15 janvier 2025

Dakar, étape 9, Luciano Benavides en grand, Al Attiyah en chasse

Une course à grande vitesse entre Riyad et Haradh, telle était la mission de la 9e étape du Rallye Dakar 2025. Cette spéciale chronométrée de 357 kilomètres a servi de lien entre la capitale saoudienne, en pleine effervescence, et les étendues sauvages et arides du désert de l’Empty Quarter. Le Rallye Dakar a déjà parcouru 6 500 kilomètres, mais avec trois étapes restantes sur les dunes, la course ne fait que commencer.

Haradh, nichée au cœur de la province orientale d’Arabie Saoudite, a récemment été le théâtre d’une étape palpitante du rallye Dakar. Les concurrents, propulsés à pleine vitesse, ont dû faire preuve d’une concentration sans faille pour naviguer à travers un enchaînement complexe de pistes. Sur un parcours chronométré de 357 kilomètres, l’exigence d’une lecture rapide du road-book était cruciale, la navigation représentant un véritable enjeu pour les prétendants au titre.

Parmi les motards, Luciano Benavides s’est particulièrement distingué, réussissant l’exploit d’ouvrir la route de manière indépendante et de décrocher sa deuxième victoire consécutive cette année. De son côté, Nasser Al Attiyah, déjà affranchi de toute preuve de talent, a offert à Dacia sa première victoire d’étape sur le Dakar. Le pilote qatari se fixe désormais un défi de taille : combler un écart de 25 minutes sur Yazeed Al Rajhi, un objectif ambitieux qui pourrait redéfinir le cours de la compétition.

L’essentiel

La capacité des grands pilotes à naviguer en solitaire est souvent la clé de leur succès, comme en témoigne Luciano Benavides. L’Argentin a brillamment réussi à s’imposer sur deux étapes consécutives, portant son total à cinq victoires spéciales au Dakar et se positionnant au quatrième rang en quête de son meilleur classement.

#77, LUCIANO BENAVIDES, RED BULL KTM FACTORY RACING, P1. pht. RB

Sur le parcours du jour, Benavides a devancé Adrien Van Beveren de 1 minute 54 secondes, offrant au Français une belle opportunité de se rapprocher de son coéquipier espagnol Tosha Schareina, qui a connu des difficultés après une chute en début d’étape. Les enjeux pour la deuxième place se dessinent loin du leader Daniel Sanders, qui aborde l’étape décisive numéro 10 avec une avance confortable de 14 minutes 45 secondes, tout en occupant la troisième position sur la ligne de départ.

#4, DANIEL SANDERS, RED BULL KTM FACTORY RACING, indétrônable de la première place au général. pht. F. Duhamel/RB

Le qatari Nasser Al Attiyah, conscient de l’importance de chaque seconde, s’est élancé à pleine vitesse dès son réveil à Riyad. À l’arrivée, il a signé le meilleur temps, mais sa progression vers le podium reste limitée, à seulement 31 secondes de la troisième place détenue par Mattias Ekstrom.

#200, NASSER AL-ATTIYAH / EDOUARD BOULANGER, THE DACIA SANDRIDERS, P1. pht. RB

De son côté, Yazeed Al Rajhi a pris les commandes de la course, profitant des erreurs de navigation et des crevaisons de Henk Lategan. Il s’apprête à entrer dans l’Empty Quarter avec une avance de 7 minutes 09 secondes sur son coéquipier sud-africain et 24 minutes 50 secondes sur la Ford Raptor du Suédois.

#201, YAZEED AL RAJHI / TIMO GOTTSCHALK, OVERDRIVE RACING, vient de prendre les commande du général. pht. A. Vincent/ASO

Dans la catégorie Challenger, l’Argentin David Zille s’est ajouté à la liste des six vainqueurs d’étapes, après avoir déjà brillé en 2023. Cependant, cela n’entrave pas la course régulière de Nicolas Cavigliasso, toujours en tête avec une avance de 28 minutes sur Gonçalo Guerreiro.

#222, GUILLAUME DE MEVIUS / MATHIEU BAUMEL, X-RAID MINI JCW TEAM, P2. pht. A. Vincent/ASO

Quant à « Chaleco », le pilote emblématique des Can-Am continue de se battre pour gagner des étapes. Il a signé son quatrième succès, se rapprochant à une vingtaine de minutes de Xavier de Soultrait, mais reste à 2 heures 07 minutes de Brock Heger.

Enfin, Mitchel van den Brink a failli remporter une victoire d’étape à 23 ans, mais c’est Ales Loprais qui a poursuivi sa collection, s’imposant pour la troisième fois de l’année, portant son total à 23 succès sur l’épreuve. Au classement général, Martin Macik arbore un large sourire, fort de ses 2 heures 23 minutes d’avance sur le jeune Néerlandais.

#601, ALES LOPRAIS / DAVID KRIPAL / DAREK RODEWALD, InstaTrade Loprais Team De Rooy FPT, P1. pht. A. Vincent/ASO

Les classements ici

La perf’ du jour

La question de savoir s’il est possible de remporter le Dakar 2025 en ouvrant l’étape du premier au dernier kilomètre a trouvé sa réponse ce mardi : c’est bel et bien possible. Luciano Benavides, parti en tête grâce à sa victoire la veille, a en effet signé une performance impressionnante sur les 357 kilomètres de spéciale. Bien qu’il ait été chronométré à 2 minutes 57 secondes derrière Adrien Van Beveren, l’Argentin a finalement triomphé, bénéficiant d’une bonification de 4 minutes 51 secondes.

pht. ASO

Dans le passé, les vainqueurs qui ont pris le départ en tête n’avaient pas souvent réussi à s’imposer, le dernier à partir ayant été quatrième (VBA, étape 5). Cependant, l’histoire se répète pour le cadet des Benavides, qui avait déjà triomphé lors de l’étape reliant Riyadh à Haradh en 2023, également à la neuvième étape. Cinq jours plus tard, son frère Kevin remportait le Dakar. Bien que Kevin soit actuellement hors-course, il reste aux côtés de Luciano pour le soutenir dans sa quête.

Cette victoire est la septième de KTM depuis le début de la compétition, un chiffre qui rappelle la dernière fois que la marque autrichienne a atteint un tel niveau en 2018, année où elle a également remporté le classement général. La question se pose donc : assisterons-nous à une répétition de l’histoire à Shubaytah ?

Le coup dur du jour

L’approche des derniers jours du Dakar s’avère toujours délicate, notamment pour les pilotes en tête du classement général. La pression est d’autant plus forte pour Henk Lategan, qui découvre cette intense phase de la compétition pour la première fois, avec un poursuivant de la trempe de Yazeed Al Rajhi à seulement 21 secondes derrière lui.

pht. ASO

Bien qu’il soit difficile d’affirmer avec certitude que le Sud-Africain a craqué sous la pression, sa position d’ouvreur après sa victoire d’hier s’est rapidement transformée en cauchemar. Après seulement cinq kilomètres, une crevaison est venue contrarier son parcours, suivie d’une mésaventure au kilomètre 13 qui l’a contraint à effectuer une séance de jardinage. Une nouvelle crevaison l’a ensuite obligé à rouler sur la réserve dans les derniers kilomètres.

Le bilan de cette journée est lourd : il finit avec le 11e temps, à 16 minutes 02 secondes de Nasser Al Attiyah, ce qui lui fait perdre la première place au profit de son rival et coéquipier saoudien, qu’il peut apercevoir à plus de 7 minutes devant lui.

Les supporters sud-africains, qui suivent le Dakar de près, subissent un double coup dur aujourd’hui, avec l’abandon de Guy Botterill, dont le Hilux a été gravement endommagé suite à un accident au kilomètre 272. Ainsi, de gros nuages s’accumulent sur la nation arc-en-ciel.

La stat’ du jour : 10/10

Brock Heger était un nom presque inconnu sur le bivouac du Dakar avant son arrivée à Bisha. Cependant, les reporters ont rapidement pris l’habitude de le mentionner et de le prononcer, car il domine le classement général des SSV depuis la fin de la quatrième étape, où il a pris le relais de son coéquipier chez Sébastien Loeb Racing, Xavier de Soultrait.

pht. ASO

Le cultivateur de salades californien a prouvé qu’il n’était pas venu en Arabie Saoudite pour faire du jardinage, mais bel et bien pour concourir avec sérieux. Sa régularité est tout simplement exemplaire : depuis sa victoire lors du prologue, il est le seul pilote du rallye à n’avoir jamais terminé une spéciale en dehors du Top 3 de la journée. Un véritable sans-faute qui impressionne.

La réaction du jour :

Henk Lategan : « Le désastre »

pht. ASO

« C’est un peu le désastre pour être honnête, un vrai bazar vers le kilomètre 13 où nous nous sommes perdus et où nous avons manqué un waypoint. En plus de cela, nous avions déjà eu une crevaison et on en a eu une autre, la roue est encore à plat. Bref, une journée chaotique. »

Sur un air de classic

Les Land Rover signent une cinquième édition remarquée du Dakar Classic ! Trois véhicules emblématiques de la marque ont pris le départ à Bisha, illustrant l’héritage de cette dynastie anglaise, du Series III au Range, en passant par l’iconique Defender. Ce matin, le modèle « 110 » piloté par Maxime Gublin et son ancêtre conduit par Karolis Raysis se sont classés respectivement 3e et 4e au général.

Avec leur châssis échelle qui a su traverser les époques, ces deux Land Rover préparent le terrain pour l’arrivée, dès l’année prochaine, de l’équipe officielle Defender dans le cadre du Dakar « moderne ». Ce sera le premier engagement officiel de la marque dans le domaine du hors-piste. Trois Defender seront engagés en catégorie Stock, défiant les Land Cruiser de l’équipe Auto Body.

L’écurie anglaise Prodrive a été choisie pour gérer cette équipe, un choix évident. La question se pose désormais : qui, entre le Dakar Classic et la catégorie Stock, réussira à renouer avec la victoire d’Alain Genestier lors du premier Paris-Dakar en 1979 ? C’est tout l’enjeu de cette compétition…

World Rally-Raid Champioship

W2RC : La 2e vague du Sandrider

En s’imposant avec autorité lors de l’étape, Nasser Al Attiyah signe la première page des exploits de Dacia au Dakar. Bien que ce ne soit pas une première pour le Sandrider dans le cadre du W2RC, ayant déjà enregistré sa première victoire lors de l’étape 1 du Rallye du Maroc 2024, cette victoire marque un tournant. En effet, il s’agissait de la première sortie en compétition du tout nouveau 4×4, qui a fait ses débuts à la finale de la saison, conclue par Nasser avec un troisième titre de champion du monde.

Pour le pilote qatari, il s’agit de sa 48e victoire au Dakar, le rapprochant du record des 50 journées victorieuses détenu par Peterhansel et Vatanen. En ce qui concerne le W2RC, Al Attiyah a désormais décroché 41 étoiles depuis la création du championnat en 2022. Avec 114 journées de course au total, cela signifie qu’il a remporté 36 % des épreuves du championnat.

Avec une moyenne de 13 victoires par saison, l’officiel Dacia pourrait atteindre les 50 succès en W2RC dès 2025. De plus, les deux victoires du Sandrider pourraient rapidement se multiplier grâce au soutien de Sébastien Loeb, actuellement en deuxième position parmi les chasseurs d’étapes en W2RC avec 20 succès à son actif. Le Français est attendu dès fin février sur l’Abu Dhabi Desert Challenge, où il fera équipe avec Nasser Al Attiyah.