant aux pilotes les plus habiles de slalomer entre les buissons de prendre l’ascendant dans la course. Ce paysage a sans doute évoqué aux pilotes Daniel Sanders, d’Australie, et Henk Lategan, d’Afrique du Sud, les vastes étendues de bush qui ont façonné leur technique de pilotage.
L’essentiel
Daniel Sanders, habitué à réaliser de fortes performances en début de Dakar, s’est de nouveau illustré lors du prologue en s’imposant comme en 2022. Le vainqueur du Rallye du Maroc a devancé Ross Branch, champion W2RC 2024, de 12 secondes, ainsi que l’Espagnol Edgar Canet, qui s’affirme comme l’un des débutants les plus prometteurs du rallye.
Pour sa première journée en tant qu’officiel KTM, le jeune Catalan de 19 ans a enregistré le meilleur temps dans la catégorie Rally 2. Malheureusement, cette catégorie a déjà perdu son tenant du titre, Harith Noah, pilote Sherco, qui a dû abandonner en raison d’une blessure au poignet suite à une chute.
Henk Lategan, qui a fait son retour après avoir été absent en 2024, a également connu une journée fructueuse, signant le meilleur temps et prenant la cinquième place générale en 2023. Il a remporté cette étape avec seulement une seconde d’avance sur Mattias Ekström, au volant de sa Ford, tandis que Nasser Al Attiyah, sur Dacia, complète le podium à 20 secondes. Il est à noter que les temps du prologue ne sont pas comptabilisés pour les participants engagés sous la bannière FIA, ce qui est une bonne nouvelle pour Guillaume de Mévius, qui a perdu 4 minutes et 16 secondes en raison d’une crevaison et d’un changement de roue.
La perf’ du jour
La détection des talents représente la mission principale de l’équipe Red Bull Off Road Junior, et les résultats témoignent d’une sélection réussie : les deux nouvelles recrues de cette année occupent les deux premières places du classement des Challenger. La victoire du Californien Corbin Leaverton, âgé de 23 ans, évoque les succès de son voisin et camarade Seth Quintero, qui a également débuté sur le Dakar en 2021 après avoir été formé au sein de la même équipe.
Le Portugais Gonçalo Guerreiro, 24 ans, répond également aux attentes placées en lui. En plus de ses performances remarquables, il est pilote d’essai pour JB Racing, l’entreprise familiale dirigée par son père. Cette expérience ne l’a pas empêché de réaliser d’excellents résultats, notamment en signant les meilleurs temps en SSV lors de la Baja Aragon et de la Baja Norte Portugal. Ces performances prometteuses prennent aujourd’hui tout leur sens sur la scène mondiale du Dakar.
Le coup dur du jour
Le premier malheureux du Dakar 2024 est Harith Noah, un pilote qui avait connu une saison remarquable l’année précédente en remportant la catégorie Rally 2 et en terminant 11e au classement général. Ses ambitions de figurer dans le Top 10 ont été brutalement stoppées lorsqu’il a chuté et fracturé son poignet lors du prologue. Cette blessure nécessitant une intervention chirurgicale le force à abandonner, marquant ainsi la quatrième fois de sa carrière qu’il se retire de cette compétition.
Son départ prive Sherco d’un de ses atouts majeurs pour l’édition 2025. Cependant, l’équipe française compte encore deux pilotes en Rally GP, l’Espagnol Lorenzo Santolino et le Portugais Rui Gonçalves, qui sont tous deux déterminés à se battre au sein de l’élite du rallye.
La stat’ du jour
3/6
Réaliser un exploit dès sa première journée sur le Dakar est un événement rare, avec seulement quatre pilotes ayant réussi cet exploit au cours des dix dernières années. Parmi eux, Kris Meeke s’était imposé chez les Prototypes Légers en 2021, tandis qu’Anibal Aliaga et Ravil Maganov, tous deux en SSV, avaient triomphé respectivement en 2018 et 2017. Sébastien Loeb avait également brillé en 2016 dans la catégorie autos, et en remontant plus loin, Carlos Sainz avait fait de même en 2006.
Cependant, cette année, l’exploit prend une nouvelle dimension, avec trois débutants qui se sont imposés dans l’une des six catégories dès le prologue. À seulement 19 ans, Edgar Canet a dominé la catégorie Rally 2, réussissant même à se distinguer face à des pilotes de Rally GP beaucoup plus aguerris. Dans la catégorie Challenger, l’Américain Corbin Leaverton a également pris la tête du classement lors de son premier essai. Enfin, Brock Heger, qui a rejoint l’équipe Polaris, a enregistré le meilleur chrono de la journée chez les SSV.
La réaction du jour
Sébastien Loeb : « Une spéciale pas facile pour un prologue, même au niveau de la visibilité des traces ce n’était pas simple. L’an dernier j’ai crevé beaucoup de fois sans m’y attendre, sans passer sur des pierres ou avoir de signes, c’est le problème ici, on le sait. Cela va être long. Dans la 48h on va avoir une neutra où potentiellement on va pouvoir mettre des roues neuves, mais il y aura 800 bornes derrière avec les roues que l’on aura sur la voiture, cela ne va pas être simple. »
Sur un air de classic
Le prologue de la 5e édition du Dakar Classic s’est déroulé sur 59 km, répartis en deux spéciales de régularité. Cependant, la compétition avait déjà commencé la veille avec une partie de poker menteur, illustrant l’esprit de compétition qui animera les participants durant ces deux semaines. Après avoir exploré la nostalgie des premières éditions et perfectionné les véhicules lors des éditions précédentes, l’accent est désormais mis sur la stratégie de course en 2025.
Les organisateurs ont enregistré hier soir des changements de catégorie de dernière minute concernant deux équipages, à savoir les numéros 700 et 701, représentant respectivement le tenant du titre et son dauphin. Carlos Santaolalla et Lorenzo Traglio ont ainsi fait le passage de la catégorie H2 à H1, surprenant leurs principaux rivaux : le couple Morera-Ruba, sur une Porsche 959 (numéro 702), et Dirk Van Rompuy (numéro 703), qui sont restés en H2. Cette décision a permis aux Espagnols et aux Néerlandais de s’élancer avec une moyenne de vitesse plus élevée, tandis que les stratèges espéraient tirer parti de conditions de course différentes, tout en tentant d’empêcher leurs prédécesseurs de suivre leurs performances tout au long de la journée.
Le règlement du Dakar Classic autorise les concurrents à changer de catégorie jusqu’au soir du prologue. Demain, les cartes seront sur table, et il sera intéressant de voir si Juan Morera, vainqueur en 2023, choisira de rester en H2 ou de redescendre en H1 pour s’aligner sur ses concurrents. La guerre des stratégies est bel et bien lancée !
World Rally-Raid Championship
Le règlement FIM pour la quatrième saison du W2RC élargit considérablement les possibilités pour les motards du monde entier. Désormais, tout pilote engagé en Rally 2 lors d’une manche du calendrier peut accumuler des points et figurer au classement général. Edgar Canet, qui a rejoint la compétition lors de la troisième manche au Portugal en 2024, pourrait bien devenir l’un des acteurs majeurs de cette saison. Il est également le premier pilote officiel à entrer dans cette catégorie.
Avec la montée en Rally GP du champion en titre Bradley Cox, les pilotes expérimentés Michael Docherty et Tobias Ebster ont exprimé leurs ambitions en terminant sur le podium de l’étape. Parallèlement à Canet, Jacob Algubright s’est aussi distingué en se classant 4e, pilotant la première Honda de la catégorie Rally 2. Il s’agit d’une nouvelle moto destinée aux clients de la marque, et l’Américain est pilote développeur depuis le Dakar 2024. Cette saison s’annonce pleine de promesses et de compétitivité.
Saudi next gen
Aujourd’hui marque le jour de gloire pour les participants de l’académie Saudi Next Gen. Dès le début de la matinée, ils ont eu l’honneur de tracer les premières marques sur les pistes du prologue du Dakar. Par la suite, ils se sont dirigés vers le parcours prévu pour le Dakar Classic, portant ainsi leur distance totale de la journée à 117 kilomètres, liaisons comprises. Les cinq équipages ont ensuite été présentés sur le podium du bivouac, en « prime time », juste après les meilleures motos et les voitures de pointe.
Bien que leurs chronomètres restent confidentiels, le coach des jeunes pilotes saoudiens, Edo Mossi, observe attentivement le comportement de chaque participant, au-delà de la simple vitesse. « Par exemple, celui qui a été le plus rapide aujourd’hui est arrivé avec à peine un verre d’essence dans son réservoir, ce qui indique un pilotage très agressif. Il n’aurait pas pu parcourir un kilomètre de plus ! En revanche, un autre pilote, presque dans le même rythme, est revenu avec le réservoir à moitié plein », explique l’Italien.
Il note également l’intérêt de la performance de Merehin Albaz, qui a remporté hier le concours de changement de roue. « Ce qui me frappe, c’est leur courbe de progression impressionnante. Ils ont déjà beaucoup évolué en seulement trois jours », ajoute-t-il. Il reste encore deux jours pour convaincre Edo de leur potentiel !
A suivre :
Etape 1, Bisha / Bisha
Sur une journée aux contours très variés, l’adaptation constante aux nouveaux terrains sera un facteur clé. A l’exception du sable, les véhicules seront amenés à se mouvoir sur toutes les surfaces, à des allures changeantes, en particulier lorsque les gros cailloux s’invitent sur leur chemin. En milieu de spéciale les navigateurs seront confrontés à des portions où les innombrables croisements de piste occasionnent des nœuds au cerveau. Vigilance et sang-froid de rigueur.