15 janvier 2025

Dakar, Etape 5, Quintero, pour une seconde !

Dans les temps éprouvants, les plus résilients s’engagent dans l’étape 5 du Rallye Dakar 2025.

L’œil dans l’objectif

Surplombant la scène depuis les hauteurs, la spéciale du jour se dessine sur une ligne droite orientée ouest-est, s’étalant sur 428 km entre les provinces d’Alula et de Hail. Les pilotes et leurs équipes sont confrontés à une étape riche en diversité, alternant entre pistes sablonneuses et roulantes, ainsi que passages rocailleux, parfois volcaniques, qui appellent à la prudence. Au niveau des pilotes, des formations rocheuses, tantôt menaçantes, tantôt accueillantes, jalonnent le parcours, mais elles n’offrent jamais d’indication claire sur la direction à suivre. La navigation s’est révélée complexe dans la dernière partie de la spéciale, où la préservation des pneus sur les gros graviers était également cruciale. Cependant, Luciano Benavides a su éviter ces pièges pour dominer l’étape sur deux roues. De son côté, Seth Quintero s’est également imposé pour la deuxième fois de la semaine, avec une avance d’une seconde sur Nasser Al Attiyah, qui reprend du poil de la bête dans cette compétition.

L’essentiel

Luciano Benavides effectue son grand retour, signant sa première victoire d’étape sur le Dakar depuis 2023, une année couronnée de succès. Adrien Van Beveren, quant à lui, est contraint de manquer cette spéciale en raison d’une pénalité pour excès de vitesse, mais il parvient à grimper à la 4e place du classement général.

#47,LUCIANO BENAVIDES, RED BULL KTM FACTORY RACING, P1. pht. Flavien Duhamel/RB

La position de leader de Daniel Sanders est restée inébranlable. L’Australien peut désormais savourer une journée de repos, avec une avance de 6 minutes et 52 secondes sur Tosha Schareina et de 17 minutes et 38 secondes sur Ross Branch. Les marques KTM, Honda et Hero se partagent les places sur le podium provisoire.

Après une journée difficile, Nasser Al Attiyah a révélé son véritable potentiel, rattrapant plus de dix minutes sur la piste par rapport à ses concurrents. Cependant, il a subi une pénalité équivalente pour avoir rejoint le bivouac sans une roue de secours. Ainsi, l’étape revient au Californien Seth Quintero, qui s’impose avec une avance infime d’une seconde, signant son deuxième succès dans la catégorie reine.

#204, SETH QUINTERO / DENNIS ZENZ, TOYOTA GAZOO RACING, P1. pht. F. Gooden/ASO

Henk Lategan maintient son avance au classement général, avec 10 minutes et 17 secondes d’écart sur Yazeed Al Rajhi et 20 minutes et 54 secondes sur Mattias Ekstrom. Le pilote qatari, qui espère offrir à Dacia son premier succès sur le Dakar, se retrouve à 35 minutes du leader sud-africain.

#211, HENK LATEGAN / BRETT CUMMINGS, TOYOTA GAZOO RACING, P1 au général. pht. F. Vincent/ASO

Yasir Seaidan remporte sa première victoire en carrière dans la catégorie Challenger en arrivant à Hail. Bien qu’il ait perdu toute chance de victoire finale, il est déterminé à continuer à se battre. Nicolas Cavigliasso a creusé l’écart, profitant des problèmes rencontrés par Corbin Leaverton, et possède désormais 28 minutes d’avance sur son premier poursuivant, Gonçalo Guerreiro.

Dans la catégorie SSV, « Chaleco » Lopez s’adjuge sa deuxième victoire d’étape, avec 20 minutes d’avance sur Heger Brock. Ce dernier, malgré sa performance, conserve le statut de leader à l’approche de la journée de repos, avec une avance d’1 heure et 21 minutes sur son coéquipier chez Polaris, Xavier de Soultrait.

#404, FRANCISCO LOPEZ CONTARDO / JUAN PABLO LATRACH, CAN-AM FACTORY TEAM, P1. pht. Marcello Maragni/RB

Enfin, Martin Macik reste imperturbable au volant de son camion, enregistrant sa troisième meilleure performance depuis le départ de Bisha. Les rivaux Ales Loprais et Vaidotas Zala ont complètement disparu de son rétroviseur, tandis que son principal poursuivant, Michel van den Brink, accuse un retard de plus de deux heures.

La perf’ du jour

Pour bien comprendre la performance du jour, retour sur un épisode de chambrage survenu il y a quelques jours, où Nasser Al Attiyah avait taquiné Seth Quintero : « Cette course est réservée aux pilotes d’expérience, les jeunes devront patienter. » C’est sur le terrain que le pilote Toyota a répliqué avec le meilleur des arguments, en s’imposant lors de la première étape du Dakar. Malgré des déboires qui l’ont éloigné des plus hautes ambitions, Quintero a réalisé une véritable démonstration sur la route menant à Hail, remportant une nouvelle spéciale.

pht. DPPI/RB

L’ironie de la situation est que Quintero a devancé Al Attiyah d’une seule seconde au classement du jour, et que ce dernier a perdu la tête non pas à cause de sa vitesse, mais en raison d’une pénalité. La jeunesse est bel et bien en train de s’imposer : à seulement 22 ans, Quintero a déjà remporté 20 spéciales dans sa précédente catégorie Challenger, un total impressionnant. À ce rythme, l’Américain pourrait bientôt rivaliser avec Al Attiyah sur le plan des statistiques. Contrairement à Nasser, qui a dû attendre d’avoir 40 ans pour soulever son premier trophée touareg en 2011, Quintero pourrait bien réaliser cet exploit bien plus tôt. Les paris sont lancés.

Le coup du jour

Corbin Leaverton nourrissait l’ambition de monter sur le podium du Dakar en Challenger lors de sa première participation. Le Californien avait réalisé un excellent début de course, remportant le prologue et terminant les quatre premières étapes dans le Top 5. Cependant, la cinquième étape s’est révélée fatale pour ses ambitions. Alors qu’il occupait la 2e place du classement général, il a rencontré sa première mésaventure de la semaine, un problème mécanique survenu au kilomètre 172. Un destin similaire a touché son compatriote Hunter Miller, qui, positionné en 9e place dans la catégorie SSV, a également rencontré des difficultés sur le parcours.

pht. ASO

Sara Price, une autre Américaine, a vu ses espoirs de victoire finale anéantis, mais elle avait encore l’étape SSV à portée de main avant de devoir abandonner à 45 kilomètres de l’arrivée. Ces trois pilotes auront désormais une journée de repos pour digérer cette déception et se préparer à se battre lors de la seconde semaine, dans l’espoir de prendre leur revanche.

La stat’ du jour : 27

pht. ASO

Aujourd’hui, les concurrents ont parcouru 428 km dans une spéciale particulièrement exigeante, où chaque seconde a été cruciale. Nasser Al Attiyah peut en témoigner : le pilote de l’équipe Dacia Sandriders a franchi la ligne d’arrivée en premier, avec un temps de 4 heures, 22 minutes et 54 secondes, avant de recevoir une pénalité de 10 minutes. Ainsi, Seth Quintero s’impose avec… une avance d’une seconde seulement ! Un écart minime pour une course de près de 4 heures et 25 minutes, équivalant à environ 27 mètres. Pour mieux visualiser cet écart, imaginez une caravane de 6 Dacia Sandriders alignées bout à bout. Serré, n’est-ce pas ?

Les classements ici

La réaction du jour

Yazeed Al Rajhi : « la première semaine la plus dure de ma carrière ».

pht. ASO

Yazeed Al Rajhi, 5e du jour derrière Henk Lategan le leader à mi-course, perd du terrain sur le Hilux TGR South Africa au général. Mais le Saoudien est en embuscade en 2e position du général à 10’17’’ du Sud-Africain.

« L’étape n’a pas été facile. Nous avons ouvert la spéciale jusqu’au kilomètre 200 environ, sans prendre de risques car nous avions un petit bruit qui provenait de l’arrière de la voiture que l’on devait ramener en un seul morceau jusqu’au bivouac. La première semaine a été la plus dure de ma carrière sur le Dakar. Toutes les étapes étaient longues, dures et difficiles partout. L’année dernière j’étais en tête de la course jusqu’à la veille de la journée de repos. Aujourd’hui, nous sommes proche de la tête avec 7 minutes de retard, ce qui n’est rien. Dans les dunes, nous sommes capables de faire très bien. »

Sur un air de classic

Avec un brin de légèreté, le Classic a déjà accumulé ses statistiques. En tête des vainqueurs d’étapes, Carlos Santaolalla a atteint Bisha avec un impressionnant total de 9 victoires au volant de son HDJ 80. Il en a désormais ajouté 2 de plus, portant son total à 11. Juan Morera, qui a ouvert les festivités cette année, compte quant à lui 5 victoires à son actif. Lorenzo Traglio, avec 4 victoires, a également ajouté une étoile à son palmarès avant-hier.

Aujourd’hui, Carlos et Lorenzo se sont retrouvés à égalité de points lors de la liaison de retour, obligeant les officiels à se plonger dans le règlement pour déterminer la subtilité qui permettra de départager les deux pilotes lors de la cérémonie de remise des prix. Si Santaolalla, le tenant du titre, remporte la victoire, il pourra porter son total à 12. Si la victoire revient à Traglio, ce dernier égalera alors le palmarès de Morera, le pilote Porsche. Les spécialistes du Classic sont en train de forger leur légende.

Championnat du Monde de Rallye-Raid

Seth Quintero, le vainqueur du jour, ne se laisse pas décourager, même s’il est en retrait au classement général. Inspiré par les récents exploits de Nasser Al Attiyah et Yazeed Al Rajhi lors du Dakar 2024, le jeune pilote californien se lance dans une chasse aux points d’étape. Avec ses deux victoires et un podium (2e parmi les concurrents W2RC) lors de l’étape précédente, Quintero a déjà sécurisé 14 points. Ce montant est identique à celui avec lequel Yazeed Al Rajhi était reparti l’année dernière à ce stade de la course, tandis que Nasser Al Attiyah quittait le Dakar deux jours plus tard avec 18 points. En fin de saison, le Qatarien et le Saoudien ont atteint les sommets, respectivement en tant que champion et dauphin. Tous les espoirs restent donc permis.

De plus, en prenant en compte sa propre expérience, Quintero se rappelle qu’il n’avait engrangé que 5 points d’étape lors du Dakar précédent, pour sa première saison en Ultimate. Cela ne l’a pas empêché de terminer son année initiatique au 6e rang mondial chez les T1+. À seulement 22 ans, Seth affiche une maturité impressionnante dans ses réflexions : « La première semaine a été plutôt bonne pour nous, avec une victoire et deux deuxièmes places, mais nous avons aussi perdu 40 minutes sur la 48h Chrono et subi des crevaisons hier. En somme, ce n’est pas mal, nous avons pris de gros points, et il faut maintenant aller de l’avant. »