21 novembre 2024

Dakar, Etape 5, Benavides en guerrier, De Villiers au métier

L’œil dans l’objectif

C’est le genre de cocktails que l’on sert en Arabie Saoudite : oueds, vallées, djebels, le tout saupoudré de cailloux, posés entre des portions de dunes, et souvent disposé sur de grands plateaux. Voilà pour le décor que les concurrents auraient pu admirer entre Riyadh et Al Qaisumah… s’ils n’avaient pas dû rester totalement concentrés sur leur roadbook. Quand la réflexion et l’interprétation s’imposent pour faire les bons choix, il faut savoir ralentir pour aller plus vite. Le pilotes les plus rapides, comme Joan Barreda et Danis Sanders à moto, mais aussi Stéphane Peterhansel et Nasser Al Attiyah en auto, ont négligé ce paramètre et en payent plus ou moins les conséquences selon l’avance dont ils disposaient. En tout cas, la poussée vers le nord-ouest du pays n’a rien d’anodin.

L’essentiel

Giniel De Villiers (ZAF) for Toyota Gazoo Team. Pht. Flavien Duhamel/Red Bull Content Pool

Les hommes pressés n’ont pas nécessairement le dernier mot sur le Dakar. Kevin Benavides en a déjà fait les frais dans les éditions précédentes… il est cette fois-ci passé tout près de la sanction et s’en tire avec les plus beaux honneurs, puisqu’il remporte l’étape d’Al Qaisumah, le bivouac qu’il a atteint dans la peau de nouveau leader du classement général.

#77 Benavides Luciano (arg), Husqvarna, Rockstar Energy Husqvarna Factory Racing. Pht. Florent Gooden/DPPI

La belle gamelle que l’Argentin n’a pas su éviter dans les dunes lui vaut tout de même un nez cassé et une cheville en vrac, tandis qu’il doit pour beaucoup sa nouvelle position au talent de navigateur prudent de son coéquipier et guide du jour Ignacio Cornejo, 2e de l’étape et 3e du général. En autos, les patrons de la course que sont toujours Stéphane Peterhansel et Nasser Al Attiyah ont commis des erreurs permettant à Giniel De Villiers de signer le meilleur chrono du jour.

Stephane Peterhansel (FRA) for X-Raid Mini JCW Team. Toujours en tête du général. Pht. Flavien Duhamel/Red Bull Content Pool

Ils restent hors d’atteinte pour le moment de Carlos Sainz, qui a bénéficié de l’abandon de Henk Lategan pour remonter d’un cran mais a surtout copieusement jardiné et pointe à 48 minutes de son coéquipier au général. Le verdict est encore plus sévère pour Sébastien Loeb, qui lâche 50 minutes supplémentaires aujourd’hui, tandis qu’on boit la soupe à la grimace dans le team SRT, Mathieu Serradori et Yasir Seaidan ayant peut-être vu s’éloigner définitivement leurs espoirs de Top 10 final. Du côté des quads, Nicolas Cavigliasso a justement pris son temps mais commence à distancer sérieusement ses rivaux après avoir remporté sa deuxième étape de la semaine. Tout comme « Chaleco » Lopez, qui dispose toutefois d’un avantage encore fragile de moins de 11 minutes sur Aron Domzala dans la catégorie des véhicules légers.

Dmitry Sotnikov (RUS) of Team KAMAZ-Master, remporte l’étape et toujours en tête du général en camion. Pht. Marcelo Maragni/Red Bull Content Pool

En camions, Dmitry Sotnikov bénéficie d’une marge rassurante de 33 minutes au général, qui plus est sur son coéquipier Anton Shibalov, pendant qu’Andrei Karginov s’est adjugé la spéciale en jeu aujourd’hui.

Cyril Despres (FRA) for Abu Dhabi Racing Team. Pht. Flavien Duhamel/Red Bull Content Pool

 

Carlos Sainz (ESP) for X-Raid Mini JCW Team. Pht. Flavien Duhamel/Red Bull Content Pool

 

Cristina Gutierrez Herrero (ESP) for RedBull off-road team USA. Pht. Flavien Duhamel/Red Bull Content Pool

La perf’ du jour

Giniel De Villiers (ZAF) of Toyota Gazoo Racing. Pht. Marcelo Maragni/Red Bull Content Pool

Une journée parfaite pour l’Afrique du Sud lors de la spéciale en direction d’Al Qaisumah, ou plutôt presque parfaite… D’abord, il y a Giniel De Villiers qui renoue avec la victoire cette année. Le pilote Toyota a usé de son expérience et de son sens de l’orientation dans le désert saoudien pour éviter les pièges d’une des étapes les plus difficiles de cette édition et signer le meilleur temps. Ses adversaires du jour n’ont pas été Al Attiyah ou Peterhansel, mais un certain Brian Baragwanath qui s’offre un nouveau podium cette année en finissant à moins d’une minute de son compatriote à l’arrivée. Seule ombre sur le tableau en marge de ce doublé, l’accident d’Henk Lategan dans les premiers kilomètres. Frappé en pleine ascension après avoir affiché un rythme rapide durant les deux dernières étapes (3e, puis 2e), le rookie est parti en tonneaux et s’est fracturé la clavicule. Il faudra au moins attendre l’année prochaine pour assister à un triplé arc-en-ciel !

Le coup dur du jour

#380 Meeke Kris (gbr), Rosegaar Wouter (nld), PH Sport, PH Sport, Light Weight Vehicles Prototype – T3. Pht. Eric Vargiolu/DPPI

Encore une fois, tant qu’on n’a pas franchi la ligne, tout peut arriver. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit du Dakar et ça, Kris Meeke l’a bien compris aujourd’hui. Connu pour ses faits d’armes en WRC, le Britannique a commencé son tout premier Dakar sur les chapeaux de roues en empochant la victoire au prologue. Après quelques étapes difficiles, le pilote PH-Sport semblait avoir trouvé ses marques dans le désert saoudien à l’occasion de la quatrième spéciale qu’il a conclue avec le deuxième temps. Repoussé en 9e position au premier pointage intermédiaire aujourd’hui, Meeke s’est lancé dans une belle remontée jusqu’à la troisième marche du podium provisoire à un peu moins de quatre minutes de la gagne… mais un problème mécanique dans la dernière ligne a bouleversé les plans du duo Meeke/Rosegaar qui attend encore son assistance en fin de journée à un peu plus de 100 km de l’arrivée.

La stat’ du jour : 75

Avec la 4e victoire de spéciale sur le Dakar pour Kevin Benavides et la 12e de Nicolas Cavigliasso, les deux vainqueurs du jour à moto et en quad font monter le total d’étapes remportées par des pilotes argentins à 75. Le pactole tient beaucoup aux succès dans la catégorie quads, avec 62 scratchs réalisés dont 28 uniquement par les frères Marcos et Alejandro Patronelli au plus fort de leur domination. Pour continuer à écrire la légende nationale, Benavides peut maintenant tenter d’égaler Orlando Terranova, vainqueur de 6 étapes en autos, tandis que Cavigliasso roule dans les traces de Marcos Patronelli qui en compte 18.

Sur un air de Classic

La Porsche 911 que pilote l’Américaine Amy Lerner date de 1982, mais a été reconstruite sur le modèle de celle de 1984 qui avait permis à René Metge s’imposer sur le Dakar. Pour le moment, elle sillonne l’Arabie Saoudite en 22e position du Dakar Classic, mais se distingue bien mieux au classement des photos, vidéos et selfies pris sur le bivouac !

#229 Douton Marc (fra), Etienne Emilien (fra), Buggy, Team Sunhill, Dakar Classic, en tête du « classic ».

La réaction du jour

Aron Domzala : « Les premières étapes étaient pour les touristes »

5e de l’étape remportée par « Chaleco » Lopez, le pilote polonais est surtout en embuscade derrière le Chilien au classement général, à 10’51’’.

« La navigation était difficile, nous avons perdu du temps au début. Mais ensuite j’ai adoré cette étape, les dunes étaient dures, c’était technique. C’est vraiment du Dakar, les premières étapes étaient pour les touristes, comparées à celle-là. Nous sommes proches de « Chaleco », mais aujourd’hui il a été incroyablement rapide. Il nous a collés 7 minutes, mais il reste beaucoup d’étapes ».

Les réactions :

Stéphane Peterhansel : « On avait l’impression de perdre beaucoup de temps »

Stephane Peterhansel (FRA) of X-Raid JCW Team. Pht. Marcelo Maragni/Red Bull Content Pool

Toujours en tête du classement général, « Peter » doit composer avec la difficulté des étapes et la pression qu’exerce Nasser Al Attiyah, son premier poursuivant.

« Ça a été très compliqué, on a eu beaucoup de stress parce qu’on avait l’impression de perdre énormément de temps, sur des plateaux rocailleux où il n’y avait pas de traces. C’était le cas de tout le monde, et en fait on a retrouvé la route assez rapidement. Ce n’était pas très beau en décor, mais une vraie étape du Dakar, très costaude en franchissement comme en navigation. On va déjà essayer de garder la première place, mais je crois que la deuxième semaine sera encore très compliquée en navigation. Et pour rester au même niveau que Nasser, il faut rouler très vite. Il faut qu’on s’emploie, ce n’est pas simple. »

Giniel De Villiers : « Nous avons eu un déclic »

Le vainqueur du jour a assuré son succès grâce à sa prudence dans le domaine de la navigation. Il remporte la 16e étape de sa carrière sur le Dakar.

« Depuis le début, ça n’allait pas dans notre sens, mais là nous avons eu un déclic. Certains secteurs ce matin étaient très difficiles en navigation mais nous ne nous sommes pas trompés trop sérieusement. Il a fallu composer avec une crevaison lente. Les dunes étaient très difficiles aussi. C’était probablement mieux de rouler plus lentement ce matin pour être surs à 100 % de garder le bon cap, parce que c’était très facile de se perdre. Nous avons réussi à faire du boulot, c’était une étape très propre. J’espère que nous ferons d’autres étapes comme celle-là ».

Kevin Benavides : « J’ai attaqué malgré la douleur »

Malgré une sévère chute sur laquelle il s’est peut-être cassé le nez, le pilote Argentin a signé le meilleur temps du jour et prend les rênes du classement général.

« C’était une mauvaise journée pour moi. Au début je me suis perdu, un peu comme tout le monde. Sur une dune, j’ai fait un grand saut puis à la réception je me suis cogné sur mes instruments de navigation, je crois que j’ai cassé le GPS, je me suis coupé et ça a beaucoup saigné. J’ai continué à attaquer malgré la douleur, mais j’ai le nez cassé. J’ai aussi mal à la cheville, mais j’ai bien roulé quand même. C’est comme ça, c’est le Dakar. On verra bien comment je me sens demain. »

HighLights Stage 5

Video : Red Bull Media House – Montage : FlashInfoAuto

Les classements ici

Etape 6, Stage 6

Information in English

Tough guy Benavides and smart guy De Villiers

Focus

It is the kind of recipe in which Saudi Arabia specialises: one containing wadis, valleys and jebels, sprinkled with rocks and served with portions of dunes as well as large plateaux. Such is the setting that the competitors were able to admire between Riyadh and Al Qaisumah… if their eyes were not riveted to their road-books. When reflection and interpretation are required to make the right choices, it is necessary to slow down to get things done quicker. The fastest riders such as Joan Barreda and Daniel Sanders in the bike race, but also Stéphane Peterhansel and Nasser Al-Attiyah in the car category somewhat neglected this point and paid the price to varying degrees depending on the leads they had this morning. In any case, the journey to the North West of the country was anything but insignificant.

Outline

People in a hurry do not always have the last word on the Dakar. On previous editions, Kevin Benavides has learned this adage at his expense. This time, he very nearly came a cropper, but instead managed to bounce back incredibly, because he won the stage finishing in Al Qaisumah, where he reached the bivouac as the new leader of the general standings. The tumble that the Argentinean was not able to avoid in the dunes nevertheless left him with a broken nose and injured ankle, whilst he greatly owes his new position at the rally’s summit to the cautious navigating talents of his team-mate and guide for the day, Ignacio Cornejo, 2nd on the stage and 3rd in the general standings. In the car category, the race is still bossed by Stéphane Peterhansel and Nasser Al-Attiyah, though they made mistakes enabling Giniel De Villiers to post the best time of the day. For the moment, they are out of the reach of Carlos Sainz, who took advantage of Henk Lategan’s withdrawal to climb up a place, though he got very lost today and now lies 48 minutes behind his team-mate in the general standings. The verdict was even harsher for Sébastien Loeb, who lost 50 additional minutes, and smiles have been wiped off the faces of the SRT team, who saw the hopes of a final top 10 finish for Mathieu Serradori and Yasir Seaidan perhaps definitively snuffed out. In the quad race, Nicolás Cavigliasso took his time with the day’s stage but is starting to seriously distance his rivals after winning his second special of the week, just like “Chaleco” López did, though the Chilean only possesses a fragile lead of less than 11 minutes over Aron Domżała in the lightweight vehicle category. In the truck race, Dmitry Sotnikov boasts a reassuring advantage amounting to 33 minutes in the general standings over his team-mate Anton Shibalov, while Andrey Karginov triumphed on the special today.

Performance of the day

It was a perfect day for South Africa on the special heading towards Al Qaissimah, or rather almost perfect… Firstly, Giniel De Villiers reacquainted himself with victory this year. The Toyota driver called upon his experience and navigational skill in the Saudi desert to avoid the pitfalls on one of the most difficult stages of this edition and accomplish the best time. His rivals today were not Al-Attiyah or Peterhansel, but none other than Brian Baragwanath, who picked up another podium finish this year, crossing the line less than a minute behind his countryman. The only fly in the ointment outside this one-two finish was the accident suffered by Henk Lategan in the first kilometres, struck down on the way up after displaying lightning pace in the last two stages (with 3rd and then 2nd placed finishes). The rookie rolled his car and fractured his collar bone. The rainbow nation will have to wait until next year to hope for a one-two-three !

A crushing blow

Once again, anything can happen to any competitor before they have crossed the finishing line. This is especially the case on the Dakar and Kris Meeke received a nasty reminder of this fact today. Renowned for his prowess in WRC, the British driver started his very first Dakar at a hellish pace and picked up victory on the prologue. After several difficult stages, the PH-Sport driver seemed to have found his feet in the Saudi desert on the fourth special which he finished in second place. Relegated to ninth place at today’s first intermediate point, Meeke put the pedal to the metal to soar back up the standings and reach the third step of the provisional stage podium, only four minutes from victory. However, a mechanical problem on the last portion of the special shattered the plans of the Meeke and Rosegaar duo. At the end of the day, they were still awaiting their assistance team a little more than 100 km from the finishing line.

Stat of the day: 75

With a 4th special stage victory on the Dakar for Kevin Benavides and his 12th for Nicolás Cavigliasso, the day’s two winners in the bike and quad categories have raised the number of stages won by Argentinean riders to 75. This impressive figure owes much to successes in the quad race, with 62 triumphs achieved including 28 by brothers Marcos and Alejandro Patronelli at the height of their powers. To continue writing racing history for his country, Benavides can now try to emulate Orlando Terranova, who has won 6 stages in the car category, while Cavigliasso is closing in on the total of Marcos Patronelli, who boasts 18 victories.

The makings of a Classic

The Porsche 911 driven by American driver Amy Lerner dates from 1982, but has been rebuilt in keeping with the model of 1984 in which René Metge triumphed on the Dakar. For the moment, it is winding its way through Saudi Arabia in 22nd position in the Dakar Classic, but is proving to be among the leaders in the rankings for photos, videos and selfies taken on the bivouac !

Quote of the day

Aron Domżała: “The last three stages were for tourists compared to that stage”

The Polish rider finished 5th on the stage won by “Chaleco” López and is especially ready to pounce on any opportunity, trailing behind the Chilean in the general standings by 10’51’’.

“It was tricky navigation. We got lost a little bit at the beginning, but then I would say it wasn’t a fast stage, it was really technical with really hard dunes. I love that sort of stage. This is the Dakar – the last three stages were for tourists compared to that stage. We’re close to “Chaleco” but today he was much faster. In the dunes he has incredible speed, so today he put seven minutes into us, but there are still a lot of stages to go”.