Christian Lavieille (Baïcmotor n°108) chez les autos et Airat Mardeev (Kamaz-Master n°300) en catégorie camions ont remporté la 12e étape du Silk Way Rally, tracée au cœur des grandes dunes du désert de Gobi. Malgré de soucis mécaniques et pas mal de temps perdu sur cette spéciale très exigeante, Cyril Despres (Peugeot 3008DKR n°100) et Dmitry Sotnikov (Kamaz-Master n°303) conservent leurs place de leaders au classement général. Mais à deux jours de l’arrivée à Xi’An et, à la veille d’une autre étape d’anthologie dans le désert de Gobi, tout reste encore possible…
Coup de pompe pour Despres
En virant en tête à CP2 (km 122) pour attaquer la boucle tracée dans les grandes dunes du désert de Gobi, suivi comme son ombre par Stéphane Peterhansel en assistance rapide, Cyril Despres était loin de se douter qu’il perdrait plus de 20 minutes sur cette spéciale. Mais des ennuis de pompe de direction assistée transformèrent la traversée de cet océan de sable, en véritable calvaire pour le leader de l’épreuve. Heureusement pour le Français, Bryce Menzies (Mini John Cooper Works n°105), son plus proche poursuivant au général, passé en tête à ce moment de la spéciale, perdit la boussole, s’écartant sensiblement de la trace idéale sans pouvoir profiter de l’aubaine. Pire même : l’Américain, contraint d’aller chercher un ‘waypoint’ obligatoire effectua un sacré détour et concéda encore plus que Despres. Tout profit, bien sûr, pour Christian Lavieille (Baïcmotor n°108) parti en retrait et auteur d’une spéciale parfaite. L’ancien double champion d’endurance en moto et récent vainqueur du Taklimakan Rally, signe sa première victoire d’étape pour 19 secondes devant le buggy Geeley SMG du Chinois Liu Kun et bondit de la 4e à la 3e place au général. Troisième de l’étape, l’autre Geeley SMG Buggy de Han Wei reprend, quant à lui, la 2e place du général à 43m22s de Despres.
Coup de mou pour Sotnikov
Pour l’armada du team Kamaz-Master l’objectif sur cette 12e étape était parfaitement clair : se défaire une bonne fois pour toutes du trouble-fête Kolomy et de son Tatra, nettement trop entreprenants et toujours installés sur la 3emarche du podium provisoire. Parti en tête ce matin après sa victoire d’hier, le pilote Tchèque ne put tenir tête très longtemps. Et pourtant, c’est une panne mécanique (problème hydraulique de direction assistée) qui arrêta net le Tatra Phoenix n°311 au cœur des grandes dunes. De quoi motiver Airat Mardeev (KamazMaster n°300) à enfoncer le clou. Le vainqueur du Silk Way Rally 2016 trouva même encore le temps de s’arrêter pour désensabler Sotnikov, son leader, en proie à des soucis de puissance moteur avec son nouveau ‘petit’ moteur Cummins 13,5 litres et planté de longues minutes sur une crête de dune. A l’arrivée Mardeev signe sa 2e victoire d’étape pour 2m15s devant Shibalov. Revenant respectivement à 3m04s et 17m54s de Sotnikov au général, ces deux-là peuvent encore rêver de victoire finale à Xi’An. Voilà qui promet une belle explication entre équipiers, demain dans les dunes du désert du Tenger, aussi beau que redoutable…
ROAD BOOK
Demain : Etape 13 ALASHAN YOUQI-ZONGHWEI «Les cathédrales de dunes» 690,31 km
Dernière étape composée de deux spéciales. Les concurrents partiront de bonne heure dans ce premier secteur chronométré (162,26 km), pour affronter de magnifiques paysages et surtout franchir des dunes cathédrales. Photographes, cameraman, c’est votre journée ! A vos caméras et appareils photos le spectacle promet d’être intense. La navigation sera très présente sur la 2ème spéciale (156,40 km), notamment lors des passages de dunes, plus petites que sur la 1ère, mais très techniques. C’est un pur bonheur de surfer dans le sens de ces dunes et surtout sur les crêtes ! Cela fera gagner du temps aux plus téméraires… Des pages de l’histoire du Silk Way Rally s’écriront sur ces spéciales d’anthologie.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Le Silk Way (ou Route de la Soie) était un réseau de routes commerciales destiné à relier l’Asie à l’Europe. Son nom provient de l’héritage des marchés de soie (et de chevaux) installés tout au long de cette route. Ses origines remontent à 250 avant notre ère. À travers les générations, elle est devenue une voie d’échanges internationaux très importante.
RÉACTIONS
AUTOS
Christian Lavieille (FRA/Baïcmotor n°108) : «Une belle étape, mais difficile et très longues. Cela me rappelle ces spéciales que nous faisions jadis en Afrique, en Mauritanie. Très dur sur 150 kilomètres. Physiquement c’était très exigeant pour mon copilote et moi. Je suis très heureux que cela passe enfin sans souci et que nous puissions offrir cette victoire d’étape à notre équipe.»
Liu Kun (CHN/Geeley SMG Buggy n°121) : «Nous avons eu une alarme de pression de pneus à 100 km de l’arrivée. Nous avions un problème de gonflage sur le pneu arrière droit… Mais nous sommes parvenus à rejoindre l’arrivée en levant le pied. Le travail d’équipe a encore porté ses fruits… »
Han Wei (CHN/Geeley SMG Buggy n°107) : «La spéciale était balayée par le vent et les traces sur le sol étaient parfois invisibles. Nous avons donc choisi de faire notre propre trace. La spéciale était vraiment très difficile, mais nous avons maintenu un bon rythme sans prendre de risques. J’ai passé Despres et Peterhansel qui étaient en train de travailler sr le buggy et je suis passé. Cela n’a pas influencé la suite de ma spéciale. »
Cyril Despres (FRA/Peugeot 3008DKR n°100) : «Ce n’est jamais fini, n’est-ce pas ? Nous avons eu une fuite hydraulique qui a affecté notre direction assistée et les vérins. Normalement nous n’aurions dû perdre qu’une minute, mais nous nous sommes arrêtés pour tenter de réparer avec l’aide de Stéphane et Jean-Paul. Finalement nous n’y sommes pas parvenus, ce n’est pas simple au milieu des dunes. Il nous restait 45 km de dunes à faire et je peux vous assurer que de manœuvrer une voiture de près de 1.500 kilos dans le sable sans direction assistée, c’est tout sauf facile. Je suis donc très content d’être à l’arrivée. Ce fut l’une des journées les plus difficiles de toute ma carrière…»
Bryce Menzies (USA/Mini John Cooper Works n°105) : «Nous étions plutôt bien partis. Nous avons repris les trois voitures qui roulaient devant nous et nous menions dans les dunes. C’est là que nous nous sommes éloignés de la trace sur une erreur de navigation. Nous avons dû aller rechercher un waypoint en nous avons perdu entre 20 minutes et une demi-heure. C’était difficile mais très beau, nous sommes surtout très heureux d’avoir pu finir.»
CAMIONS
Airat Mardeev (RUS/Kamaz-Master n°300) : «C’était une bonne journée de boulot aujourd’hui. Il y a avait beaucoup de sable. D’une dune à l’autre il n’y avait pas moyen d’accélérer, il y avait beaucoup de dunes cassées et c’était difficile de suivre les traces des autres. On s’est arrêté pour effectuer un reset de la boite automatique. Ensuite nous avons vu Dmitry Sotnikov, planté sur une crête de dune. On l’a sorti de ce mauvais pas. Ensuite nous avons vu Kolomy, à l’arrêt. En accélérant un peu nous avons cassé un radiateur dans une saignée. La température ne montait pas et nous avons pu poursuivre jusqu’à l’arrivée où nous avons pu colmater la fuite. »
Anton Shibalov (RUS/Kamaz-Master n°312) : «Nous avons repris Kolomy dans les premières portions de sable pour ouvrir ensuite dans le grandes dunes. Nous ne sommes jamais arrêtés, conservant un bon rythme de croisière en surveillant la navigation. Il y avait des dunes infranchissables en une seule tentative. Demain nous roulerons à notre rythme. Pour notre team il est important de ne pas laisser échapper la victoire. Ce sera important de ne pas commettre d’erreur stupide à deux jours seulement de l’arrivée finale.»
Gerard De Rooy (NLD/Iveco Powerstar n°302) : «C’était une magnifique spéciale, la plus belle dur rallye jusque-là. On a eu beaucoup de plaisir dans les dunes, mais sur la fin nous avons commencé à manquer de carburant et nous manquions de puissance. Nous avons eu une crevaison et nous avons perdu 8 minutes. Donc ce ne fut pas si mal… »
Video Silk Way Rally
pht.Silk Way Rally, Peugeot Sport