15 janvier 2025

Dakar, chrono stage 48h, Daniel Sanders en solo, Baciuska en tête

La Chrono Stage de 48 heures met les concurrents à l’épreuve

L’œil rivé sur l’objectif

Le trajet de retour vers Bisha, dans le cadre de l’expédition de la 48h chrono au nord-est de la ville, a nécessité la traversée de près de 90 kilomètres de dunes grises, un défi redoutable pour certains participants. Après cette étape, autos et camions se sont aventurés dans des canyons spectaculaires, offrant au Lituanien Rokas Baciuska l’occasion de démontrer son agilité sur des pistes étroites. En ce qui concerne les motos, la victoire s’est jouée entre haut-plateaux et secteurs dunaires, sans pièges techniques, permettant à Daniel Sanders, parti 7ᵉ ce matin, de donner pleine puissance à son moteur et de remonter rapidement dans le classement. Il a ainsi remporté son troisième succès consécutif lors de cette édition du Dakar 2025.

L’essentiel

Dans un tour de force impressionnant, Daniel Sanders a brillamment réussi le test décisif de la 48 heures chrono, s’imposant lors du prologue et des deux premières étapes de la compétition. Bien qu’il maintienne une avance significative, son écart au classement général n’augmente que légèrement, se chiffrant à 12 minutes et 36 secondes face à Skyler Howes. Ross Branch le suit de près, à seulement 12 minutes et 40 secondes.

#4, DANIEL SANDERS, RED BULL KTM FACTORY RACING, P1 & premier au général moto. pht. Ravien Duhamel

L’élite de la catégorie motos demeure largement dominée par les Honda, qui occupent les six premières places, représentées par Howes, Schareina (4ᵉ), Brabec (5ᵉ) et Van Beveren (6ᵉ).

Yazeed Al Rajhi, qui avait rencontré des difficultés lors de la 48 heures chrono l’an dernier, pensait avoir enregistré le meilleur temps cumulé des deux jours. Cependant, c’est Rokas Baciuska qui a remporté la victoire, marquant ainsi son premier succès à seulement 25 ans, après avoir géré une situation délicate liée à un ravitaillement défectueux. Malgré tout, Al Rajhi continue de se battre aux avant-postes.

« C’était une étape difficile pour tous. La route vers notre bivouac de nuit était loin d’être facile. Je pense que nous avons remporté l’étape grâce à notre retard au ravitaillement, qui a dépassé les 10 minutes », a expliqué Baciuška.

#210, ROKAS BACIUSKA / ORIOL MENA, OVERDRIVE RACING, P1. pht. ASO

L’autre grande performance du jour a été réalisée par Henk Lategan, qui, après une belle prestation lors du prologue, prend désormais la tête du classement général grâce à sa deuxième place. Nasser Al Attiyah, bien qu’ayant été pénalisé de 4 minutes pour excès de vitesse, demeure en embuscade, occupant la troisième position.

« Nous avons connu une crevaison dans les 50 derniers kilomètres et un problème de direction assistée. C’était un défi de traverser cette étape à cause de la poussière. Nous sommes maintenant troisièmes au général et avons une bonne position pour demain », a déclaré Al-Attiyah.

Les épreuves de Bisha ont mis à l’épreuve Sébastien Loeb, qui, malgré un effort de rapprochement lors de la deuxième journée, accuse un retard de 13 minutes et 08 secondes. Carlos Sainz, quant à lui, a subi les conséquences d’un retournement spectaculaire lors de l’étape 2A, se retrouvant avec un retard de 1 heure et 28 minutes. L’endommagement de son arceau de sécurité l’a contraint à abandonner la compétition !

#219, SEBASTIEN LOEB / FABIAN LURQUIN, THE DACIA SANDRIDERS, P7. pht. Kin Marcin

Bien que Paul Spierings ne fût pas initialement vu comme un prétendant, il a créé la surprise lors de cette 48 heures chrono, déjouant même Nicolas Cavigliasso, qui a perdu une étape pour seulement 2 secondes, mais conserve néanmoins sa position de leader.

En SSV, les Polaris continuent de dominer ce début de Dakar, avec Brock Heger remportant une nouvelle étape, s’ajoutant à sa victoire lors du prologue, tandis que Xavier de Soultrait a également brillé lors de la première étape. Les deux pilotes occupent les deux premières places du classement général, avec Heger en tête, affichant déjà plus d’une heure d’avance sur Alexandre Pinto, troisième.

Enfin, un trio de pilotes s’est démarqué lors de la 48 heures chrono, à savoir Martin Macik, Ales Loprais et Vaidotas Zala, qui ont franchi la ligne d’arrivée dans cet ordre, montrant leur force au début de cette première semaine. Ils ont ainsi distancé Mitchel van den Brink, pointé à 1 heure et 16 minutes, en quatrième position au classement général.

#226, MATTIAS EKSTRÖM / EMIL BERGKVIST, FORD M-SPORT, P8. pht. Marcello Maragni

La perf’ du jour

Les rebondissements sont la marque de fabrique de Rokas Baciuska, qui avait connu une amère désillusion lors du Dakar 2023, voyant Eryk Gokzal tirer profit de ses problèmes mécaniques alors qu’il dominait le classement des SSV jusqu’à la dernière étape. Cette année, fort de trois titres consécutifs en W2RC, le pilote lituanien s’est lancé dans un nouveau défi en prenant le départ dans la catégorie Ultimate, une étape logique dans l’évolution de son talent.

Cependant, dès la première étape, son enthousiasme l’a conduit à une erreur fatale, entraînant une sortie de piste qui a arraché une roue arrière de son Hilux. Malgré cette mésaventure, le jeune pilote, souvent comparé à Harry Potter pour son talent, n’a pas baissé les bras. Partant de la 38e position lors de la 48 heures chrono, il a rapidement enclenché le mode turbo de son balai « Firebolt ».

Au terme de deux jours et près de 1000 kilomètres, Baciuska a triomphé dans la catégorie reine, confirmant ainsi une tendance marquante de cette 47e édition du Dakar. Le tableau d’honneur de cette course a également mis en lumière de jeunes talents comme Seth Quintero (22 ans), Saood Variawa (19 ans), Corbin Leavertone (24 ans) et Mitchel van den Brink (23 ans). À seulement 25 ans, Baciuska, qui aurait presque pu devenir le plus jeune vainqueur de l’histoire de la catégorie, se positionne déjà comme un grand frère pour ces jeunes concurrents.

Les classements ici

Le coup dur du jour

Carlos Sainz a du abandonner. pht. Marcelo Maragni

Habitué à semer la concurrence plutôt qu’à encaisser les coups, Carlos Sainz, quadruple vainqueur du Dakar et tenant du titre, a connu une journée difficile hier, rencontrant un tonneau au kilomètre 327. Si « El Matador » s’est relevé avec quelques égratignures, il n’est pas pour autant abattu. À bord d’un Raptor dépouillé de la plupart de ses éléments de carrosserie et de son pare-brise, le duo Sainz-Cruz a redémarré pour affronter les 640 kilomètres restants de la spéciale.

Au moment de l’arrivée à Bisha, l’Espagnol accusait un retard de 1 heure et 35 minutes sur le nouveau leader du Dakar, ce qui l’obligeait à rendre sa cape de prétendant. Après une inspection de son pick-up par l’équipe M-Sport, il était clair que celui-ci n’était plus en mesure de garantir sa sécurité sur le parcours.

Après l’abandon de Laia Sanz suite à un double tonneau avant-hier, Cristina Gutiérrez et Nani Roma ont également été contraints de quitter la spéciale aujourd’hui. Les deux pilotes espagnols repartiront avec des pénalités de 48 et 52 heures respectivement, touchant ainsi l’Espagne au cœur.

Pour adoucir cette douloureuse journée, il convient de se pencher sur les statistiques du roi Carlos et de se rappeler le dicton : « jamais deux sans trois ». En effet, les deux dernières fois où Sainz a quitté le Dakar avant l’arrivée, il a su revenir triomphant. En 2022 avec Peugeot et en 2024 avec Audi. Rendez-vous donc en 2026, pour une potentielle revanche…

La stat’ du jour

3/3

« Chucky » est en pleine forme ! Après avoir dominé le prologue et l’étape 1, Daniel Sanders a signé une troisième victoire consécutive sur la 48 heures chrono. Parti en 7ᵉ position ce matin, avec un retard de 7 minutes sur Tosha Schareina, Sanders a rapidement rattrapé les leaders en course, gardant un œil sur eux pour mieux contrôler la spéciale et s’imposer. Un tel triplé dans la catégorie motos n’avait pas été réalisé depuis 2017, lorsque Joan « Bang Bang » Barreda avait remporté les étapes 8, 10 et 11.

Cependant, les enjeux de cette année sont très différents. À l’époque, Barreda n’était plus en lice pour la victoire au classement général après avoir écopé d’une pénalité d’une heure pour ravitaillement hors zone lors de la première semaine. Libéré de toute pression, il avait pu attaquer sans retenue sur les étapes suivantes, malgré des conditions parfois difficiles dues aux fortes pluies en Amérique latine, tout en portant la responsabilité d’ouvrir la piste.

En revanche, Sanders est en pleine bataille pour le titre et gère son effort avec brio. Il démontre ainsi qu’il est capable non seulement d’attaquer, mais aussi de maîtriser la situation.

La réaction du jour

Sébastien Loeb : « C’était à bloc partout »

pht. ASO

« On n’en espérait pas tant aujourd’hui. Hier pour nous, on avait abandonné, on n’arrivait plus à avancer, on avait déjà perdu 40 minutes. On a fait 900 km de WRC quand la voiture marchait. C’était à bloc partout et finalement on a réussi à recoller à la tête de la course aujourd’hui. On reprend pas mal du temps que l’on avait perdu, c’est plutôt pas mal. »

Sur un air de classic

La 5ᵉ édition du Dakar Classic marque l’essor de véritables spécialistes, pour qui la victoire est devenue une obsession. Parmi eux, quatre participants ont choisi de privilégier l’aspect émotionnel de cette aventure. À la tête de cette initiative, les Néerlandais, menés par Erik van Loon, ancien compétiteur du Dakar ayant réussi à se classer 4ᵉ en 2015, sont les seuls à concourir en H4, la catégorie affichant la vitesse moyenne la plus élevée. Réservée aux véhicules les plus rapides et récents, leur présence donne lieu à une véritable course dans la course, axée sur le plaisir !

Ils pilotent des répliques des deux Audi Quattro engagées au Dakar 1985, confiées aux mains expertes de Bernard Darniche et de Xavier Lapeyre. Ces modèles, basés sur les célèbres Groupe B de WRC de l’époque, développaient près de 600 chevaux, tandis que leurs versions Dakar sont « seulement » dotées de 500 chevaux pour un poids de 1 350 kg. Ce clin d’œil à Audi, qui a remporté pour la première fois de son histoire le Dakar 2024, ajoute une dimension spéciale à cette édition.

World Rally-Raid Championship

Le règlement 2025 de la FIM pour le W2RC introduit une nouvelle distinction : un titre Team récompensant les équipes d’assistance des pilotes de la catégorie Rally 2. Ce titre vient compléter celui des constructeurs, réservé aux équipes officielles, et BAS World KTM Racing se positionne comme le candidat le plus en vue depuis le début de la compétition.

Actuellement, Edgar Canet se distingue en Rally 2, dominant le classement au sein de l’équipe officielle KTM. Toutefois, pour marquer des points dans ce nouveau classement par équipe, il est nécessaire d’être au minimum deux membres dans une équipe. À ce jour, derrière le jeune prodige espagnol de 19 ans, se trouvent trois pilotes de l’équipe néerlandaise : Michael Docherty, Tobias Ebster et Mathieu Dovèze.

De leur côté, les outsiders potentiels, l’équipe satellite Honda RS Moto, semblaient bien placés avec Jacob Argubright et le nouvel arrivant Paolo Lucci. Malheureusement, après une chute survenue hier, l’Italien laisse Argubright en solo pour défendre les couleurs du rouge. Romain Dumontier, comme Canet, se retrouve également isolé dans le Honda Team soutenu par le HRC.

Saudi Next Gen

ne compétition s’achève, donnant le coup d’envoi à une nouvelle aventure pour les participants de la première édition de Saudi Next Gen. Ce soir, deux équipages sont heureux d’annoncer leur victoire, avec Hamza Bakhashab et Abdullah Alsheqawi, respectivement âgés de 21 et 27 ans, qui se sont vus offrir un engagement pour le Dakar 2026 aux côtés de leurs copilotes, Raed Alassaf et Fahad Alamr.

Après cinq jours de tests, de compétitions et de cours où leurs talents ont pu s’exprimer, Eduardo Mossi, en accord avec A.S.O., la fédération automobile saoudienne (SAMF) et le ministère saoudien des Sports (SMC), a décidé de récompenser les deux équipages les plus méritants. « J’ai été impressionné par ces jeunes pilotes, déclare l’ancien pilote italien. Ils me rappellent la détermination que je déployais pour progresser à leur âge. Je suis particulièrement heureux que les deux pilotes que je n’arrivais pas à départager puissent maintenant poursuivre leur rêve. Hamza et Abdullah sont très différents par leur tempérament et leur style de pilotage, mais tous deux possèdent un potentiel que j’ai hâte de voir se développer. »

Pour se préparer à cette nouvelle échéance, ils seront suivis tout au long de l’année lors des quatre manches du championnat saoudien, où ils pourraient retrouver leurs compagnons de piste des cinq derniers jours. En effet, Fahad Al Marmash ainsi que les pilotes féminines Fatma Banaz et Merehin Albaz ont montré suffisamment de talent pour nourrir des ambitions pour l’avenir. Dans le monde du rallye-raid, la patience et la persévérance demeurent des qualités essentielles.