La huitième étape du Rallye Dakar 2025 arrive à Riyad, avec ses dunes, sa distance et son terrain dangereux.
L’œil dans l’objectif
La province de Riyadh, qui s’étend sur une vaste superficie et occupe une position centrale en Arabie Saoudite, a été le théâtre d’une étape particulièrement intense au sud de la capitale. Les pilotes ont affronté un parcours de plus de 480 kilomètres, réparti entre les véhicules FIM et FIA. Les dunes spectaculaires ont suscité l’intérêt des spécialistes du franchissement, qui aspirent à se plonger dans l’Empty Quarter. Cependant, la clé de la victoire résidait dans la concentration, tant en pilotage qu’en navigation.
Sur les terrains hors-piste, les concurrents ont dû naviguer habilement entre les collines sans hésitation, tandis que les passages plus roulants ont mis à l’épreuve les navigateurs, confrontés à un enchevêtrement de pistes source d’angoisse. En démontrant leur polyvalence, Daniel Sanders et Henk Lategan ont réussi à maintenir leur position de leader, un pas déterminant alors que le compte à rebours vers l’issue de la compétition est désormais lancé.
L’essentiel
La journée a débuté sur une note tragique avec l’abandon de Pablo Quintanilla, victime d’une chute au kilomètre 133, entraînant une blessure à l’épaule. Ses compatriotes Luciano Benavides et Adrien Van Beveren ont rapidement interrompu leur course pour porter secours au pilote chilien avant de reprendre leur chemin à un rythme victorieux. Après avoir récupéré leur temps d’arrêt, l’Argentin et le Français se sont classés respectivement aux deux premières places du jour, avec une différence de 2 minutes et 08 secondes.
Tosha Schareina a brièvement occupé la pole position de l’étape grâce à une performance remarquée, lui permettant de gagner 3 minutes et 30 secondes sur Daniel Sanders, qui, après sa victoire d’hier, se voyait contraint d’ouvrir la piste. Toutefois, l’écart réduit ne semble pas inquiéter le leader australien, qui conserve une avance confortable de plus de 11 minutes, un cushion rassurant à l’approche des trois prochaines étapes, cruciales pour la conquête du titre.
Henk Lategan, déjà vainqueur d’une étape cette semaine, a marqué les esprits en s’imposant à nouveau à Riyadh, un parcours où il avait déjà réalisé le meilleur temps en 2022. Le podium du jour est complété par son compatriote Guy Botterill, à 1 minute et 47 secondes derrière, et par Mathieu Serradori, qui termine à 4 minutes et 04 secondes.
Cette victoire permet à Lategan de respirer un peu, repoussant Yazeed Al Rajhi, son premier poursuivant, à 5 minutes et 41 secondes. Mattias Ekström, ayant subi les conséquences de sa deuxième position de départ, reste sur le podium mais recule à 28 minutes et 55 secondes. Pour Nasser Al Attiyah, la situation est tout aussi préoccupante, avec un retard désormais porté à 34 minutes et 14 secondes.
Du côté des Challenger, un nouveau nom a émergé avec le triomphe du jeune Espagnol Pau Navarro, âgé de seulement 19 ans, qui a devancé Paul Spierings de 1 minute et 23 secondes. Ce duel serré s’est joué loin derrière Nicolas Cavigliasso, qui demeure en tête du classement général avec une avance de 25 minutes et 49 secondes sur Gonçalo Guerreiro, solide à la deuxième place depuis le début de la compétition.
La perf’ du jour
Mathieu Serradori s’est forgé une réputation solide grâce à ses performances spectaculaires, notamment avec sa victoire d’étape en 2018, et s’est imposé comme un « poil à gratter » pour les grandes écuries. Ce statut lui a permis de terminer à une honorable 7e place au classement général en 2022. Aujourd’hui, son nouveau défi consiste à établir son duo avec Loïc Minaudier parmi les équipages de premier plan sur le Dakar.
La dynamique de la deuxième semaine semble confirmer la réussite de ce projet. Au volant de son CR7 T1+, qu’il a choisi d’aligner cette année, Serradori est resté stable à la 6e position du général, tout en signant une 3e place lors de l’étape du jour, le rapprochant ainsi à moins de trois minutes de Mitch Guthrie. Le Top 5 paraît désormais à portée de main pour l’électricien varois, qui a développé son 4×4 en étroite collaboration avec l’équipe sud-africaine Century 21. De plus, la performance du CR7 est renforcée par la présence de son coéquipier, Brian Baragwanath, qui a également réalisé une belle course en se classant 4e du jour.
Le coup dur du jour
L’abandon de Pablo Quintanilla marque un tournant important dans cette édition du Dakar. Bien qu’il ait connu des moments de faiblesse durant ses débuts, avec des abandons lors de ses deux premières participations (2013, 2014) et de nouveau en 2017, le pilote chilien s’était imposé comme une valeur sûre, franchissant la ligne d’arrivée lors des sept dernières éditions de la course. Il était, jusqu’à présent, le seul pilote de pointe à pouvoir se vanter d’un tel palmarès.
Malheureusement, « Quintafondo » ne pourra pas réaliser le grand huit, sa chute au kilomètre 133 lui ayant coûté une blessure à l’épaule et la retraite de son 13e Dakar. Ce départ précipité fait perdre à la compétition l’un de ses pilotes les plus expérimentés, dauphin des éditions 2020 et 2022. Malgré cette perte, l’équipe Honda demeure la plus forte parmi les structures de tête, avec quatre pilotes toujours en lice, tous figurant dans le Top 5 : Tosha Schareina en 2e position, Adrien Van Beveren en 3e, Ricky Brabec en 4e et Skyler Howes en 5e. La première place est occupée par Daniel Sanders, que l’équipe rouge s’efforcera de rattraper d’ici à Shubaytah.
La stat’ du jour : 286
L’absence de Giniel De Villiers lors de l’étape d’hier a pris tout le monde de court, tant elle semblait improbable. C’est la première fois depuis ses débuts dans le Dakar en 2003 que le Sud-Africain abandonne avant la fin de la course. De Villiers, vainqueur de la première édition sud-américaine en 2009 au volant de sa Volkswagen Touareg, avait jusqu’alors affiché un impressionnant bilan de 100 % de réussite lors de ses 21 premières participations, se hissant sur le podium final à huit reprises.
En tout, le pilote, désormais chez Toyota, a disputé 286 étapes consécutives, dont 18 victorieuses. Malheureusement, il a été contraint de quitter la compétition à la suite d’une commotion subie par son copilote, Dirk Von Zitzewitz, avec qui il avait partagé la victoire en 2009. Ce départ inattendu marque la fin d’une époque pour un des pilotes les plus emblématiques de l’histoire du Dakar.
La réaction du jour
Guillaume de Mévius : « Pas sur ce Dakar que l’on fera un résultat »
« Une journée encore difficile pour nous, on a eu un problème après cent kilomètres. On a mécaniqué je pense une heure et demie avant de repartir en traction avec seulement les roues avant. A la fin dans les dunes, c’était la galère. Une journée à oublier et ce n’est pas sur ce Dakar que l’on fera un résultat. »
Sur un air de classic
La Porsche 959 numéro 702 n’a pas réussi à achever son parcours lors de ce match retour. Hier, au cours du quatrième « dune test » du rallye, l’embrayage de la voiture allemande a lâché. Bien qu’elle ait été récemment remise à neuf par Nantes Prestige Autos, sa jeunesse ne lui avait permis de se classer qu’à la 5e place l’an dernier. Juan Morera, vainqueur de l’édition 2023, était déterminé à défendre l’honneur de la marque, mais le combat à trois a pris fin prématurément.
Désormais, la compétition se concentre sur un duel entre Carlos Santaolalla et Lorenzo Traglio. Le Toyota HDJ 80, champion en titre de l’Espagnol, a dominé le classement général pendant trois jours depuis Bisha, tandis que le Nissan pick-up Terrano de son ancien dauphin se classe 4e. L’écart entre les deux prétendants n’a jamais dépassé 48 points, et ce matin, seulement 20 points les séparaient. La 8e étape devrait encore réduire cette marge, et le tenant du titre, aux commandes depuis l’étape 6, semble bien placé pour prendre l’avantage.
À quelques jours de l’arrivée aux portes de l’Empty Quarter, les grains de sable pourraient bien devenir le critère décisif pour départager ces deux maîtres du Classic 2025.
World Rally-Raid Championship
W2RC : Benavides et Sanders à 3 étapes de VBA
Le 13 janvier 2025, Luciano Benavides a célébré sa première victoire d’étape de la saison, marquant ainsi son 13e succès au sein du W2RC. Le champion du monde 2023 se retrouve à égalité avec son coéquipier Daniel Sanders, qui a réussi à s’imposer à cinq reprises depuis Bisha. Pour ces deux pilotes, il s’agit de leurs premières victoires sous les couleurs de KTM, suite à leurs transferts respectifs de Husqvarna et GasGas.
Adrien Van Beveren, en remportant l’étape 5, a également porté le record du W2RC à 16 victoires. « Chucky » et le cadet des Benavides sont en bonne position pour rivaliser avec VBA d’ici à Shubaytah, et peut-être même pour le titre du Dakar. Après le duel entre Hero et Honda en 2024, la saison 2025 s’annonce comme un affrontement prometteur entre KTM et HRC.