15 janvier 2025

Dakar, étape 3, le sans-faute de Santo, Variawa sans tarder

La troisième étape du Rallye Dakar 2025 en Arabie Saoudite se révèle être particulièrement intense.

L’œil dans l’objectif

Le séjour à Bisha, qui a duré près d’une semaine, s’est conclu lorsque le vent a finalement cessé de souffler. Le Dakar reprend alors sa nature nomade, traçant une nouvelle ligne sur la carte en direction du nord-ouest, vers Al Henakiyah. Les pilotes ont descendu près de 500 mètres d’altitude et ont dû relever le défi d’une première partie de spéciale particulièrement rocailleuse, avant de retrouver la vitesse sur des plateaux sablonneux sur environ 200 kilomètres. Les fortes pluies de la veille ont laissé place à des éclaircies, rendant le terrain praticable, ce qui a été bénéfique pour Lorenzo Santolino, qui a signé son premier succès d’étape au Dakar à bord de sa Sherco. De son côté, Saood Variawa, à seulement 19 ans, a également inscrit son nom au palmarès de la compétition.

L’essentiel

La persévérance de Lorenzo Santolino a enfin porté ses fruits. Lors de sa septième participation au Dakar, il a offert un peu de réconfort au clan espagnol en remportant sa première étape, après avoir connu la désillusion de l’abandon à trois reprises. Partant de la 11e position, il a réalisé une remontée impressionnante pour battre Ricky Brabec à l’arrivée avec une avance de quatre minutes.

#15, LORENZO SANTOLINO, SHERCO RALLY FACTORY, P1. pht. A.Vincent/ASO

Daniel Sanders conserve la tête du classement général, mais l’Américain Skyler Howes s’est rapproché, ne se trouvant qu’à 6 minutes et 51 secondes de l’Australien. Son coéquipier chez Monster Energy Honda HRC, Adrien Van Beveren, se retrouve quant à lui en 8e position, à 16 minutes et 24 secondes, suite à une chute qui a perturbé sa course.

#4, DANIEL SANDERS, RED BULL KTM FACTORY RACING, en tête du général. pht. Lopez/ASO

La vraie sensation de la journée est sans doute Saood Variawa, qui devient le plus jeune vainqueur de l’histoire de la catégorie reine à seulement 19 ans. Le jeune Sud-Africain a triomphé sur une spéciale très disputée, ne devançant Guerlain Chicherit que de 23 secondes, dans un Top 5 où la nouvelle génération s’affirme. Malgré les écarts serrés, le trio de tête reste inchangé : Lategan en tête, suivi d’Al Rajhi à 4 minutes et 45 secondes, et d’Al Attiyah à 11 minutes et 14 secondes. Les leaders sont en partie soulagés de la menace de Sébastien Loeb, qui a perdu 1 heure et 3 minutes à cause d’un tonneau en début de spéciale.

#218, SAOOD VARIAWA / FRANCOIS CAZALET, TOYOTA GAZOO RACING, P1. pht. A.Vincent/ASO

Nicolas Cavigliasso, quant à lui, poursuit son ascension. Ancien quadeur, il a signé sa deuxième victoire de l’année et conserve la tête du classement des Challenger, avec une avance d’environ 20 minutes sur Gonçalo Guerreiro et Corbin Leaverton, les jeunes pilotes de Red Bull Off-Road Junior Team.

Enfin, « Chaleco Lopez » s’engage désormais dans une quête d’honneur, remportant aujourd’hui sa 15e victoire cumulée en SSV et Challenger, mais accusant un retard de 2 heures et 45 minutes sur Xavier de Soultrait, qui domine la compétition aux côtés de son coéquipier Brock Heger.

#601, ALES LOPRAIS / DAVID KRIPAL / DAREK RODEWALD, P1. pht. A.Vincent/ASO

En ce qui concerne les camions, la situation reste stable, avec une lutte à trois menée par Martin Macik, qui détient une avance de 3 minutes et 34 secondes sur Ales Loprais et 34 minutes sur Vaidotas Zala, le prometteur néophyte de la catégorie.

La perf’ du jour

L’enchaînement des noms et des dates de naissance des vainqueurs des trois premières étapes de la catégorie Ultimate du Dakar est tout simplement impressionnant. Seth Quintero, à seulement 22 ans, a ouvert le bal avec un record de précocité dès la première boucle de Bisha. Bien que Rokas Baciuska, âgé de 25 ans, aurait pu prétendre à cet exploit, le Lituanien est arrivé deux jours trop tard pour s’imposer lors de la 48h Chrono. Aujourd’hui, c’est Saood Variawa, à peine âgé de 19 ans, qui accède à une nouvelle dimension en s’installant peut-être durablement au sommet de ce classement encore méconnu. Le Sud-Africain, qui avait déjà réalisé une belle performance en se classant 5e lors de la 11e étape l’année dernière, a surgi après une journée difficile, marquée par une collision avec son coéquipier Giniel De Villiers lors de l’étape précédente. Dans le clan Toyota, on doit certainement considérer que cette maladresse a été brillamment réparée aujourd’hui, d’autant plus que les trois jeunes pilotes qui se sont illustrés depuis le début de la compétition l’ont tous fait au volant de leur Hilux.

Le Top 5 du jour est également surprenant : Guerlain Chicherit, un ancien vainqueur très jeune en 2006, a enregistré le 2e meilleur temps, suivi de Quintero (22 ans), De Mévius (30 ans) et Joao Ferreira (25 ans). Une véritable démonstration de la montée en puissance de la nouvelle génération.

Le coup dur du jour

Sébastien Loeb ne laisse jamais indifférent. Éblouissant par ses enchaînements de victoires, il sait également faire preuve de résilience lorsqu’il rencontre des difficultés. Son Dakar a une fois de plus débuté de manière tumultueuse : après une première journée de la 48h Chrono marquée par des pannes de ventilateurs qui lui ont coûté près de 45 minutes, il a su redresser la barre le lendemain avec une performance impressionnante sur le chemin du retour à Bisha.

Cependant, aujourd’hui, les conséquences d’une spéciale compliquée se sont avérées lourdes. Après un tonneau, qui semblait initialement sans gravité, Loeb a dû faire face à des séquelles pénalisantes. En effet, la biellette de direction a cédé 50 kilomètres plus loin, une pièce qui aurait pu être rapidement remplacée si la pièce de rechange n’avait pas été perdue lors de sa roulade dans le sable. L’acharnement des problèmes techniques n’a pas permis au pilote Dacia de retrouver son rythme habituel de reconquête. Au terme de cette troisième étape, il accuse un retard de 1 heure et 14 minutes sur Henk Lategan, un écart considérable pour beaucoup. Toutefois, pour Loeb, cela pourrait ne pas être insurmontable : quelques bonnes étapes d’affilée pourraient le remettre dans la course, à condition qu’il n’encaisse pas le même coup dur que son rival Carlos Sainz suite à l’inspection de son véhicule par les commissaires de la FIA.

pht. Red Bull

La stat’ du jour

6

Lorenzo Santolino a remporté aujourd’hui sa première victoire sur le Dakar, lors de sa septième participation. Surnommé « Santo », il offre à Sherco son sixième succès dans cette prestigieuse course, marquant ainsi le premier triomphe de la marque française en Arabie Saoudite, après plusieurs victoires enregistrées en Amérique du Sud par quatre pilotes différents.

En 2010, David Casteu avait ouvert le livre des records lors de la première étape à Cordoba, suivi par Joan Pedrero, qui a brillé en 2014 et 2017, et Alain Duclos en 2014, avec Mickael Metge ajoutant son nom à la liste en 2019 à Pisco. Ce mercredi, l’usine de Nîmes complète donc son palmarès cinq ans plus tard. David Casteu, qui a été manager de l’équipe officielle de Sherco jusqu’en 2022, et Mickael Metge, qui est actuellement le navigateur du Saoudien Yasir Seaidan en Challenger, peuvent féliciter leur héritier sur place. Casteu, pour sa part, participe à la course à moto pour célébrer son passage à la cinquantaine.

Actuellement en 10e position au classement général, Santolino nourrit l’ambition de s’infiltrer dans le Top 5. Ce serait un exploit remarquable pour Sherco, qui n’a jusqu’à présent atteint que la sixième place au Dakar. C’était déjà Lorenzo qui avait signé ce qui demeure son meilleur résultat personnel, ainsi que celui de la marque familiale française.

La réaction du jour

pht. C. Lopez/ASO

Sébastien Loeb : « Au départ de la spéciale, je pensais qu’on était sur la piste mais on était à côté, donc j’ai pris une saignée qui nous a envoyé en travers et la voiture est partie en tonneau, on a déjanté les deux roues mais on ne s’est arrêté que 5 minutes. Il n’y avait pas tant de dégâts, mais après une cinquantaine de kilomètres, on a cassé une biellette de direction, ce qui n’est pas grave non plus mais notre pièce de rechange se trouvait dans les éléments de carrosserie qui sont restés sur le lieu du tonneau. Cristina s’est arrêtée pour nous en donner une, mais ensuite comme le ventilateur avant ne marche pas, nous avons roulé au rythme des SSV pendant toute l’étape. Ce n’est pas ce qu’on préfère comme journée, là on perd une heure, on se dit que c’est la « m… ». C’est comme ça, il va falloir continuer. On va rouler et on verra bien, même si viser la victoire devient compliqué ».

Les classements ici

Sur un air de classic

Alors que Land Rover a récemment annoncé son engagement officiel pour le prochain Dakar avec trois véhicules dans la catégorie Stock, afin de défier les Land Cruiser du programme Toyota Auto Body, le « 110 » piloté par le duo Gublin-Sousa se positionne déjà en bonne place dans le classement du Dakar Classic. Après avoir terminé cinquième du général et remporté la victoire en H1 lors de leur première participation l’an dernier, l’équipage français se retrouve cette année face au Land Cruiser du champion en titre et au Nissan Terrano de son dauphin, tous deux ayant rétrogradé du H2 vers le H1. Une compétition intense pour le « Def », qui s’affirme avec brio.

Un deuxième Land Rover, un Series III, figure également dans le Top 10, piloté par l’équipage lituanien Ovoko Racing. Le Dakar Classic continue de rechercher un héritier au premier vainqueur de l’histoire du Dakar, Alain Génestier, qui avait triomphé en 1979 au volant de son Range Rover Classic. À ce jour, c’est la seule victoire de la marque anglaise dans cette compétition. Le Dakar Classic, ainsi que la catégorie Stock, pourraient bientôt servir de passerelle vers les origines du légendaire Paris-Dakar.

World Rally-Raid Championship

Le groupe Pierer, qui possède les marques KTM, Husqvarna et GasGas, a décidé de renforcer sa cohésion en réunissant ses pilotes sous la bannière orange depuis le Rallye du Maroc. Actuellement en tête du classement moto, Daniel Sanders évolue désormais aux côtés des frères Benavides et de l’espoir Edgar Canet au sein de l’équipe Red Bull KTM Factory Racing.

En 2022, Sam Sunderland a marqué l’histoire du W2RC en devenant le premier champion du monde de la série motos (FIM) réunifiée avec le calendrier autos (FIA) sous les couleurs de GasGas. L’année suivante, Luciano Benavides a également ramené la couronne à l’usine de Mattighofen, cette fois sous les couleurs d’Husqvarna. En 2024, Ross Branch a donné la victoire à Hero MotoSports.

Pour 2025, KTM ambitionne de reconquérir le titre suprême dans cette discipline, qui incarne l’ADN et le slogan « Ready to race » de la marque, fondée par Kinigadner sur le Dakar. Sur cette célèbre course, KTM a remporté 19 victoires, la dernière en date créditée à Kevin Benavides en 2023. Les espoirs de la marque reposent actuellement sur Daniel Sanders, qui mène le classement du Dakar depuis le début de l’épreuve. Un 20e succès serait une bouffée d’oxygène bienvenue pour KTM, qui pourrait ainsi prétendre au titre de champion du monde en 2025, le dernier en date ayant été remporté par l’Autrichien Matthias Walkner en 2021.