11 février 2025

Dakar, étape 4, une course de fond où Sanders brille en moto et Al Rajhi s’impose en auto

L’étape 4 du Rallye Dakar 2025 met en lumière le véritable caractère de cette compétition emblématique : un marathon plutôt qu’un simple sprint. Alors que Sanders continue d’accumuler les succès, Al Rajhi, de son côté, ne cache pas sa frustration et intensifie la pression sur ses concurrents.

L’œil dans l’objectif

Traditionnellement, Al Ula est réputée pour ses impressionnants sites préhistoriques et ses temples nabatéens, témoins d’une civilisation millénaire s’étendant jusqu’en Jordanie. Les visiteurs y affluent également pour découvrir une hôtellerie haut de gamme, harmonieusement intégrée dans le paysage naturel. Cependant, ce soir, les pilotes et copilotes du Rallye Dakar rejoignent un type d’établissement bien différent après avoir parcouru 415 kilomètres d’intenses épreuves. Avant de se réfugier sous des tentes berbères, les concurrents ont navigué à travers des canyons, traversé des plateaux rocailleux et profité de vastes étendues de dunes plus accessibles. Au moment de reprendre la route pour finaliser cette étape marathon, Daniel Sanders et Yazeed Al Rajhi affichent une confiance renouvelée.

L’essentiel

Lors de la route vers Al Ula, le pilote Kove Mason Klein a enregistré des temps de passage impressionnants, avant que l’Espagnol Tosha Schareina ne manœuvre habilement en fin d’étape pour permettre à Daniel Sanders de décrocher sa quatrième victoire de la course, consolidant ainsi sa position de leader.

#4, Daniel Sanders, KTM, P1 étape et Général. pht. Marcello Maragni

Les deux premiers de l’étape ont également pris de l’avance au classement général, profitant d’une méprise de navigation collective des trois ouvreurs : Ricky Brabec, Skyler Howes et le champion W2RC Ross Branch, qui ont accusé un retard de 29, 27 et 26 minutes respectivement. Ces coureurs, Yazeed Al Rajhi en tête, représentent les plus constants en ce moment, le vainqueur devançant son coéquipier chez Toyota, Henk Lategan, de 4 minutes et 51 secondes. Ils occupent désormais les deux premières places du classement général, séparés par 6 minutes et 54 secondes. Mattias Ekstrom complète le podium avec un retard de 21 minutes et 40 secondes.

#201, YAZEED AL RAJHI / TIMO GOTTSCHALK, OVERDRIVE RACING, vainqueur d’étape. pht. C. Lopez/ASO

Nasser Al Attiyah a rencontré ses premiers soucis dans ce Dakar 2025, perdant 33 minutes sur son parcours. Bien que cette perte soit moins critique que celles subies par Sainz et Loeb ces deux derniers jours, elle le relègue à près de 36 minutes du leader sud-africain au général. En revanche, Mathieu Serradori profite de cette situation pour se positionner en embuscade, prenant la quatrième place à 30 minutes et 25 secondes.

#211, HENK LATEGAN / BRETT CUMMINGS, TOYOTA GAZOO RACING, leader au général. pht. C. Lopez/ASO

Du côté des motos, Nicolas Cavigliasso remporte sa troisième étape de cette édition et renforce son avance sur le jeune Américain Corbin Leaverton, qui pointe à 25 minutes et 14 secondes au classement général.

Sara Price, bien qu’ayant perdu tout espoir de victoire finale dans les premiers jours, a réalisé une spéciale sans faute, battant même son coéquipier chez Can-Am, « Chaleco » Lopez, le jour même. Brock Heger reste en tête du classement général, mais les Polaris ne sont pas à la fête : après l’abandon de Florent Vayssade, c’est au tour du tenant du titre, Xavier de Soultrait, de faire face à des problèmes mécaniques, le contraignant à s’arrêter à 40 kilomètres du bivouac.

Dans la catégorie camions, Martin Macik poursuit sur sa lancée avec une troisième victoire consécutive, tandis que son principal rival, Ales Loprais, accuse un retard désormais de 45 minutes.

La perf’ du jour

Mathieu Serradori : Ambitions renouvelées et montée en puissance au Dakar 2025

#209, MATHIEU SERRADORI / LOIC MINAUDIER, CENTURY RACING FACTORY TEAM, P6. pht. Le Floch/ASO

Mathieu Serradori a déjà prouvé qu’il pouvait créer la surprise, notamment en 2020 lorsqu’il a remporté une spéciale du Dakar au volant d’un buggy deux roues motrices qu’il avait conçu lui-même. Depuis lors, le pilote varois a affûté ses ambitions en développant ses véhicules en collaboration avec Century. Cette année, il a pris une décision audacieuse en optant pour un 4×4, avec l’objectif de se battre pour les premières places.

Malgré une concurrence acharnée dans sa catégorie, Serradori a réalisé une ascension significative dans le classement général, passant de la 7ᵉ à la 4ᵉ position, à seulement 30 minutes de Lategan et à 9 minutes d’Ekstrom, actuellement 3ᵉ. Sa huitième place sur la ligne de départ lui a permis d’envisager une remontée, qu’il a brillamment accomplie en dépassant ses adversaires et en ouvrant la piste, grâce à la prestation impeccable de son coéquipier Loïc Minaudier sur les 80 derniers kilomètres.

Au bivouac marathon, Serradori a enregistré le 6ᵉ temps, renforçant ainsi ses espoirs de réaliser un nouvel exploit lors de la prochaine étape de sa course-poursuite. Son désir de rivaliser avec les champions ne fait aucun doute, et il semble déterminé à continuer sur cette lancée.

Les classements ici

Le coup dur du jour

Nasser Al Attiyah : de la position de leader à celle du chasseur dans le Dakar 2025

Pht. F Gooden/ASO

Après le retrait de Carlos Sainz et Sébastien Loeb, Nasser Al Attiyah se profilait comme l’un des favoris du premier tiers du Dakar. Au terme de l’étape 3, le quintuple vainqueur de la course occupait la 2ᵉ place du classement général, sans avoir remporté d’étape (son meilleur résultat étant une 5ᵉ place) et en ménageant son Sandrider. Cependant, en rallye-raid, les fortunes peuvent rapidement changer.

Ce mercredi, une crevaison a d’abord freiné sa progression, suivie par la casse d’un support de rotule arrière droite. Heureusement, grâce à un don de matériel de Cristina Gutiérrez et aux compétences mécaniques de son copilote, Pablo Moreno, Al Attiyah a réussi à sauver son Dakar. Malgré ces contretemps, il chute à la 7ᵉ place du général, à 35 minutes et 53 secondes du leader Henk Lategan.

Passant de la position du chassé à celle du chasseur, le pilote qatari est déterminé à rebondir. « Nous allons devoir nous adapter. Mon seul choix est d’attaquer », affirme-t-il avec détermination. Nasser “Al Attack” est prêt à relever le défi.

La stat’ du jour : 20

Dakar 2025 : La chute des poursuivants de Daniel Sanders après une erreur de navigation

pht. Marcello Maragni

Avant l’étape du jour, Skyler Howes, Ross Branch et Ricky Brabec étaient les principaux rivaux de Daniel Sanders au classement général, distancés de 6 à 9 minutes. Anticipant une perte de temps sur le chemin d’Al Ula, car ils ouvraient la piste et l’Australien partait avec un handicap, ils ne s’attendaient pas à un écart d’environ 20 minutes. Cependant, une grave erreur de navigation à une quinzaine de kilomètres de l’arrivée a changé la donne. « Une grosse erreur qui a tout gâché », a déclaré un Brabec visiblement déçu.

Les conséquences de cette méprise ont été sévères, propulsant Tosha Schareina à la 2ᵉ place et triplant, voire quadruplant, l’avantage de Sanders sur ses concurrents : Branch accuse un retard de 26 minutes et 10 secondes, Howes de 27 minutes et 1 seconde, et Brabec de 29 minutes et 13 secondes. « C’est le rallye, on peut réaliser le meilleur travail à un moment donné et perdre le Dakar quelques kilomètres plus loin », a analysé le tenant du titre, conscient des aléas de cette compétition.

Demain, la situation pourrait s’inverser, puisque ce sera au tour de « Chucky » de prendre les devants sur la piste, avec Schareina dans son sillage. La pression est montée d’un cran, et les enjeux restent plus élevés que jamais.

La réaction du jour

Tosha Schareina : « J’ai décidé de perdre du temps »

pht. ASO

« C’était difficile aujourd’hui, avec des sections rocheuses pendant 400 kilomètres. J’ai poussé dès le début, j’ai rattrapé Daniel au ravitaillement puis on a roulé ensemble. À la fin j’ai voulu calmer le jeu, j’ai perdu deux petites minutes pour ne pas avoir à ouvrir demain. Il fallait faire attention avec la moto, avec les pneus, car c’est l’étape marathon et que demain on a encore plus de 400 kilomètres à faire. »

Sur un air de classic

Dakar Classic : Lorenzo Traglio, héritier d’une tradition italienne et candidat à la victoire

À presque 40 ans, Lorenzo Traglio incarne l’héritage de Tecnosport, fondé par son père, Maurizio, dans les années 80. À cette époque, toute la fierté italienne était rassemblée autour des Nissan flamboyants qui sortaient de l’atelier, une nostalgie que Lorenzo s’efforce de raviver depuis trois éditions du Dakar Classic. La passion pour le rallye-raid en Italie revêt un caractère romantique, et son partenariat avec Rudy Briani, un ami de son père, symbolise la fusion entre les traditions d’hier et les ambitions d’aujourd’hui.

Pour Lorenzo, décrocher la victoire serait « le couronnement d’une histoire sans fin ». Toutefois, derrière cette belle romance italienne se cache une volonté bien réelle : remporter le titre. Après avoir terminé deuxième l’année dernière, Tecnosport se trouve actuellement en tête du classement général du Dakar Classic, devançant de célèbres anciens vainqueurs espagnols.

Après avoir vu la France (2021-22) et l’Espagne (2023-24) triompher, l’Italie pourrait bien devenir la troisième nation à s’imposer dans cette compétition emblématique. La quête de Lorenzo Traglio pour la victoire s’inscrit dans une lignée riche, promettant de belles batailles sur les pistes.

World Rally-Raid Championship

LOEB TOUJOURS EN LICE POUR LE TITRE !

Sébastien Loeb face à un défi monumental : remporter le championnat du monde de rallye-raid FIA sans points au Dakar

Peut-on espérer remporter le championnat du monde de rallye-raid FIA après un passage à vide lors du Dakar ? C’est le défi que s’apprête à relever Sébastien Loeb. Suite à des tonneaux lors de l’étape 3, l’arceau de sécurité de son Dacia Sandrider a cédé, entraînant une annonce tardive de son abandon. Ce revers marque le troisième abandon du pilote français en neuf participations au Dakar. Ne parvenant pas à terminer une seule étape dans le Top 5, il quitte l’Arabie Saoudite sans le moindre point.

Cette situation constitue un coup dur pour le nonuple champion du monde des rallyes WRC, qui aspire à décrocher un dixième titre FIA. À titre de comparaison, Nasser Al Attiyah a réussi à remporter la couronne W2RC 2024 malgré son abandon au Dakar, grâce à un cumul de 18 points lors des étapes. Pour Loeb, l’espoir n’est pas complètement perdu : il reste potentiellement 235 points à glaner lors des quatre manches restantes, dont 120 pour les résultats des courses, 100 attribués pour les étapes, et un bonus de 15 points si la Power Selective Section est mise en place à chaque épreuve, comme c’est prévu au Dakar.

Le chemin vers le titre s’annonce complexe, mais la détermination de Sébastien Loeb pourrait bien lui permettre de surmonter cet obstacle.