25 avril 2024

Dakar, Etape 4, Barreda et Al Attiyah, victoires capitales

L’œil dans l’objectif

La journée est aussi longue que rapide, c’est le paradoxe qu’offre parfois le Dakar, spécialement sur une étape de transition où l’itinéraire de liaison occupe une bonne partie du temps… mais ne manque pas de saveur. D’abord parce qu’une bonne partie a été parcourue sur des pistes et non sur du goudron : un détail appréciable qui rappelle aux plus anciens les virées dans le Ténéré, d’autant plus qu’ils ont aussi été invités à changer de cap en passant un arbre isolé qui en rappelle un autre… comme un symbole. La spéciale globalement rapide a permis à chacun de tester sa pointe de vitesse et de goûter à la sensation de liberté que seules quelques régions désertiques du monde peuvent offrir. Pour autant, ces moments de rêverie ont pris fin progressivement sur la deuxième liaison, les rares habitations devenant hameaux, puis villages et faubourgs en s’approchant de la capitale Riyadh.

Pht. Eric Vargiolu/DPPI

L’essentiel

Nasser Al-Attiyah (QAT) for Toyota Gazoo Racing Team. Pht. Flavien Duhamel/Red Bull Content Pool

Il fallait s’attendre à ce que les grands battus d’hier se rebellent aujourd’hui. Voilà une spécialité de Joan Barreda, en particulier sur un profil globalement roulant sur lequel sa capacité à tenir une vitesse élevée sur de longues distances fait des ravages. Avec la 26e spéciale de sa carrière sur le Dakar, le pilote Honda se hisse aussi au 2e rang de la hiérarchie provisoire, dominée par Xavier de Soultrait pour une quinzaine de secondes.

#88 Barreda Bort Joan (esp), Honda, Monster Energy Honda Team 2021, Motul. Pht. Antonin Vincent/DPPI

C’est aussi avec des marges infimes que s’est jouée la spéciale en autos : Al Attiyah empile son quatrième succès depuis Jeddah mais les 11 secondes gagnées sur Stéphane Peterhansel ne modifient pas les données de leur duel en tête de course. La route de Riyadh a été constructive pour Sébastien Loeb, à la fois 4e de l’étape et du général, tandis que Mathieu Serradori a subi un léger coup d’arrêt (7e à 51’)… bien moins préoccupant que celui de Yazeed Al Rajhi qui s’enfonce dans les profondeurs du classement général. En quads, l’Argentin Manuel Andujar s’offre le plaisir d’une première spéciale sur le Dakar, mais c’est son compatriote Nicolas Cavigliasso, vainqueur en 2019, qui prend les commandes de la catégorie. Les véhicules légers ont été dominés sur la 4e étape par Aron Domzala, qui s’impose sans déloger son coéquipier chez Can-Am Francisco « Chaleco » Lopez de la position de leader. En camions, Dmitry Sotnikov poursuit son festival, pendant que le Tchèque Martin Macik profite des déboires de Siarhei Viazovich et se place dans la position du chasseur, à 26 minutes du Kamaz de pointe.

 

#302 Peterhansel Stephane (fra), Boulanger Edouard (fra), Mini, X-Raid Mini JCQ Team en tête du général. Pht. Frederic Le Floc’h/DPPI
#12 De Soultrait Xavier (fra), Husqvarna, HT Rally Raid Husqvarna Racing, Motul, prend la tête du classement général moto. Pht. Antonin Vincent/DPPI
#507 Sotnikov Dmitry (rus), Akhmadeev Ruslan (rus), Akhmatzianov Ilgiz (rus), Kamaz, Kamaz – Master, toujours en tête chez les camions. Antonin Vincent/DPPI

 

La perf’ du jour

#21 Sanders Daniel (aus), KTM, KTM Factory Team.

Fin septembre dernier, KTM annonçait l’arrivée de Daniel Sanders dans ses rangs, juste avant de prendre part au rallye d’Andalousie. Déjà sur le podium au terme du prologue de ce 43e Dakar, l’Australien a signé cette fois-ci le troisième temps d’une spéciale de 337 km en direction de Riyadh, malgré une chute dans les dunes et une légère perte de temps dans les derniers kilomètres. La performance est remarquable pour Sanders qui a fait ses armes en enduro et s’aligne seulement sur son deuxième rallye raid. Pointé à 14 minutes de Xavier De Soultrait au général avec le statut de meilleur rookie, le représentant KTM approche petit à petit de la plus haute marche du podium d’étape. Son compatriote Toby Price a terminé troisième de son premier Dakar en 2015… six ans plus tard, nous pourrions bien assister à l’ascension d’une nouvelle pépite australienne sur laquelle l’usine de Mattighofen a décidé de miser.

Le coup dur du jour

#303 Al Rajhi Yazeed (sau), Von Zitzewitz Dirk (deu), Toyota, Overdrive Toyota. Pht. Julien Delfosse/DPPI

Il y a des jours avec et des jours sans pour Yazeed Al Rajhi depuis l’ouverture de ce deuxième Dakar sur ses terres… Crédité du 44e temps de la spéciale mardi, le pilote Toyota, qui avait pourtant lancé sa septième participation avec un podium au terme du prologue, est tombé en panne à hauteur du km 30 et a dû attendre l’arrivée de son assistance. Après quasiment trois heures d’immobilisation, Al Rajhi a enfin pu reprendre la direction de Riyadh. Mais le 4e de l’édition 2020, qui devrait pointer à environ 5 heures de Peterhansel en toute fin de journée, devra reporter son rêve de triomphe à domicile sur le Dakar.

La stat’ du jour : 395 m

À une moyenne de 129,63 km/h réalisée par Nasser Al Attiyah, vainqueur de la spéciale autos de Riyadh, les 11’’ qui le séparent de Stéphane Peterhansel représentent une distance de 395 m. Soit un peu moins que le tour d’une piste d’athlétisme… après 337 kilomètres de course.

#301 Al-Attiyah Nasser (qat), Baumel Matthieu (fra), Toyota, Toyota Gazoo Racing. Pht. Antonin Vincent/DPPI

Sur un air de Classic

Toyota HDJ80

Le 4×4 Toyota HDJ 80, c’est un classique du Dakar. Celui qu’ont acquis les frères Merino a participé à l’édition 1993. Le plus jeune des deux, Julian Jose, a quant à lui fréquenté les cinq dernières années à moto, bouclant le parcours à trois reprises. Le voilà maintenant lancé dans un défi « à l’ancienne »

La réaction du jour

Stéphane Peterhansel : « C’est de l’attaque à outrance »

Le leader du classement général doit s’employer au maximum pour conserver son avantage dans son duel avec Nasser Al Attiyah.

« Ce n’est pas tellement de l’observation, c’est de l’attaque à outrance, et à la fin on finit dans les mêmes temps ! À part une petite erreur de navigation à la fin, je n’ai pas l’impression de pouvoir attaquer beaucoup plus. Pour rester au contact, iI faut attaquer à bloc, et pour l’instant on ne commet pas trop d’erreurs donc ça se passe plutôt bien. Anciennement, 50 % des prétendants à la victoire sortaient de la course sur des erreurs de pilotage ou des problèmes techniques, mais il y a de moins en moins de déchet. Alors il faut s’accrocher. »

Les réactions

Xavier De Soultrait : « Dans un rythme royal »

De Soultrait Xavier (fra), Husqvarna, HT Rally Raid Husqvarna Racing, Motul. Pht. Eric Vargiolu/DPPI

Cinquième à sept minutes de Joan Barreda, vainqueur de l’étape du jour, Xavier De Soultrait se hisse à la première place du classement général. Mais le Français ne devance l’Espagnol que de quinze petites secondes…

« C’est difficile de faire de gros écarts sur de telles étapes. Il faudrait attaquer comme fous furieux alors qu’on va déjà très vite. J’ai encore pris 175 km/h aujourd’hui ! Rouler plus vite, je peux le faire mais je n’en ai pas envie. Il faut aussi regarder le road-book… En tout cas je suis dans un rythme royal… »

Joan Barreda : « J’ai utilisé trois pneus »

Le pilote espagnol remporte sa deuxième spéciale de l’année et pointe en deuxième position du classement général à 15’’ de Xavier de Soultrait.

« Ça a été une autre bonne étape. Je suis parti de loin en raison de mon résultat d’hier, mais c’est comme ça, sur ce Dakar on se retrouve tout devant ou loin derrière. Mais il faut continuer comme ça. Pour le moment, j’ai utilisé trois pneus. Je crois que celui que j’avais…aujourd’hui est usé alors que j’aurais dû le garder trois jours, ce n’est donc pas une très bonne nouvelle. Mais nous verrons ce que nous ferons dans les jours qui viennent ».

Dmitry Sotnikov : « Ça a été assez nerveux »

Le leader du classement général gagne encore du terrain en remportant une troisième étape. Il a maintenant 26 minutes d’avance sur Martin Macik, son premier poursuivant au général.

« Ce n’était pas si facile. Il y avait tout d’abord des dunes, puis des champs de pierres dans lesquels nous avons eu une crevaison. Dans la deuxième partie, ça a été assez nerveux car nous avons à nouveau crevé à deux reprises, mais nous n’avons pas pris beaucoup…de plaisir. Il y a eu ensuite une portion plus facile et rapide et ensuite la navigation était compliquée mais notre copilote a fait du bon travail. Nous avons vu Viazovich qui était arrêté avant la première neutralisation, il avait certainement un problème avec le camion mais je ne crois pas que c’était une crevaison ».

HighLights Stage 4

Video : Red Bull Media House

Montage : FlashInfoAuto

Les classements ici

Demain Etape 5 / Riyadh – Al Qaisumah

Information in English

Barreda and Al-Attiyah claim victories with a capital V

Focus

Somewhat counterintuitively, Dakar stages can sometimes be long and fast at the same time, especially when it comes to transition stages in which the link section makes up much of the course without detracting from the excitement of the race. A big part of the stage took place on tracks, not tarmacs —a thoughtful detail that no doubt reminded veterans of the winding tracks of the Ténéré, not least because they were also instructed to change course after reaching a lone tree that evoked memories of a different one. An icon of sorts. The fast special gave competitors the chance to test their top speeds and a taste of the sense of freedom that can only be found in some desert areas of the world. In the second link sector, these dream-like moments in sparsely populated landscapes successively gave way to hamlets, villages and suburban neighbourhoods as the race drew closer to the capital Riyadh.

Outline

As expected, the competitors who faltered in yesterday’s stage did their best to try and place themselves back into contention. Joan Barreda is a specialist in such scenarios, especially on fast courses on which his scorching pace over great distances enables him to dish out some serious damage. The Honda rider’s 26th career Dakar stage win also catapulted him to second place overall, fifteen seconds behind Xavier De Soultrait. The car special was just as closely fought, as Al-Attiyah took his fourth win since the start in Jeddah, but by such a slim margin (11 seconds) over Stéphane Peterhansel that their duel at the top of the general standings remained essentially unchanged. Sébastien Loeb also made capital out of the road to Riyadh by claiming fourth place in both the special and the overall, while Mathieu Serradori ran into trouble and finished seventh, 51 minutes back, and Yazeed Al-Rajhi plummeted down the general standings. In the quad category, Manuel Andújar claimed his maiden Dakar stage win as fellow Argentinian and 2019 champion Nicolás Cavigliasso took command of the general standings. Aron Domżała won stage 4 in the lightweight vehicle category without threatening the overall leader of his teammate at Can-Am, Francisco « Chaleco » López. Finally, the Dmitry Sotnikov festival continued in the truck category while Czech Martin Macík capitalised on Siarhei Viazovich’s setback to move up to second place, 26 minutes behind the leading Kamaz.

Performance of the day

KTM announced the signing of Daniel Sanders in late September, just before he entered the Andalucía Rally. The Australian went on to start the 43rd Dakar on the right foot with a podium place in the prologue. Fast-forward a few days and even an eleventh-hour crash and a small time loss in the final kilometres could not stop him from posting the third fastest time in today’s 337 km special to Riyadh. It is a remarkable performance for a biker who learned the ropes in the world of enduro and is only taking part in his second rally raid. The KTM rider, sitting 14 minutes behind Xavier De Soultrait in the general standings as the best rookie so far, is inching closer to his maiden stage win. Fellow Aussie Toby Price came in third in his first Dakar in 2015… Six years later, we could be about to witness the rise of a new Australian prodigy uncovered by the team from Mattighofen.

A crushing blow

The Dakar has been a mixed bag for Yazeed Al-Rajhi since the start of the second edition of the Dakar in his country. The Toyota driver, who came in 44th on Tuesday after finishing third in the prologue, suffered a mechanical at km 30 and had to wait for his support crew. Although he eventually managed to resume the journey towards Riyadh after almost three hours, the driver who finished fourth in 2020 will end the day almost 5 hours behind Peterhansel in the general standings, postponing his dreams of a Dakar victory on home turf for at least a year.

Stat of the day: 395 m

At the average speed of 129.63 km/h set by Nasser Al-Attiyah, the winner of the car stage to Riyadh, his 11-second margin over Stéphane Peterhansel is tantamount to 395 m —just under the length of a running track— after 337 kilometres of racing.

The makings of a Classic

The 4×4 Toyota HDJ 80 is a true Dakar classic. The Merino Bros bought one that took part in the 1993 edition. The younger of the two brothers, Julián José, had taken part in the previous five editions on a motorbike, finishing three of them. This time round, he has gone for a more « old-timey » challenge.

Quote of the day

Stéphane Peterhansel: « It’s just one relentless attack after another »

The overall leader is having to dig really deep to defend his lead over Nasser Al-Attiyah.

« We’re not marking one another, it’s just one relentless attack after another, and in the end we finished in the same time! Apart from a small navigation error near the finish, I don’t think I can push much harder. To stay in contention, we need to go all out. So far, so good, as we aren’t making too many mistakes. In the old times, 50% of all contenders would be knocked out of the race by driving mistakes or technical issues, but it’s become far less common, so you just have to hold on. »