L’étape 11 du Rallye Dakar s’ouvre sur le majestueux désert de l’Empty Quarter. Ce vaste territoire, connu pour ses dunes spectaculaires et ses conditions de navigation difficiles, représente un véritable défi pour les participants. Cette étape a promis des moments palpitants, alors que les concurrents se sont lancés dans cette aventure au cœur de l’Empty Quarter, un des plus grands déserts de sable au monde.
L’œil dans l’objectif
Les dunes et le brouillard ne s’entendent guère quand il s’agit de lancer les pilotes et leurs équipes lors du Dakar. Ce matin, l’Empty Quarter était en effet enveloppé d’une brume épaisse qui immobilisait les hélicoptères au sol, rendant impossible le maintien de la sécurité de la course. En conséquence, le départ de la spéciale a été reporté dans l’attente d’une amélioration des conditions météorologiques, ce qui a conduit les motards à solliciter un raccourcissement de l’épreuve. Finalement, la course a été réduite à 152 kilomètres au lieu de 308. Ce changement a particulièrement profité à Daniel Sanders, pilote et apiculteur à ses heures, qui se trouvait en bonne position avant la dernière étape. En revanche, la distance initiale de 276 kilomètres, principalement constituée de cordons de dunes entrecoupés de rapides chotts, a été maintenue pour les voitures de pointe. Yazeed Al Rajhi a su tirer parti de chaque grain de sable pour reprendre la tête du classement général face à Henk Lategan, tandis que Mattias Ekstrom a consolidé sa place sur la troisième marche du podium.
L’essentiel
Dans le cadre d’une spéciale réduite de moitié, Tosha Schareina a redoublé d’efforts et a réussi à rattraper 7 minutes et 31 secondes sur les 16 minutes et 31 secondes de retard qu’il avait sur Daniel Sanders au départ, une fois que les dunes ont enfin été illuminées par le soleil. Bien qu’il consolide sa deuxième place, l’Espagnol aura moins d’opportunités pour tenter de ravir la première place à l’Australien lors de la dernière étape de 61 kilomètres, qui se déroulera en départ en ligne.
Adrien Van Beveren avait tout intérêt à accélérer dans le désert. Malheureusement, ses efforts pour s’emparer de la deuxième place de l’Espagnol, qui a réalisé le meilleur temps, se sont révélés vains. Il devait également veiller à préserver sa troisième position au classement général, menacée par Luciano Benavides. Ce dernier, en forme durant cette deuxième semaine, a terminé devant le Français avec une avance de 24 secondes, mais demeure quatrième au général, à 6 minutes et 26 secondes du podium.
Ford continue sa belle série, remportant sa première étape sur le Dakar hier avec Nani Roma, puis aujourd’hui avec Mattias Ekstrom, qui a signé le meilleur temps au volant de son Raptor et se rapproche d’un premier podium final en Ultimate. Nasser Al Attiyah, qui visait à contester la troisième place, a réalisé le deuxième temps mais accuse un retard de plus de 4 minutes.
La course-poursuite a été fructueuse pour Yazeed Al Rajhi, qui a brillamment utilisé ses compétences en navigation dans les dunes pour reprendre et distancer Henk Lategan. Le Saoudien retrouve ainsi le fauteuil de leader du Dakar au moment opportun, tandis que la performance décevante du Sud-Africain le relègue à 6 minutes et 11 secondes du premier rang.
Yasir Seaidan, autre pilote saoudien, a également profité de son passage dans l’Empty Quarter pour décrocher sa troisième victoire d’étape. Ce triplé n’affecte pas Nicolas Cavigliasso, qui reste en tête du classement général depuis le premier jour, avec une avance d’1 heure et 11 secondes sur Gonçalo Guerreiro, son premier poursuivant.
Sara Price a remporté sa deuxième spéciale sur le Dakar 2025, en battant au passage son coéquipier chez Can-Am, « Chaleco » Lopez. Bien qu’elle ne perturbe pas la domination de son compatriote Brock Heger, qui reste en tête du classement général, le Polaris de Xavier de Soultrait a pour sa part perdu la deuxième place du podium au profit du Chilien.
Enfin, Martin Macik a signé son quatrième succès d’étape en quinze jours. Son avance de près de 2 heures et 30 minutes sur Mitchel van den Brink lui permet de perdre seulement deux minutes et demie par kilomètre lors de l’étape de demain. Cependant, le Néerlandais doit rester vigilant face à Ales Loprais, qui n’est qu’à 5 minutes et 30 secondes dans son rétroviseur, rendant le podium final encore incertain.
La perf’ du jour
À tous ceux qui en douteraient, Mattias Ekstrom a démontré par sa constance au cours des deux dernières semaines qu’il possède bel et bien la stature d’un leader. Ce n’est pas la première fois que le Suédois endosse ce rôle, ayant déjà terminé en tête des trois Audi RS Q e-Tron engagées en 2022, se classant 9e avec à son actif une victoire d’étape. Cette année, il a su prendre le relais de Carlos Sainz, censé être le chef de file de l’équipe au départ de Bisha, en pilotant un tout nouveau véhicule, le Ford Raptor. Discret mais toujours en embuscade tout au long du Dakar, Ekstrom a signé à Shubaytah sa troisième victoire d’étape, la première de cette année, alors qu’il doit défendre sa position sur la troisième marche du podium. Avec un poursuivant de la trempe d’Al Attiyah à ses trousses, le risque de craquer était réel. Pourtant, cela n’est pas dans sa nature.
Le coup dur du jour
Tout avait bien commencé pour Xavier de Soultrait, le champion en titre en SSV, qui avait repris les rênes de sa catégorie à Bisha. À la sortie de la 48h chrono, l’Auvergnat se sentait même rassuré quant à la compétitivité de son Polaris RZR face à l’armée de Can-Am dirigée par « Chaleco » Lopez. Cependant, les soucis mécaniques ont commencé à se manifester sur le chemin vers le bivouac marathon, le dispositif de direction lui causant de nombreux tracas. Bien que la concurrence ait également été touchée par des problèmes, De Soultrait a réussi à conserver une deuxième position au général, position relativement confortable, car son coéquipier Brock Heger est devenu le nouveau leader des SSV. Le doublé final aurait été idéal, mais aujourd’hui, le Français a vu toutes ses chances s’évaporer. Encore une fois trahi par un train avant défaillant et incapable de dominer les dunes en deux roues motrices, il a dû se résoudre à abandonner la spéciale et à rejoindre le bivouac par la route. La sanction sera sévère, entraînant une chute notoire dans le classement général.
La stat’ du jour : 121
Tosha Schareina n’avait pas remporté de victoire sur le Dakar depuis le prologue de l’édition 2024. Considéré parmi les favoris cette année, le talentueux pilote de Valence a dû attendre l’avant-dernière étape pour débloquer son compteur 2025. Ce succès, obtenu dans l’immensité du désert de l’Empty Quarter, est un moment de prestige pour lui, marquant la deuxième victoire de sa carrière et portant le total des victoires espagnoles à 121 chez les motards. Ce chiffre impressionnant représente plus de 18 % des étapes de l’histoire du Dakar. À seulement 29 ans, Schareina a encore de nombreuses occasions de faire fructifier ses statistiques. Il devra le faire pour suivre les traces de ses compatriotes, dont on dit qu’il est la relève : Joan Barreda avec ses 29 victoires, Jordi Arcarons avec ses 27 succès, et Marc Coma, qui a remporté 24 spéciales. Parmi ces trois champions, seul Coma a eu l’honneur de soulever le Touareg. Un destin que le pilote Honda pourrait frôler ce vendredi, alors qu’il aborde la dernière étape avec 9 minutes de retard sur le leader Daniel Sanders.
La réaction du jour :
Henk Lategan : « pas un expert des dunes »
« On ne pouvait pas faire mieux aujourd’hui, j’ai tout essayé. Je ne suis pas un expert des dunes mais je suis content d’être à l’arrivée avec la voiture en un seul morceau. C’est incroyable, on a réalisé un très bon Dakar avec des hauts et des bas, mais dans l’ensemble je suis content, il reste encore un jour de course. »
Sur un air de classic
En raison des retards accumulés dans les différentes catégories du Dakar, le Dakar Classic s’est disputé aujourd’hui sur un unique acte. Dirk van Rompuy, en véritable baroud d’honneur à la veille de l’arrivée du Dakar Classic, a réalisé un sans-faute lors du test de navigation au volant de son HDJ 80, s’imposant ainsi brillamment. De leur côté, les leaders Carlos Santaolalla et Lorenzo Traglio ont fait match nul, chacun manquant un waypoint crucial. Demain, une seule navigation test est au programme. Le Dakar Classic demeure entre les mains du tenant du titre. La capacité des navigateurs à suivre avec précision les caps pourrait s’avérer décisive, à l’image de la maîtrise de la boussole par les copilotes dans le passé. Ce final de la 5e édition revêt plus que jamais une saveur d’Afrique !
World Rally-Raid Championship
W2RC : Al Rajhi vers une double première
Si Yazeed Al Rajhi triomphe demain et remporte son premier Dakar, ce sera également la première fois qu’il prend les commandes du classement général du W2RC. Un privilège qui a longtemps été réservé à Nasser Al Attiyah. Seuls Sébastien Loeb et Carlos Sainz ont réussi à dérober le maillot jaune des épaules du Qatari jusqu’à présent. Loeb l’avait fait lors de la saison 2022 à l’issue de l’Abu Dhabi Desert Challenge (ADDC), terminant la deuxième manche avec un point d’avance sur Al Attiyah. Quant à Carlos Sainz, il avait occupé la tête du général pendant deux épreuves du calendrier 2024, à savoir le Dakar et l’ADDC. Si Al Rajhi venait à s’imposer, il deviendrait le troisième pilote à contester la première place du championnat au triple champion du monde. Le Saoudien se prépare ainsi à un double rendez-vous avec l’histoire.